Et fuck Mirabel !

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« Mirabel, territoire du Bloc et donc sans poids politique véritable, c'est quasiment le néant. »

Le Québec s’émouvant du moindre malheur, il faut faire un effort pour ne pas perdre de vue les enjeux économiques nationaux impliquant le gouvernement du Grand Comique d’Ottawa.


Sans cesse invités par les télés à s’apitoyer sur le sort des malheureux de l'État, les Québécois finissent par ne pas voir l’incurie de ceux qui les représentent au Salon bleu.


C’est ainsi qu’un peuple entier devient con, docile, satisfait de sa place dans le monde. Le hashtag #MeNous nous ira comme un gant.


Le plus récent exemple de négligence politique est l’annulation de la vente d’hélicoptères aux Philippines.


Les reportages ont été d'une rectitude totale, sans originalité aucune, et glissés entre deux topos lubrifiants sur les infirmières et les Jeux d'hiver coréens.


On a eu droit à une mise en conserve vite faite pour ne pas nuire à notre chagrin collectif au chevet des programmes sociaux...


Dommage pour Mirabel où Bell Hélicoptère emploie des centaines de travailleurs québécois lourdement fiscalisés. Les mises à pied viendront bien assez vite, pas la peine d’insister...


Mais pourquoi perd-t-on ainsi, et soudainement, un contrat de 250 millions conclu il y a des annés? 


Ce n’est pas parce que les Philippins ont changé d’avis sur la qualité du produit. Le contrat avait été paraphé en 2012, on devait savoir à quoi s’en tenir...


Ce qui a changé, c'est l'état d'esprit régnant au gouvernement fédéral. Ottawa, c'est comme le Mont Saint-Michel, on y expie désormais tous les péchés du monde.. Et tant pis pour Mirabel. Et puisqu'on peut le dire exactement: Fuck Mirabel !


Le gouvernement de Justin Trudeau a décidé d’imposer des conditions postérieures à la vente, ce qui semble contraire aux affaires... et aux intérêts des travailleurs québécois.


En gros, le gouvernement fédéral voulait limiter l’usage des hélicoptères vendus. Il ne voulait pas que ça serve à autre chose qu’à des activités humanitaires ou civiles. Pas question de transporter des soldats pour faire la guerre aux narcos. Une guerre barbare, cruelle comme toutes les guerres.


Cette décision incongrue découle de la volonté de Justin Trudeau de reprendre la mission de Saint-François d’Assise. Il veut prendre le monde sur ses genoux pour lui donner la fessée. Tous ne sont pas d'accord...


Rappelez-vous : l’automne dernier, le Leader L’Oréal était en voyage aux Philippines. Il a alors invité le président Duerte à respecter les droits de l’homme.


Quand l’occasion de parler vint au président philippin, on a compris qu’il n’avait pas aimé le laïus moralisateur de Trudeau.


«Je rends des comptes aux Philippins. Je ne réponds pas à la bullshit, spécialement aux étrangers», avait-il lancé aux journalistes, surpris par la pureté de la franchise.


Faut-il s’étonner maintenant que ce président ne veuille pas se plier aux nouvelles conditions imposées par Junior? L’échec était assuré.


Le Roi en chemise n’a pas eu les mêmes scrupules quand des blindés ont été vendus à l’Arabie saoudite. Un pays arriéré s’il en est un et où les droits humains ne font pas le poids contre le sabre tranchant du bourreau.


On trouve facilement des vidéos montrant d'hommes et de femmes décapités en pleine rue, le sang giclant sur le pavé devant des foules satisfaites. L’Arabie saoudite, c’est tout un partenaire d’affaires!


À ce gouvernement, il n’a rien demandé, le Grand Humaniste, rien exigé à retardement. Les blindés saoudiens servent peut-être à la guerre contre le Yémen. Ou contre ceux du peuple saoudien qui en ont marre de la tyrannie de cette théocratie moyenâgeuse. Le Canada s’en tape.


Pour comprendre de quoi il en retourne, il faut savoir que l’usine General Dynamics qui fabrique ces fameux blindés est située à London, en Ontario. C’est la terre natale du Parti libéral du Canada. Même les pissenlits sont rouges.


Ou oranges, car le NPD y est présent aussi et qui fait davantage la fine bouche quand Mirabel qui est en cause. Quant aux conservateurs, ils rasent les murs, au diapason avec leur époque...


Mirabel, territoire du Bloc et donc sans poids politique véritable, c'est quasiment le néant.


Pour les fédéraux, il n’a donc jamais été vraiment question de stopper la vente de blindés sous quelque prétexte humanitaire. Ils zigonnent, cherchent des prétextes, des échappatoires. On dirait des lézards farfouillant dans la gueule des gargouilles.


Dans cette affaire, c’est l’avocat Daniel Turp qui aura fait le plus de boucan en tentant de faire annuler la vente par les tribunaux sous prétexte que l’Arabie saoudite menait ses sombres desseins avec des blindés canadiens. Une mouche peut empêcher un géant de dormir...


Et Turp pourrait éventuellement gagner mais ne veut-il pas seulement jouer au coin de fer dans le flanc du «plus meilleur pays au monde»...


Le gouvernement Trudeau n'a pas encore annulé le contrat saoudien même si rien ne l'en empêche. En vérité, les remords, ça vient aux libéraux quand ça ne coûte rien à l’Ontario.


Mais, au Québec, le pétard de la controverse a fait pfft! Alors le Roi Air Miles s'est envolé avec sa suite médiatique en Californie où il a posé en T-Shirt sur les collines d’Hollywood.


Mirabel, on n’en parle plus. En attendant le prochain épisode du mélodrame syndical, le Québec se réjouit de ses petits succès olympiques. Trudeau doit être mort de rire...