En quête d’un miracle

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«Le Parti québécois navigue en eaux périlleuses»





Tant qu’on a la santé, dit-on, tous les espoirs sont permis. Pour Véronique Hivon, obligée de quitter la course à la chefferie péquiste pour soigner une vilaine labyrinthite, une fois remise sur pied, les voies de l’avenir en politique lui resteront ouvertes.


D’autant plus que, cette fois-ci, de toute évidence, n’était pas la «bonne» pour la députée de Joliette. Doublée dès le début par son ex-allié Alexandre Cloutier, lui-même plébiscité par l’establishment péquiste, Mme Hivon devait ramer fort contre la vague.


Réduite aussi par certains au rang de candidate «trop gentille», elle a pourtant étayé une vision cohérente misant sur un Québec à nouveau capable de prendre soin de son monde.


Connue pour son leadership transpartisan dans l’épineux dossier du «mourir dans la dignité», Mme Hivon est tout d’abord une sociale-démocrate d’esprit et de cœur.


Virage humaniste


Comme ministre déléguée aux Services sociaux dans l’éphémère gouvernement Marois, Mme Hivon y avait en effet enclenché un virage humaniste auprès des «clientèles» dites les plus vulnérables.


Balayé dès après l’élection de 2014 par une austérité budgétaire désincarnée des besoins réels des Québécois, ce virage pourtant essentiel n’a malheureusement jamais pu être effectué.


On oublie trop qu’en matière de gouverne, l’empathie est la marque sous-esti­mée d’une force réelle. En ces temps troubles où la politique est souvent l’otage d’énormes ego ou de quelques Narcisse encore plus inquiétants, cette qualité rarissime n’est pas un détail.


Pendant que certaines de nos politi­ques publiques les plus honteuses nous amènent à craindre de croupir dans les pires urgences en Occident, de vieillir dans un CHSLD sous-financé, d’être handicapé ou aidant naturel dans un système déshumanisé, le fait est que le Québec aurait besoin d’au moins 10 Véronique Hivon.


Également souverainiste, sa capacité notoire à «rassembler» lui avait aussi valu d’être déléguée par son ex-chef PKP à la «convergence» des forces souverainistes.


Eaux périlleuses


Quant à la chefferie, les Alexandre Cloutier, Jean-François Lisée, Martine Ouellet et Paul St-Pierre Plamondon se disputent déjà les appuis orphelins de Véronique Hivon. Seront-ils tentés de se ranger derrière le choix de l’establishment?


D’autres iront-ils vers M. Lisée? Chouchou indéniable des médias et boîte à «idées» sans fond, il est pourtant réputé depuis son arrivée dans les coulisses du pouvoir comme étant aussi changeant que le vent sur l’indépendance, la loi 101 ou même le débat identitaire.


Au-delà de la course, un fait demeure toutefois: le Parti québécois est aujour­d’hui grandement affaibli. Affaibli par 20 ans de silence sur sa propre option. Affaibli aussi par la CAQ, dont le chef François Legault a lui-même quitté le PQ dans le seul but de le supplanter un jour comme l’alternative aux libéraux.


Face aussi à la redoutable machine libé­rale, le Parti québécois navigue en eaux périlleuses. À défaut d’un prochain chef combinant la détermination d’un Parizeau à l’humanisme d’une Véronique Hivon, les militants péquistes n’auront pas tant besoin d’un «sauveur» que d’un véritable miracle.




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