J’essaie de ne pas faire trop de morale, mais c’est parfois dur de se retenir.
Je vous jure pourtant, cher lecteur, que j’essaie de vous comprendre.
Le gouvernement américain vient d’imposer à Facebook une amende de 5 milliards de dollars.
C’est l’amende la plus salée de l’histoire pour violation de votre vie privée.
Mensonge
L’enquête confirme que Facebook vous a trompé de façon délibérée, répétitive, systémique, stratégique.
Ce ne fut pas une étourderie ou une erreur d’inadvertance.
Vos données sont vendues sans votre consentement, et des gens s’en servent non seulement pour vous vendre des bébelles, mais pour tenter de truquer des élections.
À de nombreuses reprises, l’entreprise a dit qu’elle ferait amende honorable.
La main sur le cœur, avec son petit air de servant de messe, Zuckerberg a dit qu’il avait entendu le message.
De la foutaise.
Cette fois, Facebook vous refait le coup en vous faisant croire que les nouvelles exigences accompagnant l’amende l’obligeront à revoir son modèle d’affaires.
Refoutaise, disent ceux qui connaissent le sujet mieux que vous et moi.
Facebook vous rit au nez... encore.
Facebook sait que vous êtes complètement accro.
La preuve ? Au lendemain de l’annonce de la punition, l’action de Facebook a... grimpé de 2,3 %.
Son chiffre d’affaires pour le deuxième trimestre de 2019 s’élève à 16,7 milliards de dollars américains.
L’amende de 5 milliards correspond à un mois de revenus. Des pinottes.
Je pose la question comme ça : vous n’êtes pas tanné de faire rire de vous ?
Ça ne vous dérange pas ?
Ce n’est pourtant pas le seul moyen de rester en contact avec du monde, non ?
Avant Facebook, nous avons entretenu avec nos semblables de l’espèce humaine des relations sociales autrement moins superficielles.
Et on a fait cela pendant des centaines de milliers d’années !
Et l’humanité a progressé !
D’accord, je suis bon joueur, j’accepte à la limite que cela puisse être pratique pour retrouver quelqu’un perdu de vue depuis longtemps.
Mais devez-vous infliger à tout le monde les photos de vos chats, de vos enfants, de vos vacances ou votre opinion sur tel vin ou tel fromage ?
Avant, il y avait des albums de famille.
Et si vous voulez donner votre opinion sur tout, démarrez-vous un blogue.
J’ai quitté Facebook. Le système est conçu de façon à rendre très difficile d’en sortir.
Mais je m’en porte merveilleusement et je ne ressens aucun manque.
Accro ?
Si vous me dites que vous êtes accro, qu’une dépendance s’est installée, que vous ne pouvez plus vous en passer, alors voyons les choses en face.
C’est une forme de dépendance, de toxicomanie, comme l’alcool ou la cigarette.
Ça se soigne.
Première étape : cesser les faux-fuyants, cesser les excuses, cesser les prétextes.
Deuxième étape : avoir le courage de se lever devant le groupe et dire : « Je m’appelle Untel et j’admets que j’ai un problème ».
Évidemment, si vous vous en foutez, là, en effet, il n’y a rien à faire.
Et c’est le pari que fait Zuckerberg, un pari gagnant jusqu’ici.