Le Fonds du livre du Canada (FLC), un département du ministère du Patrimoine canadien, diffusait récemment de nouvelles directives à l’intention des maisons d’édition canadiennes dont il subventionne les activités. Dorénavant, ces entreprises d’édition, d’un bout à l’autre du pays, doivent reconnaître par l’entremise d’une mention bilingue dans chaque livre qu’elles sont financées par le Gouvernement du Canada.
Aberrante réalité, cette obligation faite aux éditeurs de langue anglaise et de langue française du pays de les remercier dans les deux langues ? Bien sûr, mais qui aura eu comme conséquence bénéfique de faire consensus auprès des deux groupes linguistiques : c’est l’unanimité, tous trouvent qu’on exagère.
Par ailleurs, cette récente décision du FLC s’inscrit dans une logique de prises de décision unilatérale, sans aucune consultation, et ce, depuis quelques années. Les modifications récentes au programme de soutien aux éditeurs en sont un bel exemple. Elles illustrent le peu de soucis qu’ont les représentants du ministère canadien de consulter les bénéficiaires de leurs programmes. Conclusion : on incommode tout le monde, d’un océan à l’autre.
Inutile et vexante
L’écrivain, dramaturge et éditeur québécois Victor-Lévy Beaulieu déplorait dans une récente lettre ouverte que l’Association nationale des éditeurs (ANEL) ne trouvait cela que préoccupant («La langue française au Québec, un tabou», Le Devoir, 22 août 2015). Nous tenons à le rassurer : nous trouvons la situation plus que préoccupante. La mesure est inutile et vexante, et nous avons communiqué à de nombreuses reprises avec les fonctionnaires fédéraux pour leur faire savoir, sans oublier que nous avons sensibilisé les partis d’opposition à Ottawa.
Nous avons aussi traité de la question avec le ministère de la Culture et des Communications du Québec, dont la titulaire est également ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française. Le travail de représentation de l’ANEL sur cette question s’est fait et se poursuit. Il reste aux représentants politiques autant à Québec qu’à Ottawa à se faire entendre.
S’exprimer en campagne électorale
Permettons-nous de leur suggérer que l’actuelle campagne électorale pourrait être bien choisie pour s’exprimer sur la question. Enfin, corrigeons un fait : contrairement à ce que laisse supposer Victor-Lévy Beaulieu dans sa récente lettre, la coupe de 20 % du crédit d’impôt à l’édition annoncée en juin 2014 par le gouvernement du Québec a été retirée dans le dernier discours du budget en mars 2015. L’ANEL s’en était préoccupée, a fait plusieurs démarches et a obtenu gain de cause. On se permet d’ajouter que tous les éditeurs non membres comme membres de l’ANEL peuvent s’en réjouir.
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