Entente entre Ottawa et les Cris

Entente entre Ottawa et les Cris



S'il est un événement qui fait la fierté de Bernard Landry, c'est bien la Paix des Braves, signée le 7 février 2002 entre le Québec et les Cris. Et s'il est une décision qui fait la fierté de Paul Martin, c'est sûrement d'avoir mandaté Raymond Chrétien, le 19 août 2004, de négocier une entente entre le gouvernement fédéral et la nation crie. À eux deux, MM. Landry et Martin peuvent se targuer d'avoir contribué à un déblocage majeur dans les relations entre les peuples autochtones et les Blancs de ce pays.
L'entente, annoncée hier par le ministre Lawrence Cannon, vient clore un chapitre des négociations à compléter depuis la Paix des Braves et pave la voie à une modernisation de la gouvernance des Cris. Le mot gouvernance peut sembler académique, vu de Québec ou de Montréal, mais il prend une dimension bien réelle pour ces communautés qui pourront se donner les institutions nécessaires à l'administration de la justice, ainsi qu'au développement économique et social. Il reste encore du chemin à faire pour y parvenir, mais les ententes conclues avec Québec et Ottawa ont ceci d'important qu'elles ont ouvert la porte à la collaboration et fermé celle de l'affrontement devant les tribunaux. Elles pourraient bien servir de modèles ou à tout le moins de base de discussion dans les relations à établir avec les autres nations autochtones du pays.
L'éloignement des communautés autochtones et la diversité de ces peuples fait que seuls les experts sont au fait de leurs revendications, de leurs droits et de leur situation sur le terrain. Mais il est tout de même ironique de constater que même si les affaires autochtones sont de compétence fédérale, c'est souvent l'action du gouvernement du Québec qui a forcé Ottawa à respecter ses obligations. C'est le développement hydroélectrique de la Baie-James qui a mené à la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. Et c'est cette convention qui a mené à la Paix des Braves et à l'entente annoncée hier par le gouvernement fédéral. N'eut été de cette Paix des Braves, sous Bernard Landry, le gouvernement fédéral aurait été beaucoup moins pressé de donner suite à ses engagements pris lors de la signature de la Convention de la Baie-James. D'ailleurs, les Cris ont du se rendre jusqu'en Cour suprême pour se faire confirmer, en octobre 2002, qu'ils pouvaient traiter d'égal à égal avec les gouvernements, dans l'application des engagements pris en vertu des traités.
Le Québec avait reconnu ce droit dans la Paix des Braves, mais Ottawa s'opposait à ce que les nations autochtones aient un rôle à jouer dans l'application de leurs traités. Cette victoire devant le plus haut tribunal du pays, associée à l'entente avec Québec, a donné à des leaders forts, comme Ted Moses, les outils nécessaires pour forcer la main du fédéral et l'amener à la table de négociation.
"Le fédéralisme d'ouverture, c'est aussi de meilleures relations avec les premières nations", a déclaré hier le ministre Cannon, en conférence de presse. Même si le dossier autochtone est probablement l'un des plus complexes et des plus difficiles à régler au pays, il faut reconnaître que le fédéralisme d'ouverture, c'est bien plus que de meilleures relations avec les partenaires du gouvernement central. C'est la reconnaissance des droits, et la signature d'ententes comme celle d'hier.
La Paix des Braves ne voudrait rien dire si elle se résumait à un simple énoncé de bonnes intentions ou à de vagues promesses de bonnes relations.
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glavoie@lesoleil.com


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