Front commun contre un «djihad juridique»

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La liberté d'expression existe-t-elle encore ?

Des militants laïques pour la plupart visés par des poursuites en diffamation ont manifesté publiquement leur soutien à l’ex-candidate péquiste Louise Mailloux mardi. Au terme de sa première comparution dans la poursuite intentée contre elle par Dalila Awada, ils ont annoncé qu’ils feraient front commun pour dénoncer l’intimidation et défendre la liberté d’expression.

Parmi les personnalités présentes, l’auteure, militante laïque et féministe Djemila Benhabib, qui a témoigné son appui à son amie et complice. « En tant que philosophe, elle a cette maîtrise des concepts et en même temps c’est une excellente communicatrice. Elle a un rôle essentiel dans le débat, a-t-elle souligné. On lui a manifesté notre soutien et appui avec un message très clair : bien que ce soit difficile, nous ne nous tairons pas ! »

Le Devoir révélait la semaine dernière que Mme Mailloux entend se prévaloir de la loi anti-poursuite-bâillon et poursuivre à son tour Mme Awada, féministe et militante anti-charte, pour atteinte délibérée à ses droits fondamentaux dans le but de causer un tort irréparable à sa réputation et à sa dignité. Trois semaines auparavant, Mme Awada a quant à elle réclamé 120 000 $ en dommages moraux et punitifs à l’enseignante en philosophie ainsi qu’au blogueur Philippe Magnan et au site vigile.net.

« Il y a un acharnement des poursuites-bâillons. Et c’est le maillon le plus fort de cette chaîne laïque, de cette chaîne féministe et pour la liberté de conscience qui est ici ciblé », a soutenu Mme Benhabib. Le front commun pro-charte, auquel participent notamment Pierre Lacerte, Philippe Magnan, Sybel Köse et André Gagnon, n’hésite pas à parler de « djihad juridique ».

De graves conséquences

« Ces poursuites-bâillons ont des conséquences extrêmement graves. Ce n’est pas rigolo, a ajouté Mme Benhabib. Chaque fois qu’on prend la parole publiquement, on se demande si on va se réveiller le lendemain avec une poursuite sur le dos. »

Pour l’avocat de Mme Mailloux, Me Jean Bernier, la poursuite-bâillon est un recours judiciaire qui vise surtout à « décourager le militantisme ». La poursuite contre Mme Mailloux et ses acolytes militants laïques est la plus récente d’une « série de poursuites stratégiques » ayant pour cible des personnes qui ont participé au débat public, notamment sur le projet de charte de la laïcité, croit-il. « Voici maintenant qu’on veut déplacer un débat essentiellement politique devant les tribunaux. »


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