Halloween 2019: surenchère morbide

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Contre cette mascarade consumériste et américaine, il faut réhabiliter la Toussaint !


 

 



Les supermarchés ont habitué les Français à fêter Halloween. Déprimant.




Avec le retour, chaque 31 octobre, de cette fête totalement païenne qui, n’en déplaise à ses défenseurs, n’a aucun rapport avec la célébration chrétienne de tous les saints, l’Hexagone tout entier adhère aux aspects les plus grotesques et les plus racoleurs de la culture des films d’horreur américains!



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Réexportée des Etats-Unis (où les émigrants irlandais et écossais ont imposé cette coutume aux 18ème et 19ème siècles) vers l’Europe il y a une vingtaine d’années, dans un objectif purement commercial, la célébration d’Halloween – l’ancienne fête celtique de Samain, où la divinité Dagda s’unit à la déesse Morigu, reine des enfers – était, à ses débuts, plutôt bon enfant. Revêtus de déguisements de sorcières et autres fantômes, les enfants allaient de maison en maison pour réclamer des sucreries contre la menace fictive d’un sort.


Porte-monnaie ou sucreries?


Mais un véritable business s’est peu à peu édifié autour de manifestations de plus en plus macabres, qui rapportent annuellement près de 9 milliards de dollars aux Etats-Unis en déguisements, décorations et bonbons et quelques centaines de millions d’euros en France. Au fil des années, les promoteurs d’Halloween se sont inexorablement retrouvés à cours d’arguments commerciaux pour augmenter leur chiffre d’affaire… Ils se sont progressivement voués à un racolage malsain qui se matérialise actuellement par une débauche de décors horrifiques et une promotion outrancière de la culture du cinéma gore, sans aucun égard pour l’équilibre psychologique des enfants. Cette surenchère, si elle se poursuit, est en passe d’indisposer le public français plus que de le distraire.



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Les magazines culinaires qui proposaient des recettes spécifiques mettant à l’honneur Jack O’Lantern (l’esprit mauvais censé habiter dans la fameuse citrouille évidée), rivalisent d’inventions douteuses pour attirer le lecteur. En témoigne par exemple une recette de « gâteau cimetière » proposée par Carrefour dans son magazine culinaire d’octobre 2019


 

Des biscuits langues de chat figurent les stèles mortuaires, tandis qu’une génoise aromatisée au chocolat et parsemée de mini-squelettes en sucre est utilisée pour représenter le sol du champ funéraire. Dans la même veine, la célèbre cuisinière blogueuse tatouée Roxane propose aux petits enfants la confection de « gâteaux sanglants » et de globes oculaires comestibles (!), sur sa chaîne Youtube qui attire 2,6 millions de fans.





Quant aux magasins Monoprix, les stands-pâtisserie célèbrent l’événement en exposant cette année des poupons incarcérés dans des cages (!) et des poupées de style Barbie victimes de possessions démoniaques. Un comble pour un pays où dans chacun des diocèses, l’Eglise catholique maintient encore un prêtre exorciste et où la fête de la Toussaint célèbre, entre le soir du 31 octobre et la fin du 1 novembre, depuis des temps immémoriaux, tous les saints, connus ou inconnus, avant de se recueillir dans le souvenir des défunts (2 novembre). Le stand pâtisserie d'un Monoprix à l'occasion d'Halloween

Le stand pâtisserie d’un Monoprix à l’occasion d’Halloween (2019)

Face au déballage affligeant auquel tente de nous soumettre une nouvelle fois le diktat de la célébration d’Halloween, les sages paroles du philosophe Damien Le Guay, auteur du livre La Face cachée d’Halloween, nous rappellent fort à propos à la raison : « La mort est chose trop sérieuse pour être confiée à des publicitaires qui promeuvent des fêtes permanentes sans raison autre qu’elles-mêmes ».