UKRAINE

Guerre des clans à la tête de l’État

Le puissant chef des services secrets est limogé par le Parlement

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Prélude à la chute du régime : les rats commencent à se bouffer entre eux

Le Parlement ukrainien a limogé jeudi le chef des services secrets (SBU), Valentin Nalivaïtchenko, en conflit ouvert avec le pouvoir, une décision témoignant des luttes d’influence en Ukraine alors que se poursuit le conflit armé dans l’est du pays avec les séparatistes prorusses.

« La Rada [le Parlement] a approuvé ma demande de révocation du chef du SBU, Valentin Nalivaïtchenko », a écrit sur son compte Twitter le président, Petro Porochenko, juste après le vote, retransmis en direct à la télévision ukrainienne. 248 députés sur les 450 sièges que compte l’Assemblée ont voté pour le limogeage de M. Nalivaïtchenko.

Il avait été nommé à la tête de ces puissants services en février 2014, après le renversement du régime prorusse de l’ex-président Viktor Ianoukovitch par le mouvement de contestation prodémocratique et pro-occidental du Maïdan. M. Nalivaïtchenko se serait mis à dos d’influents membres du pouvoir, après avoir recueilli et accumulé de nombreuses données sur des affaires de corruption, selon la presse locale qui affirme que le président Porochenko a alors tenté de le démettre de ses fonctions.

Des attaques

Par la suite, chaque camp a lancé ses attaques. Le patron des services secrets a accusé un ancien haut responsable du Parquet général d’avoir couvert des activités de raffinage illégal, voire d’y avoir participé. En retour, Valentin Nalivaïtchenko a été lui-même visé par des accusations de corruption, notamment en raison de ses liens présumés avec des oligarques controversés. Il s’agit notamment de Dmytro Firtach, actuellement assigné à résidence en Autriche dans le cadre d’une affaire de corruption présumée.

L’affaire entourant M. Nalivaïtchenko est désormais utilisée par des oligarques, au premier rang desquels le sulfureux milliardaire Igor Kolomoïski, qui lui a offert une tribune sur sa chaîne 1+1 pour ébranler le pouvoir du président, selon ces sources.

M. Porochenko a en effet entrepris de réduire l’influence des oligarques sur la politique et la gestion des affaires courantes. Lui-même est milliardaire et il n’a toujours pas vendu ses actifs en dépit de ses promesses électorales.

Il a ainsi limogé en mars M. Kolomoïski de son poste de gouverneur de la région de Dnipropetrovsk et fin mai, il a remplacé le milliardaire Igor Palitsa, un proche de M. Kolomoïski, au poste de gouverneur de la région stratégique d’Odessa par l’ex-président géorgien pro-occidental Mikheïl Saakachvili, un allié étranger au milieu des affaires ukrainien qui a acquis la nationalité ukrainienne.

Unis contre la présidence

« Je crains qu’une coalition d’oligarques ne soit à l’horizon. La solidarité entre les oligarques qui ont été chassés du pouvoir peut être plus forte que la haine qu’ils éprouvent les uns à l’égard des autres », a écrit mardi sur sa page Facebook l’ancien journaliste et député du bloc présidentiel ukrainien Moustafa Naïem. « En tentant de chasser les oligarques du pouvoir, Porochenko les a surtout unis contre lui », a renchéri l’analyste Mykola Davidiouk.

Ces luttes de pouvoir interviennent alors que le conflit dans l’est séparatiste prorusse de l’Ukraine, qui a déjà fait plus de 6400 morts, surtout des civils, depuis son déclenchement en avril 2014, a encore ôté la vie à trois soldats ukrainiens au cours des 24 dernières heures, selon le porte-parole militaire Andriï Lyssenko

« Le Donbass demeure tendu et imprévisible. Le niveau des combats à l’aéroport de Donetsk et dans ses environs reste élevé. Les deux parties continuent d’échanger des tirs surtout d’artillerie et de mortier », a souligné Michael Bociurkiw, un porte-parole de l’Organisation pour la sécurité et de la coopération en Europe lors d’une conférence de presse.


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