Le groupe de hacker CyberBerkut a mis en ligne des lettres présumées écrites par Soros qui ne le montrent pas seulement comme le marionnettiste en chef du régime pro-américain de Kiev. Elles montrent aussi les machinations en accord avec le gouvernement américain et des responsables de l’Union européenne dans une combine qui, si elle réussit, pourra lui faire gagner des milliards grâce au pillage du patrimoine ukrainien. Tout cela, bien sûr, aux dépens des citoyens ukrainiens et des contribuables de l’UE.
Ce que révèlent ces trois documents piratés est le degré de manipulation, dans les moindres détails, du régime de Kiev par le milliardaire new-yorkais.
Dans le plus long de ces mémos, daté du 15 mars 2015, et classé confidentiel, Soros aligne toute une liste détaillée d’actions à entreprendre par le régime de Kiev. Intitulé Une stratégie globale à moyen et long terme pour la nouvelle Ukraine, le mémo appelle à «restaurer les capacités de combat de l’Ukraine sans violer les accords de Minsk». Pour y arriver, Soros note allégrement que «Le général Wesley Clark, le général polonais Skrzypczak et quelques spécialistes de l’Atlantic Council [ONG financée par Soros, NdT] vont conseiller le président Porochenko sur la manière de restaurer les capacités de combat de l’Ukraine sans violer les accords de Minsk.»
Soros propose aussi de fournir des armes létales à l’Ukraine et d’entraîner en secret l’armée ukrainienne en Roumanie pour éviter une présence directe de l’Otan en Ukraine. L’Atlantic Council est un groupe de réflexion reconnu à Washington pour être pro-Otan.
On remarquera aussi que Wesley Clark est un associé de Soros dans la société BNK Petroleum, qui exerce en Pologne.
Quelques-uns se souviennent peut être que Clark était l’émotionnel général de l’Otan en charge du bombardement de la Serbie en 1999 et qui ordonna aux soldats de l’Otan de tirer sur les soldats russes gardant l’aéroport international de Pristina. Les Russes faisaient partie d’une équipe de gardiens de la paix Otan-Russie qui avait pour mission de faire la police au Kosovo. Le commandant des forces britanniques, le général Mike Jackson, refusa d’obtempérer en rétorquant: «Je ne débuterais pas une troisième guerre mondiale pour vous.» Il semble que maintenant Clark ait décidé de profiter de sa retraite pour pouvoir s’en prendre directement a la Russie.
Du pur vol de patrimoine.
Plus loin dans ce mémo de mars 2015, Soros écrit encore que «la première priorité du gouvernement ukrainien doit être de reprendre le contrôle des marchés financiers», priorité pour laquelle il assure le président ukrainien de son aide :«Je suis prêt à appeler le ministre des Finances Jack Lew pour lui dire tout le bien que je pense d’un accord d’échange de devises.»
Il poussera aussi l’UE à donner une somme annuelle de €11 Mds grâce à une facilité d’emprunt auprès de la BCE. Soros propose entre autres d’utiliser la note AAA de l’Union européenne pour fournir une assurance sur les risques d’investissements en Ukraine.
Quel risque assurerait l’UE ?
Soros précise : «Je suis prêt à investir jusqu’à €1 milliard dans l’économie ukrainienne. Cela devrait attirer l’intérêt du monde des investisseurs. Comme dit plus haut, l’Ukraine doit devenir une destination intéressante pour les investisseurs.» Pour qu’aucun doute ne subsiste, il enchaine : «Les investissement serviront pour faire des profits, mais ils seront reversés à mes fondations. Cela devrait faire taire les spéculations sur le fait que je pousse à certaines politiques juste pour mon enrichissement personnel.»
Tout ceux qui sont au courant de l’histoire des fondations Open Society de Soros en Europe de l’Est et dans le monde entier depuis la fin des années 1980 savent que ces prétendus projets philanthropiques de construction de la démocratie mis en place en Pologne, en Russie ou en Ukraine dans les années 1990 ont permis au businessman de carrément piller ces anciens pays communistes en utilisant la fameuse thérapie de choc du messie de l’université de Harvard et associé de Soros, Jeffrey Sachs, pour convaincre les gouvernements post-soviétiques de privatiser et créer un marché libre d’un seul coup, au lieu de le faire progressivement.
L’exemple de Soros au Libéria est intéressant pour comprendre le double jeu qui se passe entre Soros, l’homme d’affaire rusé et Soros le philanthrope. Dans ce pays Soros a soutenu une ancienne employée de l’Open Society, Ellen Johnson Sirleaf, lui procurant une renommée internationale en arrangeant même pour elle, en 2001, un prix Nobel de la paix, et parvenant à ce qu’elle soit élue présidente du Libéria. Avant cela, elle fut bien endoctrinée par le jeu occidental du marché libre en étudiant l’économie à Harvard, en travaillant pour la Banque mondiale à Washington et à la Citibank de Rockfeller à Nairobi. Avant de devenir présidente du Libéria, elle travailla directement pour Soros comme présidente de l’Open Society pour l’Afrique de l’Ouest.
Une fois en poste, la présidente Sirleaf ouvrit grandes les portes pour Soros qui s’empara des actifs libériens en or et en métaux précieux, avec son partenaire Nathaniel Rothschild. Un autre de ses premiers actes de présidente du Libéria fut aussi d’inviter l’AFRICOM, le nouveau centre de commande africain du Pentagone, à s’installer dans le pays avec pour objectif majeur, comme le révèle une enquête du Liberia, «de protéger les opérations minières de Soros et Rothschild en Afrique de l’Ouest plutôt que de garantir la stabilité et le respect des droits de l’homme».
Naftogaz, une autre cible.
Le mémo de Soros montre bien qu’il a les yeux braqués sur la société ukrainienne de gaz et d’énergie, en situation de monopole national, Naftogaz. Il note que «la pièce maitresse des réformes économiques sera la réorganisation de Naftogaz et l’établissement de prix du marché pour toutes les énergies, remplaçant les subventions cachées…»
Dans une précédente lettre, écrite en décembre 2014, et adressée à la fois au président Porochenko et au premier ministre Iatseniouk, Soros en appelle ouvertement à sa thérapie de choc : «Je vous invite à vous unir derrière les réformateurs de votre gouvernement et apporter votre support le plus chaleureux à une approche radicale, du genre Big Bang. C’est-à-dire que les contrôles administratifs doivent être supprimés et que l’économie doit être libéralisée rapidement plutôt que progressivement… Naftogaz doit être réorganisée par un Big Bang pour remplacer les subventions cachées… »
Couper Naftogaz en deux sociétés séparées pourra permettre à Soros de prendre le contrôle de l’une d’elles et privatiser l’essentiel des profits. Il a déjà suggéré d’utiliser les services de la société américaine de consultants McKinsey pour conseiller Naftogaz sur cette privatisation Big Bang
Le marionnettiste ?
Ce qui est révélé dans ces trois documents piratés montre que Soros est effectivement le marionnettiste tirant toutes les ficelles à Kiev. La branche ukrainienne de la fondation de Soros, l’International Renaissance Foundation (IRF) est impliquée en Ukraine depuis 1989. Plus de $100 millions ont été distribués par IRF à des ONG ukrainiennes depuis la dissolution de l’URSS en 1991. Soros a aussi admis avoir financé les mouvements qui ont déclenché les manifestations du Maidan de 2013-2014 et qui ont amené au pouvoir le gouvernement actuel.
Les fondations de Soros étaient aussi particulièrement impliquées dans la révolution Orange de 2004 qui amena au pouvoir le corrompu, mais pro-Otan, Viktor Iouchtchenko avec sa femme américaine, qui avait travaillé au Département d’État.
En 2004, juste quelques semaines après que l’IRF de Soros ait réussi à mettre en place Viktor Iouchtchenko en tant que président ukrainien, Michael McFaul écrivit un article pour le Washington Post dans lequel ce spécialiste des révolutions de couleur, futur ambassadeur américain en Russie, révéla :
«Est ce que les Américains ont interféré dans les affaires intérieures de l’Ukraine ? Oui. Mais les agents d’influence américains préfèrent une autre expression pour décrire leurs activités : assistance démocratique, promotion de la démocratie, aide à la société civile… Mais leur travail, quel qu’en soit le nom, cherche à influencer le processus politique en Ukraine. L’ US Agency for International Development, la National endowment for Democracy et quelques autres fondations ont financé quelques organisations américaines dont la Freedom House, l’International Republican Institute, le National Democratic Institute, le Solidarity Center, l’Eurasian Foundation, Internews et beaucoup d’autres, pour qu’elles fournissent des prêts financiers et une assistance technique à la société civile ukrainienne. L’Union européenne, quelques pays européens et la fondation de Soros, Renaissance Foundation, firent de même. »
Soros donne forme à la Nouvelle Ukraine.
Aujourd’hui, les documents piratés par CyberBerkut montrent que l’argent de l’IRF de Soros a permis la création du National Reform Council, un corps d’État mis en place par un décret de Porochenko qui permet au président ukrainien de forcer le passage de lois à travers le corps législatif ukrainien. Soros écrit : «Le cadre qui permet de rassembler les différentes branches du gouvernement apparaît. Le National Reform Council (NRC) rassemble l’administration présidentielle, le cabinet ministériel, la Rada et ses comités et la société civile. L’International Renaissance Foundation, qui est la branche ukrainienne des Fondations Soros, fut le seul soutien financier de la NRC jusqu’à maintenant… ».
La NRC de Soros est en effet le moyen qui permet au président de court-circuiter le débat parlementaire pour pousser ses réformes, dont l’une, prioritaire, est la privatisation de Naftogaz et l’augmentation drastique des prix du gaz pour l’industrie et les foyers ukrainiens, décision que ce pays en faillite peut difficilement se permettre de prendre.
Dans sa lettre à Porochenko et Iatseniouk, Soros montre qu’il a joué un rôle clé dans la sélection de trois ministres non ukrainiens. Natalia Jaresko, une ancienne fonctionnaire au Département d’État, comme ministre des Finances, Aivras Abromavicius de Lituanie comme ministre de l’Économie et un Géorgien comme ministre de la Santé. Dans sa lettre de décembre 2014, Soros, parlant de sa proposition de privatisation style Big Bang de Naftogaz et d’augmentation des prix, déclare : «Vous avez fait le bon choix en désignant trois ministresnouvellement ukrainiens et quelques autres locaux qui sont fidèles à ce point de vue.»
Ailleurs, Soros argumente sur le besoin de créer l’impression, à l’intérieur de l’UE, que le gouvernement de Iatseniouk parvient à nettoyer la corruption endémique qui corrompt tous les régimes de Kiev depuis 1991. Créer cette illusion de réussite, fait-il remarquer, permettra de convaincre l’UE de débourser les €11 Mds annuels du fonds d’assurance aux investissements. Son mémo de mars 2015 dit qu’«il est essentiel que le gouvernement fasse une démonstration bien visible, au cours des trois prochains mois, de façon à modifier l’image dominante d’une Ukraine totalement corrompue.» C’est cela, prétend il, qui poussera l’UE à créer ce fonds d’assurance aux investissements de €11 Mds.
Tout en affirmant l’importance pour l’Ukraine de se montrer comme un pays non corrompu, Soros montre qu’il en fait peu de cas lorsque la transparence et les procédures gênent son agenda. En parlant de ses propositions pour réformer la constitution ukrainienne afin de favoriser les privatisations et autres actions pro-Soros, il se plaint que «le processus est ralenti par l’insistance de la nouvelle Rada à suivre correctement les procédures et a être transparente».
Soros suggère son intention de donner cette démonstration visible grâce à quelques unes de ses initiatives, par exemple en utilisant la National Reform Council qu’il a financé, un corps fondé par décret présidentiel qui permet au président ukrainien de passer en force ses lois à travers le corps législatif.
George Soros utilise aussi son nouveau groupe de pression nommé l’European Council on Foreign Relations pour avancer sa stratégie ukrainienne, avec des membres tels qu’Alexander Graf Lambsdorff ou Joschka Fischer ou Karl-Theodor zu Guttenberg, sans oublier l’ancien chef de la BCE, Jean Claude Trichet, qui joue sans doute un rôle subtil.
George Soros, qui a maintenant 84 ans, est né en Hongrie, d’une famille juive, les Sorosz. Soros a avoué au cours d’une interview télévisée qu’il s’est fait passer pour un non-juif durant la guerre, grâce à des faux papiers, et a aidé le gouvernement Horthy à saisir les propriétés d’autres juifs hongrois qui étaient expédiés vers les camps de la mort nazis. Soros a déclaré au journaliste : «Cela ne veut rien dire de prétendre que je n’aurais pas dû être là, parce qu’en réalité, j’étais là. En fait, étrangement, c’est comme pour les marchés, si je n’étais pas là, bien sûr que je ne le ferais pas, mais quelqu’un d’autre le ferait a ma place.»
C’est le même genre de morale qui soutient les activités de Soros en Ukraine de nos jours. Il lui semble de peu d’importance que le gouvernement ukrainien, qu’il a aidé à accéder au pouvoir par un coup d’État soutenu par les États-Unis en février 2014, soit infesté de gens ouvertement antisémites et de néo-nazis autoproclamés de Svoboda et Pravy Sektor. George Soros est tout dévoué à la cause du partenariat privé-public.
C’est le meilleur moyen pour tromper le public et enrichir les investisseurs privés comme M. Soros et ses amis. De manière cynique, Soros signe son mémo sur sa stratégie en Ukraine : «George Soros, un avocat auto-désigné de la nouvelle Ukraine, le 12 mars 2015».
Georges Soros génial ! La corruption dans tous ses états, du grand art
Sa grande fortune personnelle lui permet de s'interposer dans les rapports entre États
F. William Engdahl15 articles
Journaliste états-unien, spécialiste des questions énergétiques et géopolitiques. Dernier ouvrage paru en français : OGM : semences de destruction - L’arme de la faim (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2008). Dernier ouvrage en anglais : Gods of Money : Wall Stre...
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Journaliste états-unien, spécialiste des questions énergétiques et géopolitiques. Dernier ouvrage paru en français : OGM : semences de destruction - L’arme de la faim (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2008). Dernier ouvrage en anglais : Gods of Money : Wall Street and the Death of the American Century (2010).
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