(Québec) La firme de génie-conseil Axor a du culot. Elle laisse entendre que c'est parce que la loi sur le financement des partis politiques au Québec est ambiguë qu'elle a monté un système de prête-noms. Ah bon?
Comme si elle ignorait ce que tout le monde sait depuis plus de 30 ans au Québec! Comme si elle ne savait pas que seuls les particuliers peuvent contribuer aux caisses des partis!
Comme si ses dirigeants n'avaient jamais entendu dire qu'utiliser des associés ou des employés pour camoufler des dons d'entreprise constitue une infraction à la loi - et qu'une expression est même devenue usuelle pour qualifier ces intermédiaires, celle de prête-noms.
Les firmes Axor Experts-Conseils, Groupe Axor et Axor Construction Canada ont plaidé coupables à un total de 40 constats d'infraction signifiés par le Directeur général des élections du Québec (DGE). Elles ont contribué illégalement aux caisses électorales du Parti libéral du Québec, du Parti québécois et de l'Action démocratique du Québec.
Certes, l'entente conclue entre le groupe Axor et le Directeur général des élections évite de longs et coûteux procès. Mais elle nous prive en même temps de la possibilité d'en savoir plus sur la mécanique mise en place dans le but de contourner la loi. Ainsi que sur les objectifs visés.
Cela dit, ce matin, tout le monde doit féliciter la petite équipe de Québec solidaire (QS). Elle a levé un lièvre. Par un méticuleux travail de recoupement, les collaborateurs du député Amir Khadir ont rendu un fier service à la salubrité publique.
Mais comment se fait-il que ce soient eux qu'il faille féliciter, et non pas les experts du DGE? Ces derniers doivent se livrer à un examen de conscience.
On les souhaite plus proactifs. Qu'ils aient été à la remorque de Québec solidaire est gênant.
Pour bien faire, le DGE, Marcel Blanchet, devra par ailleurs nous dire quelles suites il donnera aux autres allégations de QS (s'il en donne). Les employés de SNC-Lavalin, BPR et Cima+ ont «attesté», dit-on, que leurs dons provenaient de leurs propres poches. Leurs affirmations ferment-elles le dossier? Ces attestations équivalent-elles à des démonstrations? Seule la petite Axor aurait enfreint la loi? Le DGE a le devoir de chasser le flou qui subsiste.
Ce récent développement rend nécessaire l'adoption du projet de loi 78, qui prévoit que les entreprises reconnues coupables de financement illégal seront privées de contrats gouvernementaux pendant cinq ans.
Vivement le jour où ces histoires seront derrière nous! Elles ont pourri notre vie politique. Que le financement des partis soit devenu une calamité démocratique à peu près partout en Occident n'offre qu'une mince consolation.
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