Grand remplacement en Europe : en Grèce, crise migratoire et économique

Bda735e7226249c11bc9717eb960a32a

L'exode des jeunes et la situation géographique du pays accélèrent le Grand Remplacement

Polémia continue son tour d’Europe du Grand Remplacement. Après avoir étudié l’emblématique cas de la Suède puis l’inquiétante submersion démographique de la Belgiquel’espoir d’une réaction politique au Danemarkle désastre multiculturel britanniquele suicide de l’Allemagneles tentatives de résistances de l’Autrichel’espoir naissant en Italiela spirale infernale en Espagnel’islamisation galopante des Pays-Basle bon élève portugais et la lente chute de la Suisse… c’est au tour de la Grèce d’être étudiée par Paul Tormenen. Dans ce pays, ravagé par une grave crise économique et faisant office de porte d’entrée en Europe pour des millions de migrants, l’impact de la crise migratoire est évidemment énorme.

Polémia




Après avoir été longtemps un pays d’émigration, la Grèce est devenue, depuis les années 1990, un pays d’immigration et de transit. La chute des régimes communistes à partir de 1989 a rendu possible des arrivées massives de ressortissants de pays de l’est de l’Europe. Ces dernières années, l’immigration ne s’est pas tarie, bien au contraire, avec des migrants qui viennent maintenant principalement du moyen Orient.


Si l’on y ajoute l’exode massif de jeunes grecs et une natalité très faible, c’est bien une transformation de la population qui est à l’œuvre en Grèce. Le pays est redevenu au début de l’année 2019 la principale porte d’entrée de l’immigration clandestine en Europe. Ce qui se joue en Grèce a un impact non seulement dans le pays mais aussi dans tout le continent européen.


Les arrivées d’étrangers


La Grèce, une porte d’entrée de l’immigration illégale en Europe


Depuis le milieu des années 2010, la Grèce est exposée à des flux considérables de clandestins. Alors que les arrivées par la mer ont connu un pic en 2015 (856 000), les arrivées par la terre sont en augmentation depuis 2016. En 2018, près de 50 000 clandestins sont arrivés dans le pays (1). Des migrants qui sont par ordre d’importance afghans, syriens, congolais et irakiens. La Grèce est redevenue cette année le premier pays pour les arrivées illégales en Europe, derrière l’Espagne (2).


Globalement, on estime à 3 millions le nombre de migrants qui a transité par la Grèce depuis l’année 2000 (3).En comparaison, les arrivées légales d’étrangers sont beaucoup moins importantes (4). Le nombre de premiers titres de séjour délivrés était de 35 000 en 2018 (5).


Un pays de transit pour les clandestins


Des recensements du nombre des ressortissants étrangers en situation irrégulière présents dans le pays sont réalisés chaque année. 42 000 ont été dénombrés en 2013, 911 000 en 2015, puis 93 000 en 2018. Ces fluctuations s’expliquent par le fait que peu de clandestins arrivés par la mer ou la terre restent en Grèce : ils vont dans les pays plus au nord de l’Europe (Allemagne, France, etc.).


Au regard des flux d’arrivées, les refus d’entrées à la frontière sont assez dérisoires : 6 800 en 2015, 14 000 en 2018 (6).


Le nombre d’immigrés clandestins (« undocumented migrants » selon les ONG) présents de façon permanente dans le pays devrait atteindre selon le ministre de l’intérieur grec 90 000 à la fin de l’année 2019, alors qu’il était de 70 000 fin 2018 (7).


Des demandes d’asile très importantes


La Grèce connait depuis plusieurs années un nombre très important de demandes d’asile. Les demandeurs viennent surtout de pays musulmans : les Syriens, les Afghans, les Irakiens et les Pakistanais en fournissent les plus gros contingents.


Les demandes d’asile ne font qu’augmenter depuis 2013. Alors que 8 200 demandes étaient déposées cette année-là, elles étaient 66 900 en 2018 (8). Si les demandes d’asile traitées (acceptées ou rejetées) n’ont pas augmenté en proportion, c’est tout simplement en raison de l’asphyxie de l’administration grecque face au volume de dossiers à traiter.


La Grèce est le pays qui reçoit en proportion de sa population le plus de demandes d’asiles en Europe. En chiffres absolus, elle est derrière l’Allemagne et la France (9).


La population étrangère


La population étrangère a surtout augmenté en Grèce à partir des années 1990. La chute des régimes communistes a entrainé d’importants mouvements de population, avec l’arrivée d’Albanais, de Bulgares et de Roumains. Les Européens de l’est représentaient ainsi en 1991 près de 80 % des 200 000 étrangers présents dans le pays (10).


Alors que la population étrangère s’élevait en 1960 à 52 000 personnes, elle est passée à 573 000 à ce jour (11). Le pays compte une population immigrée (personnes nées à l’extérieur du pays) de 1,2 millions de personnes, ce qui est très important au regard de la population totale du pays (10,7 millions d’habitants) (12). Il faut néanmoins tenir compte dans ces chiffres d’un important mouvement de retour au pays de citoyens d’origine grecque de Turquie, d’Egypte et d’Europe de l’est à partir des années 1950 (13).


Les principales nationalités représentées parmi les étrangers sont les Albanais (379 000 personnes), et loin derrière, les Géorgiens et les Pakistanais.


Les clandestins récemment arrivés, essentiellement des Afghans et des Syriens, sont particulièrement nombreux dans les iles de la mer Egée. Sur l’ile de Lesbos, ils représentent près d’un tiers des 86 000 habitants (14).


Le Pew Research Center évaluait en 2016 la population musulmane à 5,7 % de la population du pays (15).Comme pour les autres pays européens, cette évaluation ne tient que partiellement compte des arrivées massives d’étrangers issus du Moyen-Orient et d’Afrique depuis le milieu des années 2010. A cela, deux raisons principales : le temps de traitement des demandes de titres de séjour et d’asile, ainsi que le nombre de clandestins, qui n’entre pas dans l’évaluation.


La charia en Grèce


Héritage des conflits entre la Grèce et la Turquie, la charia est appliquée dans une région grecque, la Thrace occidentale, à son importante communauté musulmane depuis le début du 20e siècle. S’il s’agit d’une loi islamique « light », elle permet néanmoins le mariage des mineures et prévoit des héritages divisés par deux pour les femmes, la garde des enfants attribuée automatiquement au père en cas de divorce, etc. (16). Une loi adoptée en janvier 2018 rend désormais facultative l’application de la charia pour les musulmans de cette région du nord-est de la Grèce (17).


La population grecque en décroissance


Comme dans d’autres pays du sud de l’Europe, la population grecque de souche est en décroissance. A cela, deux raisons : l’exode d’une partie de la jeunesse et la baisse de la natalité.


La Grèce a connu depuis les années 2000 une grave crise économique. Le niveau de vie des ménages a baissé de 37,5 % entre 2008 et 2016 (18). Le chômage a poussé près de 427 000 grecs à chercher du travail à l’étranger sur la même période selon la Banque de Grèce (19).


Le nombre des naissances est très faible en Grèce. L’indice de fécondité de 1,3 enfant par femme n’assure pas la stabilité de sa population (20). Pour ces deux raisons, la population du pays a baissé, passant de 11,1 millions en 2011 à 10,8 millions en 2016 (21). C’est dans ce contexte que sont arrivés des flux massifs de migrants issus du Proche-Orient.


L’immigration, source de problèmes


 Alors que le pays est confronté à un chômage de masse et à un exode d’une partie de la jeunesse, l’arrivée massive de migrants n’a fait qu’accentuer certains problèmes sociaux. De multiples faits illustrent le fléau que représente l’immigration clandestine :



  • Un budget considérable est dédié à l’immigration. Pour la seule période 2015-2017, les fonds européens et privés dédiés aux migrants ont été estimés à 730 millions d’euros (22). Dans un pays ravagé par la crise économique et la pauvreté.

  • On ne compte plus les incidents plus ou moins violents impliquant des migrants (23). Ce sont par exemple les échauffourées à la frontière gréco-macédonienne entre forces de l’ordre et migrants, ceux-ci souhaitant gagner l’Europe de l’ouest via la macédoine. C’est en gare d’Athènes le trafic ferroviaire qui a été en avril perturbé par des « demandeurs d’asile » (24).

  • Ce sont des kurdes qui ont été violemment agressés par des musulmans en mai 2018 sur l’ile de Lesbos parce qu’ils ne faisaient pas le ramadan (25). De mauvais traitements dont sont victimes des Kurdes et des Yézidis ainsi que des athées sur l’ile de Lesbos ont également été évoqués dans le documentaire réalisé en 2018 par la documentariste Lauren Southern (26). Des faits de nature à relativiser la figure du migrant présenté comme le nouveau damné de la terre qu’il faudrait accueillir sans condition. C’est par la route des Balkans que des terroristes islamistes sont arrivés avant de participer aux attentats à Paris en 2015 et Bruxelles en 2016 (27).

  • Sur les îles de la mer Egée, un récent rapport du Conseil de l’Europe évoque des émeutes fréquentes dans les centres d’accueil et d’identification (RICS) et des tensions entre demandeurs d’asile et police (28).

  • Les occupations illégales de logements se multiplient, comme à Athènes avec l’aide d’associations pro-migrants (29).

  • Les étrangers sont sur-représentés dans les chiffres de la délinquance : ils représentaient en 2016 36 % des personnes arrêtées pour homicides, 47 % de celles arrêtés pour viol et 32 % de celles arrêtées pour vol (30).


Des organisations non gouvernementales aux pratiques douteuses


Alors que l’immigration illégale s’accroît, certaines organisations non gouvernementales sont pointées du doigt pour des pratiques douteuses.



  • Une ONG (ERCI) a été accusée de complicité avec des passeurs et d’avoir aidé des migrants à entrer illégalement en Grèce en échange d’argent (31). Plusieurs de ses membres ont été arrêtés en août 2018.

  • La Directrice d’une autre ONG d’aide aux migrants a reconnu en 2018 en micro caché conseiller à des clandestins de mentir aux agents chargés d’instruire les demandes d’asile (32).


Le nouveau gouvernement conservateur : vers plus de fermeté ?


Face à une situation plus que problématique, les Grecs ont porté au pouvoir en juillet 2019 un gouvernement conservateur. Ses premières annonces sont marquées par la fermeté. Le nouveau gouvernement entend :



  • augmenter les rapatriements de migrants en Turquie (33),

  • prendre à bras le corps le problème des no go zones, où sont présents notamment des clandestins comme dans le quartier d’Exarchia à Athènes (34),

  • renforcer les contrôles aux frontières (35).


Parmi les premières mesures prises, le gouvernement a purement et simplement abrogé un décret permettant aux clandestins d’obtenir rapidement un numéro de sécurité sociale, en dépit des critiques des associations pro-migrants. Fin août, la Police a fermé des squats à Athènes et arrêté une centaine de migrants (36).


La menace turque


Un accord a été conclu en mars 2016 entre l’Union européenne et la Turquie, afin d’endiguer les arrivées de clandestins en Grèce. L’accord prévoit le maintien en Turquie de millions de migrants et le renvoi de ceux arrivés en Grèce vers la Turquie (37).

Bien que la quasi-totalité de la somme promise à la Turquie dans le cadre de cet accord ai été réglée, le Président turc a menacé récemment d’« inonder l’Europe » de migrants s’il n’obtenait pas des fonds supplémentaires (38).


L’augmentation des arrivées de clandestins en Grèce a été évoquée récemment par le ministre des affaires étrangères grec, qui a exprimé son mécontentement à son homologue turc (39). Un nouvel épisode diplomatique qui met en avant l’absence de fermeté assumée de nombreux pays européens en matière migratoire, une fermeté qu’ils entendent déléguer – au prix fort – dans le sud de l’Europe à la Turquie.


Conclusion


Si la situation économique a contribué à ne faire de la Grèce qu’une terre de transit pour des centaines de milliers de clandestins, le pays est néanmoins confronté à une importante transformation de sa population. Des flux massifs d’étrangers arrivent depuis plusieurs années dans un pays qui a paradoxalement subi l’exode d’une partie de sa jeunesse.


L’endiguement en Turquie et les refoulements des clandestins arrivant principalement dans les iles de la mer Egée ont permis de réduire considérablement les arrivées en dissuadant les migrants d’y venir (40). Ceci bien que ces refoulements soient souvent entravés par la réglementation imposée par l’Union européenne (41).


Le Président Macron œuvre actuellement avec la chancelière Merkel à un nouvel accord de répartition automatique des migrants, qui concernerait notamment ceux arrivant en Grèce. S’il devait se concrétiser, il y a fort à craindre qu’il réactive un appel d’air aux effets incalculables.


Paul Tormenen

08/10/2019


(1) « Sea and land arrivals monthly». UNHCR. Septembre 2019.


(2) « Des migrants bloquent la principale gare d’Athènes». 24 heures. 5 avril 2019.


(3) « La Grèce face au défi de l’immigration ». Le courrier des Balkans.


(4) « Note par pays, Grèce ». OCDE. 2013.


(5) « Permis délivrés pour la première fois ». Eurostat. 10 septembre 2019.


(6) « L’immigration en Grèce ». Info Grèce.com.


(7) « Number of migrants en Greece expected to top 90 000 by year end, minister says ». Ekathimerini.com. 28 février 2019.


(8) Ibid 6.


(9) Ibid 7.


(10) « Le problème grec de l’immigration ». Découvrir la Grèce. 17 janvier 2015.


(11) Ibid 6.


(12) « Greece immigration statistics 1960-2019 ». Macrotrends.net.


(13) « Le contrôle de l’immigration en Grèce dans les années 1990 ». Cultures et conflits. 15 octobre 1997.


(14) « Greek islanders protest UE, one third of population now migrants ». Breitbart. 5 mai 2019.


(15) « Muslim population ». Pew research centre. 2017.


(16) « Un Etat européen applique la charia : la Grèce ». France info. 20 octobre 2016.


(17) « La charia devient facultative pour la minorité musulmane en Grèce ». RFI. 15 janvier 2018.


(18) « Banque de Grèce : la richesse des ménages grecs a diminué de 37,5% au cours de la période 2008-2016 ». Documento. 25 avril 2017.


(19) « L’exode des diplômés se poursuit en Grèce ». France Inter. 28 novembre 2017.


(20) « Grèce, fiche pays ». Populationdata.net. 2019.


(21) « Les jeunes grecs s’exilent en masse ». Alternatives économiques. 16 octobre 2017.


(22) « Where did the money go ? ». The Guardian. 9 avril 2017.


(23) « Refugees or an occupation army ? ». Gatestone institute. 11 octobre 2017.


(24) « Des migrants bloquent la gare principale d’Athènes ». 24 heures. 5 avril 2019.


(25) «Ten syrian kurds in critical conditions after attack at a refugees camp ». 26 mai 2018.


(26) Documentaire «Borderless ». 2018.


(27) «Ces terroristes arrivés en France via le flux de migrants syriens ».Atlantico. 9 octobre 2016.


(28) «Report of the commissionner for human rights of the council of Europe ». 6 novembre 2018.


(29) «La force du mouvement antifa profite aux réfugiés ». Libération. 22 mai 2019.


(30) «Immigration to Greece ». RIEAS. 6 août 2017.


(31) «Greek NGO founder arrested in migration probe ». France 24.19 septembre 2019.i


(32) Ibid 26 Extrait : «Des ONG apprennent aux migrants à mentir ».


(33) «New greek governement moves to clamp down on migration ». Breitbart.30 août 2019.


(34) « Greece’s new government : undoing the damage of years of socialist rules». Gatestone institute. 24 juillet 2019.


(35) «Grèce : le nouveau gouvernement veut renforcer les contrôles aux frontières ». Le Figaro. 15 juillet 2019.


(36) «Eviction de migrants dans le quartier anarchiste d’Athènes ». France 24. 29 août 2019.


(37) « Près de 150 000 demandeurs d’asile demeurent bloqués dans les iles grecques ». La Croix. 14 février 2017.


(38) «Turquie : Erdogan menace d’inonder l’Europe de migrants ». Valeurs actuelles. 9 septembre 2019.


(39) «Grèce : migrants débarquent à Lesbos en une heure ». RT France. 31 août 2019.


(40) «En Grèce, une crise migratoire chronique ». GISTI. 11 décembre 2016.


(41) «Grèce : seulement 16% des demandeurs d’asile susceptibles d’être renvoyés ». Le Point. 11 février 2018.


Source : Correspondance Polémia