Gérard Latulippe prône une réforme à Droits et démocratie

Droits et Démocratie - KAIROS - Développement et Paix


Malorie Beauchemin La Presse (Ottawa) Moins d'un an après son arrivée au sein de l'organisme en crise Droits et démocratie, le nouveau président nommé par le gouvernement conservateur, Gérard Latulippe, estime avoir remis de l'ordre dans la maison et souhaite maintenant réformer son mandat et son financement.
«On peut et on doit faire davantage pour développer et mettre en oeuvre des projets plus importants et diversifier nos sources de financement pour augmenter substantiellement notre impact», souligne M. Latulippe, dans une allocution qu'il doit prononcer mercredi après-midi en comité parlementaire, à Ottawa, et dont La Presse a obtenu copie.
M. Latulippe voudrait que Droits et démocratie se concentre sur des projets de plus grande envergure, dans moins de pays, plutôt que d'octroyer de petites subventions, provenant de fonds discrétionnaires, une façon de faire qui, selon lui, «prête le flanc à l'arbitraire».
En décembre dernier, la comparution en comité de M. Latulippe, et du controversé président du conseil d'administration, Aurel Braun, avait été annulée au moment de l'ajournement des travaux parlementaires.
Dans son allocution aux membres du comité des affaires étrangères, mercredi, M. Latulippe justifie par ailleurs la tenue de deux enquêtes internes, qui devaient aider à faire la lumière sur les problèmes au sein de l'organisme.
Le rapport de la firme de détectives Sirco, chargée d'enquêter sur les agissements de trois directeurs congédiés, était «nécessaire», dit-il. «Nos avocats sont d'avis que le licenciement de ces trois directeurs était justifié», soutient M. Latulippe dans son allocution. Le rapport Sirco n'a toujours pas été rendu public, mais les membres du comité en auraient reçu une copie.
Quant à la vérification interne de Deloitte et Touche, commandée pour évaluer les problèmes de gouvernance, le rapport témoigne d'un manque de transparence dans l'organisme, selon le président.
Rendu public par le quotidien Globe and Mail, le jour même où la comparution des dirigeants de Droits et démocratie a été annulée, en décembre, le rapport de Deloitte conclut surtout que les conflits ont commencé à Droits et démocratie après la nomination, par le gouvernement conservateur, de nouvelles personnes à la tête de l'organisme.
«L'orientation stratégique de Droits et Démocratie semble avoir changé au cours des années 2005 à 2010, plus particulièrement avec l'arrivée de nouveaux membres au sein du conseil d'administration», stipule le document.
«Ces changements semblent avoir été la source de plusieurs conflits, ajoute le rapport de vérification. Nous avons également noté que plusieurs membres du conseil d'administration étaient en désaccord avec certaines activités, projets ou partenariats de Droits et Démocratie.»
La nomination du président du conseil d'administration, Aurel Braun, en mars 2009, a notamment été vivement contestée par une vaste majorité des employés de l'organisme, qui ont réclamé publiquement sa démission, l'an dernier, de même que celle de deux autres administrateurs, dont le mandat vient d'être renouvelé par le gouvernement.
La crise à Droits et démocratie a été révélée au grand jour lorsque le président de l'organisme, Rémy Beauregard, est mort subitement d'une crise cardiaque, après une réunion orageuse du conseil d'administration, à Toronto, en janvier 2010.
La nomination de son successeur, M. Latulippe, a été confirmée en mars 2010, par le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, malgré l'opposition vive de tous les partis de l'opposition, qui doivent être consultés, tel que le prévoit la loi constitutive de Droits et démocratie.
L'opposition à Ottawa y voyait une nouvelle nomination partisane et une tentative additionnelle de changer l'orientation idéologique d'un organisme normalement indépendant du gouvernement.
M. Latulippe a été ministre libéral sous Robert Bourassa, au Québec, dans les années 80, et candidat défait, en 2000, de l'Alliance canadienne, l'ancien parti de Stephen Harper. L'organisme Droits et démocratie a été créé en 1998, par une loi du Parlement. Son budget annuel est de 11 millions de dollars.


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