OTTAWA - L'opposition a réclamé le départ immédiat du grand patron de l'armée, le général Tom Lawson, qui a laissé entendre que le harcèlement et les agressions sexuelles au sein de l'armée s'expliquaient par des comportements innés.
«Il s'agit d'une situation terrible», a d'abord indiqué le chef d'état-major des Forces, lors d'une entrevue avec l'animateur Peter Mansbridge diffusée mardi sur le réseau CBC.
«C'est parce que nous sommes biologiquement programmés d'une certaine façon. Certains vont croire que c'est une chose raisonnable d'imposer leurs désirs aux autres, mais ça ne devrait pas être ainsi. Ce n'est pas comment ça devrait être», a poursuivi M. Lawson.
Le chef d'état-major s'est excusé le jour même pour ses propos qui ont suscité une vive controverse.
«Je suis désolé d'avoir caractérisé maladroitement aujourd'hui, lors d'une entrevue accordée à la CBC, l'inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes. L'inconduite sexuelle sous toutes ses formes et dans toutes les situations est totalement inacceptable», a-t-il dit dans une déclaration écrite.
«Mon commentaire sur l'attirance biologique en tant que facteur d'inconduite sexuelle ne visait en aucun cas à dispenser de responsabilités les personnes ayant commis une inconduite», a-t-il poursuivi.
Le bureau du ministre de la Défense nationale, Jason Kenney, a pour sa part accepté les excuses de M. Lawson «pour ses commentaires inappropriés».
CHANGEMENT DE CULTURE
Les libéraux estiment pour leur part que le général n'est plus l'homme de la situation pour effectuer ce changement de culture requis sur l'inconduite sexuelle au sein des Forces, tel que décrit dans le rapport accablant de la juge Marie Deschamps.
La députée libérale Joyce Murray exige le départ immédiat de M. Lawson, qui doit quitter ses fonctions à l'automne.
«Il devrait partir maintenant, car nous avons besoin d'une haute direction au sein des Forces canadiennes prête à prendre au sérieux le harcèlement sexuel et les cas d'abus dans l'armée», a-t-elle déclaré mercredi matin.
«Il ne s'est pas seulement fourché la langue, il s'agissait d'une entrevue pour laquelle le chef d'état-major était bien préparé. [...] Ça aide à comprendre pourquoi le rapport Deschamps n'a jamais été pris au sérieux», a-t-elle ajouté.
ABSOLUTION
Les propos du général Lawson ont choqué la députée du NPD, Françoise Boivin, qui y voit pratiquement une «absolution biologique» de la part du grand patron de l'armée quant aux cas d'inconduite sexuelle de ses membres.
«Ça ne se peut pas qu'en 2015 qu'une personne de ce niveau-là puisse penser ou même oser faire ce type de commentaire là, a-t-elle réagi. Tu ne peux pas être le commandant en chef, puis donner pratiquement une absolution biologique à tes gens en disant qu'ils sont un peu élevés comme ça et que c'est dans leur ADN», a-t-elle poursuivi.
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