«Frappe» indienne anti-islamiste au Pakistan

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Le Pakistan finance depuis des décennies les groupes djihadistes en Afghanistan et en Inde


L’Inde a annoncé avoir procédé mardi à une « frappe préventive » contre un groupe islamiste basé au Pakistan, provoquant un nouvel accès de fièvre dans les relations entre ces deux puissances nucléaires autour de la région disputée du Cachemire. 


Islamabad, dénonçant une « agression intempestive », a démenti qu’un « camp terroriste » ait été visé près de Balakot, dans le nord-est du Pakistan.


Les tensions étaient déjà très vives entre les deux frères ennemis d’Asie du Sud depuis l’attentat suicide au Cachemire indien qui a provoqué la mort d’au moins 40 paramilitaires indiens le 14 février et été revendiqué par le groupe islamiste insurgé Jaish-e-Mohammed (JeM), établi au Pakistan.


Selon les analystes, le fait que la frappe ait eu lieu en territoire pakistanais hors du Cachemire est le signe d’une escalade qui suscite par ailleurs l’inquiétude de la communauté internationale.


L’Inde et le Pakistan se sont livré trois guerres dans le passé, dont deux au sujet du Cachemire, une région himalayenne en majorité peuplée de musulmans, divisée entre ces deux pays voisins et rivaux et que tous deux revendiquent depuis des décennies.


« Aux premières heures aujourd’hui, l’Inde a frappé le plus grand camp d’entraînement de Jaish-e-Mohammed à Balakot » au Pakistan, a déclaré Vijay Gokhale, un haut responsable de la diplomatie indienne, au cours d’une conférence de presse à New Delhi. 


« Dans cette opération, un très grand nombre de terroristes, de formateurs, de commandants de haut rang et de jihadistes entraînés aux attentats suicide de Jaish-e-Mohammed ont été éliminés », a poursuivi M. Gokhale.


Selon les autorités indiennes, le JeM, l’un des groupes armés les plus actifs contre les autorités indiennes dans la rébellion séparatiste dans la vallée du Cachemire, préparait de nouveaux attentats suicide en Inde.


« Au vu du danger immédiat, une frappe préventive est devenue absolument nécessaire », a dit M. Gokhale, qualifiant ce raid d’ » action préventive non militaire » et « spécifiquement ciblé sur le camp de JeM ».


« Quatre explosions »


New Delhi n’a pas donné officiellement de détails sur les modalités de cette opération mais la presse locale rapportait qu’elle avait pris la forme d’un bombardement aérien effectué par des avions de chasse Mirage 2000. 


Selon le Pakistan, des avions indiens ont bien brièvement pénétré dans son espace aérien au niveau du Cachemire et largué une « charge utile » près de Balakot, mais sans faire de dégâts ou de victimes. 


Dans cette ville située tout près du Cachemire, Zubari Afzal, 25 ans et propriétaire de la parcelle touchée, a raconté à l’AFP avoir entendu « quatre explosions » dans la nuit, qu’il a initialement attribuées à un orage.


« J’ai essayé d’aller voir dans quel état étaient mes plantations mais je n’y ai pas été autorisé », a-t-il ajouté.


Un autre habitant, Sayed Waqar Hussain Shah, a également fait état de plusieurs explosions pendant la nuit: « Les gens étaient terrifiés mais plus tard nous, les villageois, nous sommes rendus sur place, une zone de collines ».


Appels à la retenue


L’Inde accuse de longue date le Pakistan de soutenir en sous-main les infiltrations d’insurgés au Cachemire indien, ce qu’Islamabad a toujours démenti.


En décrivant l’opération de mardi comme une « action préventive non militaire » ayant seulement visé un groupe islamiste et non l’État pakistanais, New Delhi cherche toutefois à limiter ses répercussions, selon Samir Saran, le président de l’Observer Research Foundation à New Delhi.


Le message ainsi adressé par l’Inde au Pakistan est de « lui dire que nous ne voulons pas l’escalade. C’est pourquoi nous disons que c’est une mesure préventive. Vous n’avez pas besoin d’en faire une guerre, si vous ne le voulez pas », a-t-il encore dit.


La Chine, ainsi que l’Union européenne, ont appelé mardi les deux pays à « la retenue ».


L’attentat du 14 février a suscité une vague de colère en Inde et des appels à des représailles.


Le premier ministre Narendra Modi, qui cultive une image d’homme fort et briguera un deuxième mandat au printemps, est soumis à la pression de son opinion publique en vue de procéder à une réplique musclée.


En 2016, en représailles à l’attaque meurtrière d’une base militaire indienne par un commando islamiste, le chef du gouvernement indien avait ordonné une série de raids de commandos le long de la ligne de cessez-le-feu au Cachemire.


Ces « frappes chirurgicales » avaient été volontairement rendues publiques et sont un élément-clé de la communication politique des nationalistes hindous.