L’Académie française tire la sonnette d'alarme pour éviter une possible généralisation de l'écriture «inclusive», destinée à mentionner systématiquement les formes masculine et féminine. Les Immortels y voient un «péril mortel» pour le français.
«Devant cette aberration "inclusive", la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures.» C'est ce qu'a affirmé le l'Académie française dans une «solennelle mise en garde» adoptée le 26 octobre à l'unanimité de ses membres.
L’écriture inclusive est un outil destiné à lutter contre les stéréotypes liés aux sexes et les inégalités entre les femmes et les hommes, selon ses promoteurs. Son caractère le plus visible est l'accord des noms et des adjectifs au féminin et au masculin lorsque c'est possible.
Mais, selon l'Académie française, cette forme d'écriture «aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l'illisibilité».
«On voit mal quel est l'objectif poursuivi et comment il pourrait surmonter les obstacles pratiques d'écriture, de lecture, visuelle ou à voix haute, et de prononciation», poursuivent les académiciens dans leur communiqué.
«Il est déjà difficile d’acquérir une langue, qu’en sera-t-il si l’usage y ajoute des formes secondes et altérées ? Comment les générations à venir pourront-elles grandir en intimité avec notre patrimoine écrit ?», s'interroge l'Académie.
Dans sa mise en garde, l'institution créée par Richelieu en 1635 estime enfin que les «promesses» de la francophonie «seront anéanties si la langue française s’empêche elle-même par ce redoublement de complexité, au bénéfice d’autres langues qui en tireront profit pour prévaloir sur la planète».
Selon l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), on compte quelque 275 millions de francophones dans le monde. D'ici 2050 ils devraient être près de 700 millions, majoritairement en Afrique.