Énergies fossiles - La planète se dirige vers un «chaos climatique»

L’exploitation des sables bitumineux se trouverait au cinquième rang des pires projets en matière d’émissions de carbone

«Le Canada fait partie du problème.»

Au rythme où se développent les projets d’exploitation d’énergies fossiles dans le monde, la planète se dirige tout droit vers un véritable « chaos climatique », prévient Greenpeace international dans un rapport rendu public mardi. Et les sables bitumineux, promus par Ottawa, représentent à eux seuls une grande partie du problème.
Le document, intitulé Point de non-retour, analyse les impacts de 14 grands projets de production énergétique, dont l’extraction de charbon en Chine et en Australie, mais aussi les forages pétroliers et gaziers au Canada, aux États-Unis, au Brésil ou dans le golfe du Mexique. Chaque projet est classé selon les émissions de CO2 qui devraient en résulter d’ici 2020. Résultat : les développements énergétiques analysés pourraient faire croître les émissions mondiales de CO2 de six milliards de tonnes par année d’ici huit ans, soit presque autant que les émissions actuelles des États-Unis.
« Aucun gouvernement ne peut prétendre vouloir éviter les changements climatiques dévastateurs tout en approuvant ces mégaprojets comme ceux des sables bitumineux, qui sont de véritables bombes climatiques, a fait valoir Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace. Nous allons droit vers le chaos climatique si les projets comme l’exploitation des hydrocarbures en Arctique, les gaz de schiste et les projets de pipelines visant à accélérer l’extraction des sables bitumineux vont de l’avant. »
Selon les données avancées par Greenpeace, l’augmentation des températures qui résulterait d’une telle hausse des émissions de gaz à effet de serre pourrait atteindre 4 °C à 6 °C, soit bien au-delà du garde-fou posé par la communauté internationale pour éviter des dérèglements imprévisibles, c’est-à-dire 2 °C.
Problème canadien
Le Canada fait partie du problème, selon le rapport du groupe écologiste. L’exploitation des sables bitumineux se trouverait en effet au cinquième rang des pires projets en matière d’émissions de carbone, avec 420 millions de tonnes par année en 2020. Il faut dire que les pétrolières actives en Alberta ambitionnent de doubler leur production, ce qui la porterait à plus de 3,5 millions de barils par jour. D’où une recherche de nouveaux marchés. Celui de l’Asie, notamment, avec le projet de pipeline Northern Gateway.
M. Bonin déplore cette volonté de favoriser la production des sables bitumineux. Surtout qu’imposer un virage vert à une économie mondiale très énergivore est tout à fait possible. Il suffirait, aux gouvernements de la planète, d’ajouter 36 milliards de plus à l’effort qu’ils consentent déjà annuellement à la lutte contre les changements climatiques pour atteindre leur but avec l’aide du secteur privé, soit trois fois moins que le prix des catastrophes naturelles seulement aux États-Unis en 2012 (110 milliards), conclut un rapport de 38 pages dévoilé lundi sous l’égide du Forum économique de Davos.


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