ENBRIDGE

Feu rouge au pipeline d'Enbridge

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On applaudit!

Denis Coderre et les maires de la région métropolitaine disent non au projet d'inversion de l'oléoduc 9B d’Enbridge, tant que la compagnie n’aura pas assuré que sa structure est sécuritaire pour le public et l’environnement
«J'avais dit “oui, mais” et le “mais” n'a pas été rempli», a déclaré hier le maire de Montréal et président de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).
La CMM estime ne pas avoir en main toutes les informations pour assurer la sécurité des citoyens aux abords de l’oléoduc. «Quand je mets en place un plan de contingence, j’ai besoin de savoir ce qui passe dans le pipeline. On n’a pas eu de réponse là-dessus», a grondé le maire. Les élus demandent depuis des mois d’être informés en temps réel de la composition chimique du pétrole qui sera charrié dans la conduite pour bien réagir en cas de catastrophe, ce qui n’était pas le cas à Lac-Mégantic et qui a nui au travail des pompiers, a rappelé M. Coderre.
Il a aussi souligné qu’Enbridge ne l’avait pas rassuré quant à la fréquence de ses activités de surveillance le long de la conduite. À ce sujet, M. Coderre a rappelé que l’entreprise avait pris trois semaines pour se rendre compte d’une fuite à Terrebonne, en 2011.
La sécurité des cours d’eau et de la nappe phréatique en cas de déversement reste également un sujet d’inquiétude. Et pour cause, la ligne 9B traverse une source d’eau potable vitale: la rivière des Outaouais. «C’est l’eau potable de deux millions de personnes qui est à risque», a souligné Steven Guilbeault, d’Équiterre.
Il y a quelques semaines, l’expert Richard Kuperwicz, qui siège au département des Transports américain et conseille les groupes écologistes dans ce dossier, prévenait dans nos pages que la conduite d’Enbridge présente «un risque élevé de rupture» en raison de la corrosion et des fissures.
Pression politique
Enbridge veut utiliser son pipeline vieux de près de 40 ans pour transporter du pétrole de l’Ouest canadien vers l’Est, en traversant des zones urbaines denses, dont Montréal et Toronto. Pour procéder, la compagnie doit avoir le feu vert de l’Office national de l’Énergie (ONÉ), ce qu’elle a obtenu sous conditions.
La CMM entend faire pression sur l’ONÉ pour que la vapeur soit renversée, tant qu’Enbridge n’aura pas montré patte blanche.
«Une chance que la CMM veille au grain, parce que le gouvernement du Québec dort au gaz dans ce dossier», a réagi Patrick Bonin, de Greenpeace. Il doute néanmoins que l’ONÉ revoie sa décision. «L’ONÉ est une organisation très complaisante à l’égard des compagnies pétrolières», a renchéri M. Guilbeault.
Dans ce contexte, les deux écologistes appellent Québec à écouter la CMM et à s’inspirer de la Colombie-Britannique qui a fait barrage au pipeline Northern Gateway en 2013, parce que, là aussi, Enbridge ne répondait pas aux exigences.
M. Bonin rappelle que Québec a imposé 18 conditions à la compagnie, mais ne s’est pas assurée de leur respect. La province a notamment exigé la réalisation de tests hydrostatiques pour vérifier que l’oléoduc ne fuit pas, ce qu’Enbridge refuse de faire estimant que ses méthodes d’inspection sont fiables.
«On a toujours dit qu’on allait remplir les conditions de l’ONÉ, c’est ce à quoi nos équipes s’affairent actuellement», a assuré Éric Prud’homme, chez Enbridge. «Il est minuit moins une», a pressé le maire Coderre. Les premiers barils de pétrole de l’Ouest doivent en effet circuler dans la conduite dès le 15 octobre.


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