Moscou, qui a dressé un état des lieux après les frappes israéliennes contre des cibles iraniennes en Syrie, souhaite que toutes les parties fassent preuve de «retenue» et s'ouvrent au «dialogue». Emmanuel Macron a lui appelé à la «désescalade».
Moscou a rapidement réagi ce 10 mai aux frappes de l'Etat hébreu, qui affirme avoir ciblé des infrastructures iraniennes en Syrie en représailles aux tirs de roquettes sur le Golan, cherchant à apaiser les tensions.
«Nous partons du principe que toutes les questions doivent être résolues par le dialogue», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse, notant que le recours à la force était une «tendance très inquiétante». Le chef de la diplomatie russe a précisé que Moscou a mis en garde les différentes parties contre «toute action qui pourrait se révéler provocatrice de part et d'autre».
«Nous avons établi des contacts avec chaque partie, nous les appelons toutes à la retenue», avait déclaré un peu plus tôt le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, dans des propos rapportés par les agences de presse russe. Le haut diplomate n'avait toutefois pas caché que ces actions suscitaient «pour tout le monde de la préoccupation».
Le ministère de la Défense russe a par ailleurs relevé dans un communiqué que ces frappes avaient été perpétrées «sous prétexte de "répondre" aux tirs ayant visés les positions israéliennes au Golan». «28 avions israéliens F-15 et F-16 ont participé aux frappes et ont tiré 60 missiles de type air-sol sur plusieurs régions syriennes», a fait savoir le ministère, précisant que plus de dix missiles tactiques de type sol-sol avaient été tirés depuis Israël.
Concernant les cibles visées, le ministère de la Défense russe a affirmé qu'il s'agissait de positions des forces iraniennes ainsi que de positions liées au système de défense aérien syrien dans la zone de Damas et dans le sud de la Syrie. «Les dégâts subis par les forces iraniennes et les infrastructures militaires et civiles syriennes sont en cours d'évaluation», a-t-il ajouté.
Ces frappes sont intervenues au lendemain d'une rencontre à Moscou entre le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, venu assister aux défilé du Jour de la Victoire. Evoquant la situation au Moyen-Orient, Vladimir Poutine avait estimé qu'elle était «malheureusement très grave» et déclaré vouloir «chercher des solutions» avec le Premier ministre israélien après le retrait des Etats-Unis de l'accord nucléaire iranien.
Macron appelle à la «désescalade», Washington soutient le droit d'Israël à se défendre
De son côté, le chef de l’Etat français Emmanuel Macron a appelé à la «désescalade» entre Israël et l’Iran à la suite de ce brusque accès de tension. L'Elysée a précisé qu'il s'entretiendrait à ce sujet avec la chancelière allemande Angela Merkel dans la journée.
Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel le 4 mai, Emmanuel Macron avait mis en garde contre le risque de guerre dans l'éventualité où les Etats-Unis se retireraient de l'accord sur le nucléaire iranien. «Nous ouvririons la boîte de Pandore, il pourrait y avoir une guerre», avait-il prévenu.
Autre son de cloche du côté de Washington, qui s'est très clairement positionné en faveur de son allié Israël. «Les Etats-Unis condamnent les attaques provocatrices à la roquette du régime iranien depuis la Syrie contre des citoyens israéliens, et nous soutenons avec force le droit d'Israël à agir pour se défendre», a affirmé la Maison Blanche dans un communiqué.