Discrimination envers la chanson en français

Tribune libre

Demandes spéciales, vraiment?
Il est curieux de constater qu'une émission radiophonique - dans laquelle l'auditeur est censé pouvoir demander une chanson de son choix - suggère fortement quel genre de chanson demander. Pire, il y a même discrimination sur la langue de cette chanson.
Lors d'une émission de demandes spéciales sur les ondes d'une des quatre grandes radios commerciales francophones de Montréal, je me suis surpris à éprouver le désir d'entendre une vieille chanson rock de Marie Carmen du début des années 90. De la même manière, je me suis dit qu'une chanson en français détonerait avec le nombre écrasant de chansons en anglais diffusées sur les ondes. Or quelle ne fut pas mas surprise de me faire répondre par le téléphoniste ou l'animateur de la station en question qu'il serait impossible de faire jouer ma chanson et que je devais faire un autre choix. J'ai demandé s'il s'agissait bien d'une émission de demandes spéciales, mais le préposé m'a répondu que seul un certain type de musique était éligible sur leur station, sans toutefois préciser de quel type il parlait. J'optai donc pour une chanson de Phil Collins qui date de la même période que la précédente, mais évidemment en anglais. Eh bien le préposé me répondit que ma chanson allait être jouée au cours des minutes qui suivraient, ce qui fut fait.
La semaine d'après, j'ai réessayé une tentative où, lors du premier appel, je demandai une chanson de Yann Perreau et une chanson de Justin Timberlake lors du deuxième appel. Ce fut encore une fois la seule chanson en anglais qui fut diffusée sur les ondes de la station en question.
Voilà donc un des gros problèmes de nos stations radios commerciales au Québec et qui explique pourquoi si peu de chansons francophones sont entendues aux heures de grande écoute. Il y a discrimination envers la chanson d'expression française et imposition massive de chanson anglophone de la part des propriétaires de ces stations, qui constituent carrément des monopoles. Les compagnies comme Astral Media et Cogeco, en plus de monopoliser les stations radios commerciales du Québec entre leurs mains, imposent massivement de la musique anglo-américaine à leurs auditeurs en discriminant la chanson française. Même en ce qui a trait aux succès des années 80-90, leur préférence va à la chanson en anglais.
Ces compagnies se cachent souvent derrière le faux argument selon lequel les auditeurs veulent entendre de la musique en anglais. Mais ce sont elles qui discriminent la chanson française et qui imposent une demande en favorisant certains produits au détriment des autres. Du même coup, ces stations favorisent l'anglicisation et l'américanisation de la culture québécoise. Peut-être est-ce ce qu'elles visent? En tout cas, dans ce contexte, pas étonnant qu'une partie croissante de la jeunesse québécoise en vienne à penser que la musique est un art qui se pratique uniquement en anglais. Puis les animateurs de ces stations, par leur silence et leur laisser-faire, sont complices de cet état de fait.
Les radios sont l'instrument privilégié pour diffuser la culture québécoise, culture qui s'exprime en français. Par leur visibilité et leurs énormes moyens, les radios commerciales québécoises ont un devoir de favoriser cette culture.
Stéphane Martel, Montréal


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    4 février 2012

    C'est en effet une grande problématique. Le problème est que ces radios favorisent aux heures de pointe que des chansons anglophones. En effet, on pourra entendre de la musique francophone dans la soirée et tôt le matin, mais encore là, en dehors des heures les plus achalandées des auditeurs. Il est donc primordial de renverser la chose afin de maximiser l'écoute francophone.
    Il y a aussi beaucoup de termes anglophones advenant des commentateurs et de leurs radios radiophoniques,tel par la publicité par exemple, comme pour essayer d'être ''in''.