Du New Hampshire à la Californie, en passant par le Texas ou l’Ohio, des manifestants souvent pro-Trump ont réclamé samedi la fin du confinement face au coronavirus, encouragés par le président américain qui a estimé que certains gouverneurs étaient « allés trop loin » dans les restrictions.
Ils étaient environ 400 à manifester, à pied ou depuis leur voiture, devant le Parlement de Concord, capitale du petit État du New Hampshire (1,3 million d’habitants), relativement épargné par l’épidémie avec 1287 cas confirmés et 37 morts du coronavirus vendredi. Le gouverneur républicain Chris Sununu y a ordonné un confinement au moins jusqu’au 4 mai.
«Les chiffres mentent» ou «Rouvrez le N.H.», proclamaient certaines pancartes brandies par les manifestants, qui semblaient ignorer les consignes de distanciation données par les autorités.
Parmi eux figuraient des hommes armés et cagoulés, façon milice. L’AFP n’a aperçu aucun policier.
«Les gens sont tout à fait prêts à faire ce qu’il faut», mais «les chiffres ne justifient pas les mesures de confinement draconiennes que nous avons dans le New Hampshire», a indiqué à l’AFP Skip Murphy, 63 ans, qui s’est présenté comme un électeur de Donald Trump.
À Annapolis, capitale du Maryland, les manifestants restaient en voiture, et l’AFP en a vu environ 200 défiler devant le parlement local. «La pauvreté tue aussi», disait une pancarte, «Je n’obéirai pas à des décrets illégaux», affirmait une autre.
À Austin, capitale du Texas, ils étaient environ 250, là aussi peu soucieux des règles de distanciation. Leurs slogans dénonçaient notamment «l’effondrement économique» précipité par l’arrêt de toutes les activités «non essentielles».
Le confinement a fait exploser le nombre de chômeurs à travers le pays, et privé beaucoup de gens de tout revenu.
Alex Jones, fondateur du site d’information proche de l’extrême droite Infowars, qui a eu l'initiative de la manifestation, est arrivé dans un pick-up aux allures de char d’assaut, sous les hourras de la foule.
Des manifestations ont aussi eu lieu à Columbus (Ohio), à San Diego, en Californie, a constaté l’AFP, ou encore dans l’Indiana, le Nevada ou le Wisconsin, selon des médias locaux.
Partout, les manifestants, brandissant souvent des drapeaux américains, semblaient ignorer les consignes de distanciation sociale.
«Science défaillante»
Si ces rassemblements semblaient réunir beaucoup de partisans de Donald Trump, certains participants ont souligné que leurs motivations étaient avant tout économiques.
Dolores, une coiffeuse qui manifestait à Annapolis, a expliqué ne plus pouvoir travailler ni toucher aucune aide gouvernementale, car elle est employeuse et non employée.
«Il faut que je sauve mes affaires, je dois travailler pour vivre, sinon je vais mourir», a-t-elle dit à l’AFP.
«Nous avons aux États-Unis des droits constitutionnels», a souligné Amira Abuzeid, mère au foyer à Austin. «Les gens ont le droit de travailler, ils ont le droit de manger, ils ont le droit de se réunir librement, et ces droits ne peuvent pas être retirés sur la base d’une science défaillante.»
«Je ne suis pas médecin, mais je sais calculer, et finalement les chiffres ne sont pas si inquiétants.»
Bien que les manifestants soient généralement peu nombreux, de telles manifestations se sont multipliées ces derniers jours aux États-Unis, pays le plus frappé par le coronavirus avec plus de 715 000 cas et 37 000 morts.
La plus importante à ce jour s’est déroulée mercredi à Lansing, capitale du Michigan, où quelque 3 000 personnes ont vilipendé les mesures de confinement de la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer.
Le président Trump, qui ne cache pas sa hâte de «rouvrir» l’économie du pays tout en laissant les gouverneurs de chaque État décider quand et comment lever les restrictions, a appelé vendredi à «libérer» du confinement trois États gérés par des gouverneurs démocrates — Michigan, Minnesota et Virginie.
Et il s’est félicité samedi du fait que les gouverneurs du Texas et du Vermont, deux républicains, aient «autorisé certaines activités à reprendre lundi, tout en exigeant les mesures adéquates de distanciation sociale».
Interrogé sur ces manifestations, il a estimé que «certains gouverneurs étaient allés trop loin». Il a aussi félicité les gouverneurs du Texas et du Vermont, deux républicains, pour avoir «autorisé certaines activités à reprendre lundi, tout en exigeant les mesures adéquates de distanciation sociale».
Le gouverneur de l’État de New York, le plus touché par l’épidémie avec plus de 236 000 cas confirmés et un ordre de confinement en vigueur au moins jusqu’au 15 mai — malgré un nombre de morts journaliers en baisse — a reconnu samedi que certains États, moins affectés, pouvaient adopter des stratégies de relance de l’économie plus rapide que la sienne.
«Les chiffres dictent les stratégies», a indiqué le gouverneur Andrew Cuomo lors d’un point presse.
Mais il a implicitement critiqué l’attitude de Donald Trump et de certains responsables républicains qui critiquent le confinement prolongé par les gouverneurs démocrates.
Le confinement est «émotionnellement difficile, et économiquement désastreux», a-t-il souligné. Mais «comment la situation peut-elle empirer, et empirer rapidement? Si vous politisez toute cette émotion. Nous ne pouvons pas nous le permettre», a-t-il martelé.