En route vers le futur que nous voulons. Deuxième partie.

Tribune libre

Ce billet fait suite à celui du 20 mai 2015 intitulé « PQ : rallier la majorité, autour de quoi? » http://vigile.net/PQ-rallier-la-majorite-autour-de
Ce présent article prétend répondre aux questions suivantes : Qu’est-ce qu’une démarche articulée, structurée pour se doter d’un plan de projet de société partagé et commun & quel est le contenu d'un tel plan?
Nous ressentons tous que quelque chose ne va pas dans notre façon de vivre. Nous sommes continuellement en lutte pour ou en réaction à quelque chose. Nous avons plusieurs signes, avertissements, symptômes chroniques provenant de divers volets de notre société (économie, environnement, sociologie, politique, démographie, répartition de la richesse…) qui semblent tous converger pour signifier que nous sommes au bord d’une série de défis sans précédents.
«Comme l’a déclaré le secrétaire général Ban Ki-moon en novembre 2011 : « Nous avons besoin d’un avenir différent. À quoi ressemblerait notre monde si chacun avait accès à la nourriture dont il a besoin, à l’éducation et à l’énergie qu’il est nécessaire de développer? À quoi ressembleraient nos communautés si nous créions une économie durable, dynamique et créatrice d’emplois?
La question du Secrétaire transposée au Québec en s'inspirant des programmes du PQ, de QS, du PLQ & de l'ON pourrait se lire comme suit: « À quoi ressemblerait le Québec s'il était indépendant, un Québec français qui se tient debout , qui défini lui-même ses orientations, avec ses propres forces et intérêts en tête, qui crée de la richesse, qui respecte ses écosystèmes, qui est basé sur la justice sociale, l’élargissement de la démocratie, l’égalité entre les hommes et les femmes, l’établissement de liens égalitaires et pacifiques avec les peuples du monde entier et, en premier lieu, avec les nations autochtones avec lesquelles nous partageons le territoire Québécois. À quoi ressembleraient nos villes, nos routes, notre démographie, notre territoire, notre agriculture, si nous créions une société en harmonie avec ses environnements? »
Ces questions ont le mérite de démontrer que l'indépendance en soi, avec toutes les libertés décisionnelles qu'elle apporte, ne nous dit pas à quoi ressemblerait le Québec comme pays.
Nous avons une bonne idée à quoi ressemblera le futur. Il existe bien une Vision. Elle n’est pas absente de notre société. Elle est faite d’images comme par exemple, le documentaire La onzième heure, les film Le jour d’après et La route, les films de science-fiction comme Star Trek, Robocop (nos policiers d’aujourd’hui avec les ordinateurs, les caméras vidéos sur leur casque…), ou les journaux télévisés montrant des images de récession économique, de guerres, de sans-abri, de chômeurs ainsi que le traitement brutal des populations par leurs gouvernements. Le problème est que ces images, justes ou imaginaires de l’avenir, ne peuvent prétendre représenter l’avenir que nous voulons bâtir. Le futur dans lequel nous sommes engagés suit une trajectoire non choisie, pratiquement la même que tous les pays développés, sans savoir où elle nous mènera.
À quoi pourrait ressembler une démarche articulée, structurée pour se doter d’un projet de société partagé et commun & quel est le contenu de ce projet de société.
Avis au lecteur: Le lecteur aura compris qu'il s'agit des grandes lignes de la démarche proposée. À mon avis elles sont suffisantes pour vous donner un bon aperçu pour réflexion et discussion.
Le contenu du projet de société est composé des textes fondamentaux. Ils peuvent être complétés par des images, des vidéos, des maquettes... Ces textes définiront le Québec & le contenu de ces textes proviendra de la participation des Québécois.e dans une approche bottom-up, (voire mon prochain billet, Le Futur que nous voulons troisième partie). Ces textes ne s'adressent pas seulement aux politiciens, aux bureaucrates, aux gouvernements/à ses institutions, aux entreprises, mais en aussi, et avant tout, à tous les Québécois.e. Ils ont pour objectif premier de permettre à tous de mieux comprendre le Québec dans ses dimensions essentielles. De cette compréhension naîtront, nous le souhaitons, une adhésion enthousiaste au projet de société et une pensée commune, alignée indispensable au développement du Futur que les Québécois.e veulent. Deuxièmement, ce recueil permettra à tous les Québécois.e de comprendre de quelle manière ils peuvent participer pleinement au développement du Québec et comment ils peuvent le représenter adéquatement. Ce paragraphe est inspiré des textes ''Régie d'entreprise'' du groupe CGI.
Ces textes comprendront entre autres les chapitres suivants: le terme, les forces-faiblesses -opportunités-menaces (FFOM), les valeurs, la mission, les stratégies, la vision.
Brièvement:
1) Le terme signifie le moment dans le temps où le projet sera complété, l'horizon de réflexion. Pour une société comme le Québec un terme de 50 ans semble être un minimum compte de ses défis;
2) L’analyse FFOM est utilisée pour identifier les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces du/pour le Québec. L’analyse des forces et des faiblesses tend à se concentrer sur les problèmes et l’expérience passée/actuelle sous le contrôle du Québec, celle des opportunités et des menaces est axée sur l'extérieur du Québec (hors de son contrôle) et sur l’avenir.
a) À titre d'exemple comme forces: ses ressources naturelles, la grandeur de notre territoire, ses réservoirs d'eau douce, ses institutions (politiques, légales, financières...), sa démocratie, son expertise dans certains domaines, son l'hydroélectricité (source d'énergie renouvelable), ses universités, sa langue, son histoire, ses valeurs, ses coopératives...
b) Comme faiblesses: Pour certains, les exemples de force cités plus haut sont des faiblesses. Comme exemples de faiblesses pensons à son endettement, des prévisions chimériques, une démocratie discutable, la perte de confiance sur les institutions, son système d'imposition, l'écart grandissant entre les classes sociales, les chasses gardées entre les professions, des mesures économiques dépassées (PIB), sa démographie, l'absence de vision à long terme, la corruption, l'évasion fiscale, l'état de ses infrastructures, la concentration urbaine...
c) Par menaces nous comprenons les grands défis auxquels sera confronté le Québec. Qu'ils soient à l'échelle mondiale, nord-américaine, canadienne, Québécoise, ils auront une incidence négative (et aussi une source d'opportunités) sur la réalisation de ses ambitions. Nous pensons à la surpopulation, la surconsommation, déplacement des populations du sud de l'hémisphère vers celui du nord, le risque de pandémie, la concentration de la richesse économique et son pouvoir, le surendettement de plusieurs pays, la corruption, l'évasion fiscale, le capitalisme extrême, la croissance obligatoire et à tout prix, les besoins en énergie croissants, les inégalités internationales, la mondialisation, le terrorisme, les catastrophes écologiques, changements climatiques, perte de la biodiversité, répartition & accessibilité à des ressources naturelles, dont l'eau, la concentration urbaine avec ses risques et conséquences amplifiés....
Posons-nous les questions suivantes: face à ces menaces, sommes-nous en mode réaction ou proactif? Est-ce que nous apportons des solutions durables aux causes de nos enjeux ou nous optons plutôt pour des réponses qui soulagent temporairement les symptômes? À mon avis, sans une vision d'au moins 50 ans, il est impossible d'être vraiment créatif et d'apporter des solutions durables. En fait il faut ouvrir nos horizons.
d) Et les opportunités. Elles sont les possibilités dont le Québec peut éventuellement tirer parti. Voici quelques exemples de questions qui permettront d'identifier les opportunités en mettant en relation les facteurs de l'analyse FFOM: comment maximiser les forces? Comment minimiser les faiblesses? Examiner en quoi les forces permettraient de maîtriser les faiblesses, d'identifier et de maximiser des opportunités? Comment corriger les faiblesses en tirant parti des opportunités, comment minimiser les menaces, comment utiliser les forces pour réduire les menaces ou y trouver des opportunités...
3) Les valeurs. Les valeurs sont définies comme des préceptes généraux d'une société entière. Elles sont partagées par de vastes groupes sociaux. Elles influencent les attitudes, les comportements des personnes, orientent nos choix, nos projets, justifient nos comportements et notre adaptation au contexte social.
Quelques exemples: Coopération, objectivité-intégrité, la rigueur, la transparence, l'implication, la famille, qualité de la communication, sens de l'honneur, une solidité financière, le respect (individuel, international, environnemental, de la vie....)....
Nous sommes d'accord pour affirmer que des valeurs fortes & partagées sont fondamentales pour une société. Et pourtant, si nous demandions aux Québécois.e, aux politiciens, quelles sont les valeurs du Québec, nous obtiendrions des réponses aussi variées que le nombre de personnes sollicitées. Demandons-nous si nous avons des valeurs partagées avec fierté, bien définies, priorisées, pondérées, d'un vocabulaire commun, bien enracinées, continuellement renforcies. Et si votre réponse est non, alors sur quelles références bâtissons-nous le Québec? Ou à quoi ressemblerait si le Québec s'il avait des valeurs forgées par des années de formation, de renforcement rigoureux & éprouvées par des années d’expérience?
4) La mission. La mission représente la raison d’être des Québécois.e, le cœur de ses activités. Elle énonce succinctement son rôle, ses buts. Elle communique aux Québécois.e et au reste du monde quelles sont ses principales activités et comment elle les accomplit.
Un exemple: La mission des Québécois.e est de léguer aux générations à venir une richesse plus grande que celle qu'ils ont reçue & une direction de développement soutenable.
Bien entendu il faudra définir ce que nous entendons par richesse, de développement soutenable & de quelle façon nous allons les mesurer. Nous pouvons facilement imaginer à quel point une telle réflexion sera structurante. Pour l'instant, il semble que richesse soit la croissance du PIB.
5) Les stratégies. Elles présentent l'ensemble des composantes majeures, les grandes orientations qui guideront nos décisions de portée court et moyen terme. Elles sont le fruit d'une réflexion circulaire (non linéaire) entre les FFOM, les valeurs, la mission et l'expérience collective. Elles sont élaborées de façon à maximiser la synergie entre les FFOM, les valeurs, la mission et l'expérience collective afin de rendre les actions aussi efficaces que possible et de maintenir le cap sur la mission et le projet de société.
Elles seront donc uniques au Québec et définiront le Québec.
Exemples de stratégie: maintien d'une démographie équilibré - un peuple en santé, éduqué & impliqué - le choix du statut politique. Si l'indépendance est retenue, alors quel genre de pays i.e. neutre, partiellement neutre, avec ou sans armée - une économie basée sur le développement durable & sur production de besoins soutenables - utilisation de mesures justes & fiables - un faible taux d'endettement - mouvement coopératif - recherche scientifique fondamentale et opérationnelle pour innover...
Comme le lecteur l'aura remarqué, j'ai inclus le choix du statut politique comme une stratégie. Et si ma classification est juste, cela confirme, une fois de plus, que l'indépendance n'est pas un projet de société & nous fait réaliser toutes les réflexions que nous n'avons pas, qui sont déviées/éviter et qui font que nous tournons continuellement en rond sans direction.
Et si l'indépendance est le choix retenu, supporter par le projet de société, elle sera une reconnue par la majorité des Québécois.e.
6) La Vision. Elle est une représentation du futur souhaité. Elle reflète ce qui est commun au groupe, ce qui le soude, unique à ce groupe. Et il ne peut y avoir qu’une seule Vision pour ce même groupe. Elle annonce les intentions de la communauté quant à ce qu’elle entend accomplir durant le terme retenu. Elle est communiquée sous forme de textes complétés par des films, vidéos, des graphiques...
Exemple de Vision: Nos générations futures seront reconnaissantes & fières de l'héritage des générations passées.
Et voilà. Avec ce billet j'ai répondu à la deuxième question citée en introduction soit : quel est le contenu du plan projet de société partagé. Je souhaite que les Québécois.e y voit dans cette approche une opportunité de structurer & d'articuler le futur qu'ils veulent.
Dans mon prochain billet, En route vers le futur que nous voulons partie 3, je répondrai à ma première question soit: qu’est-ce qu’une démarche articulée, structurée pour se doter d’un plan projet de société partagé et commun. Les mots importants de cette question sont ''partagé et commun. La démarche que je vais proposée permettra à tous les Québécois.e de participer et d'approuver le contenu de chacune des étapes du projet de société.


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1 commentaire

  • Robert J. Lachance Répondre

    1 juin 2015

    Notre monde politique au Québec est dominé par la vague baby-boom depuis proche 50 ans comme nulle part ailleurs. Sans un changement à envisager au poids politique de nos générations, notre avenir prend du retard.
    Pour changer le poids politique des générations, je préfère accorder le droit de vote aux moins de 18 ans que d’enlever celui dont jouissent encore les 65 et plus. Comme les moins de 18 ans, les plus de 64 ne contribuent plus substantiellement à notre force de travail et de régénération.
    Dans une démarche en vue d’un projet de société partagé et commun, ne devons nous pas nous interroger et nous entendre sur la nature et l’octroi du droit de vote dans un contexte de passage obligé intergénérationnel si souhaité équitable et juste ? J’en ferais matière d’une constitution provinciale ou nationale.
    Dans ses propos avant, pendant et après course, PKP est un chef sensible à l’équité et la justice. À ma connaissance, son désir d’équité et de justice n’a pas été contesté par ses concurrents.
    Un graphique vaut 1000 mots.