Équipe Québec méprisée

Une médaille, monsieur Pratte, est un prix infiniment moins précieux que l'honneur de performer pour sa nation.

Tribune libre


Enfin, l'éditorialiste en chef du journal La Presse dévoile réellement pourquoi il s'oppose de toutes ses forces à l'option souverainiste. Après des années « d'analyses » insidieuses dont la dernière qui « expliquait » la décision d'André Boisclair de tourner le dos au programme de son parti, André Pratte avoue finalement qu'il est fédéraliste parce qu'à ses yeux, [le peuple auquel il appartient est composé d'incapables->2460].
Difficile de conclure autre chose après avoir lu son « cyberédito » du 18 octobre dernier sur le portail internet Cyberpresse. L'homme y ridiculise l'idée de l'avocat Guy Bertrand de doter le Québec d'une équipe nationale de hockey pour participer aux championnats mondiaux, événement qui doit se tenir dans la Capitale nationale en 2008, année du 400e anniversaire de fondation de la ville.
André Pratte a totalement raison de redouter ce projet car il est évident que, s'il devait se concrétiser, le patriotisme qu'il engendrerait chez les Québécois enflammerait la ferveur souverainiste. Un sondage commandé par monsieur Bertrand révèle en effet que 72% de la population québécoise appuie son idée. Pas de doute que la vigueur de ce consensus autour du projet a de fortes chances de se transformer en votes favorisant l'option indépendantiste. Doit-on rappeler que des célébrations soulignant la fondation de Québec par Samuel de Champlain il y a quatre siècles se tiendront la même année que le tournoi?
Monsieur Pratte est fédéraliste et s'oppose donc sans surprise au vœu de Guy Bertrand et d'une très large majorité de Québécois. C'est son droit le plus stricte de tourner le dos au Québec. Les raisons qu'il avance pour justifier son choix politique sont cependant scandaleuses. L'homme humilie littéralement le peuple qui est le sien. Ainsi, l'éditorialiste de La Presse prédit gratuitement qu'une équipe exclusivement formée de hockeyeurs québécois ne peut que remporter une « médaille en caoutchouc. » À le lire, tous les pays qui n'ont aucune chance de gagner ne devraient donc pas constituer d'équipe. Si l'on pousse un peu plus loin son édifiante logique, toutes les nations qui sont susceptibles de ne pas voir leurs athlètes triompher à une compétition sportive devraient s'abstenir d'en envoyer. Avouons qu'avec pareil raisonnement, les Jeux Olympiques deviendraient une petite fête intimiste!
Quel message envoie André Pratte aux pays auparavant occupés par la défunte Union soviétique, pays qui, aujourd'hui libres, participent avec fierté à des compétitions sportives dont le hockey, même s'ils ramènent chez-eux « une médaille en caoutchouc? » Un hockeyeur letton qui joue présentement dans la Ligue nationale est-il un imbécile parce qu'il est animé d'un nouvel enthousiasme depuis qu'il concourt pour son pays alors qu'avant 1991, il devait le faire pour l'URSS? La Suisse qui s'intéresse depuis quelques années à ce sport de glace doit-elle tout abandonner parce que ses chances de gravir des marches du podium sont minces? Une médaille, monsieur Pratte, est un prix infiniment moins précieux que l'honneur de performer pour sa nation.
Heureusement, des vedettes européennes autour desquelles dépend la survie de nombreuses concessions de la LNH sont animées de cet orgueil et rejoignent à chaque tournoi international leur pays respectif, même s'il n'aspire pas aux grands honneurs. L'histoire atteste que des Québécois talentueux ont également assuré la pérennité de certaines équipes professionnelles de hockey. D'autres assurément feront de même dans l'avenir. Certains d'entre eux préféreront peut-être offrir leur service à un autre pays que le Québec, si celui-ci devait posséder une équipe nationale. Cette réalité touche cependant l'ensemble des nations et déborde même le monde du sport. Reste que l'immense majorité des gens préfèrera toujours représenter leur pays d'origine. Ainsi, les meilleurs hockeyeurs québécois -Dieu sait combien ils sont bons-- se bousculeront pour endosser un maillot fleurdelisé.
En prédisant sur-le-champ une « médaille en caoutchouc » aux Québécois, s'ils devaient constituer une équipe nationale de hockey, monsieur Pratte exprime publiquement combien il est complexé d'appartenir à ce groupe et vomit dessus son plus profond mépris. C'est que l'homme est convaincu que jamais les Québécois s'amélioreront puisqu'il décrète qu'il n'y a qu'au sein d'une équipe canadienne que la victoire est possible. Du pur racisme. Quelle conclusion gratuite! Honte à vous, monsieur Pratte.
De la déconfiture sportive qu'essuierait une équipe Québec au marasme économique et intellectuel que vivrait un État québécois souverain, le parallèle a vite été tracé par André Pratte. Le complexé a en effet renchéri en raillant qu'après « l'émotion certaine » ressentie par les Québécois suite au « premier discours du Président du Québec devant l'ONU », ceux-ci n'en mèneraient pas large lorsque commencerait la « turbulence. » Désespéré, l'homme tente évidemment de capitaliser sur la déclaration que Pauline Marois a faite lors de la course à la chefferie du Parti québécois en 2005. La candidate avait alors utilisé ce qualificatif pour essayer de décrire les négociations qui débuteraient à Ottawa, après une victoire souverainiste. Monsieur Pratte travestit évidemment la pensée de madame Marois en affirmant (espérant?) que le tumulte perdurait. Encore une prophétie bidon basée uniquement sur du vent. Manifestement, la seule « turbulence » qui existe est celle qui sévit entre les deux oreilles de l'éditorialiste en chef de La Presse. À le voir agiter ses épouvantails pour communiquer aux siens le mal québécois qui le ronge, on ne peut qu'éprouver de la pitié à son endroit.
André Pratte vient de prouver aux Québécois qu'il n'est plus apte à porter le titre d'analyste politique au Québec. Sa honte profonde d'être Québécois l'aveugle : il est persuadé qu'aucun succès ne peut être accompli au Québec s'il sort du Canada. Son discours n'est en conséquence que de la propagande. L'homme doit également être l'objet d'une motion de blâme à l'Assemblée nationale pour racisme envers les siens...
À l'avenir, une sévère nausée doit être ressentie chez tous les Québécois chaque fois qu'ils liront son nom à côté d'un texte qu'il faudra évidemment ignorer. André Pratte n'est plus crédible. Il faut le boycotter. Que le quotidien qui l'emploie tire les conclusions qui s'imposent s'il ne veut pas écoper aussi et être rebaptisé « La Pravda », rappelant les sombres années du quotidien soviétique lorsqu'il endoctrinait la population.



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