Faire pays

Tribune libre

À l’ère des communautés virtuelles, des «hashtags» et des «j’aime» de Facebook, et au-delà de nos identités virtuelles composées à partir de nos contributions et de la sculpture de soi que nous effectuons à travers nos choix et nos affinités électives, demeure le citoyen, la citoyenne qui naît, vit et meurt dans un espace géographique et un territoire bien circonscrit qui s’appelle le Québec.
Des êtres, en chair et en os, souvent issus du terroir, parfois provenant d’un autre continent, qui vivent en bonne harmonie, sous les lois du pays, et qui célèbrent leur différence – chaque individu est unique – dans une relative paix sociale. Je dis bien «relative», car nous retrouvons une nette tendance au communautarisme, ce repli sur soi, qui peut laisser espérer de s’épanouir en ignorant les autres que soi, en ignorant les autres que sa propre ethnie d’appartenance, dans un tribalisme triomphant mais générateur de tensions sociales.
Parfois, même, certains se spécialiseront dans la transgression des règles de leur pays d’adoption afin de pérenniser leur ascendant sur leur communauté d’origine, mettant en péril notre socialité et notre convivialité de bon aloi. À cet égard, il est inutile de s’appesantir sur les phénomènes de gangs de rue, de criminalité mafieuse et d’intégristes religieux, tant est que le discours ambiant est imprégnée par ces préoccupations. Il n’en reste pas moins que nous nous devons de trouver des solutions imaginatives face à ces revers de civilisation.
Nos principaux partis politiques s’affairent à délimiter leur sphère d’influence en proposant des linéaments aux maux qui nous affligent et en se faisant les champions d’un domaine bien précis du vivre-ensemble : le parti libéral, en promouvant les privilèges d’une caste d’hommes et de femmes d’affaires, en divisant la communauté nationale pour mieux régner et en se centrant à bien marquer le caractère provincialiste de notre territoire; la coalition avenir Québec, en s’arrogeant le droit de démanteler notre État-nation en devenir et en se faisant les propagateurs d’une idéologie conservatrice; les solidaires, en monopolisant les traits d’une contre-culture passéiste et la primauté de la compassion humaine.
Le Parti québécois se doit de reformuler sa vision d’ensemble des faits de société en vue d’offrir une alternative politique qui soit en phase avec le pays en devenir. Rien de moins! Et nous ne sommes pas en déficit de penseurs, de bâtisseurs et de gestionnaires compétents pour élaborer un nouveau pacte social qui soit porteur de ce vivre-ensemble qui nous assemble et nous ressemble. C’est là toute la beauté du politique – cet art du possible – qui n’en finit plus de galvaniser les plus hardis et les plus audacieux de nos concitoyens et de nos concitoyennes qui ont à cœur la vie de la Cité. Et nous leur devons toute notre gratitude!
En filigrane de notre histoire collective se profilent des avancées probantes quant à notre émancipation nationale et à l’expression de notre génie propre. Nous nous devons de composer avec notre diversité tout en maintenant le cap vers une plus grande justice sociale, vers un souci renouvelé de la dignité humaine et, surtout, vers une créativité débordante dans le domaine d’une science du partage qui soit à la mesure de notre souci d’équité. Je nous fais confiance.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé