Dion: «Je suis un nationaliste québécois»

«Les soi-disant sympathies de Stephen Harper pour les nationalistes québécois, c'est de la poudre aux yeux», tranche Stéphane Dion.

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Élections fédérales du 14 octobre 2008


Stéphane Dion estime que Stephen Harper dupe la population quand il lui promet «une fédération du nirvana». (Photo Bernard Brault, La Presse)

Gilles Toupin - «Les soi-disant sympathies de Stephen Harper pour les nationalistes québécois, c'est de la poudre aux yeux», tranche Stéphane Dion.

Chemise ouverte, assis dans la véranda de sa résidence officielle à Stornoway, le chef libéral profite un peu de la petite brise chaude et de la belle lumière de cette fin de journée. Il rentre d'un blitz à Alexandria le matin même et d'une annonce sur la culture à Montréal en début d'après-midi.
La petite pause au jardin est bienvenue. Nous sommes samedi en fin de journée.
Dans son journal du matin, Stéphane Dion a lu que Stephen Harper se drapait dans le drapeau fleur de lys en affirmant que les conservateurs étaient les alliés naturels des nationalistes québécois et que les libéraux étaient des centralisateurs.
«C'est de la poudre aux yeux! répète-t-il. Qu'il me nomme un seul pouvoir fédéral qu'il veut transférer aux provinces. Un seul! Qu'il arrête de faire de la rhétorique et qu'il en trouve un champ de compétence dont il ne veut pas et qu'il le remette aux provinces, s'il est si décentralisateur que cela.»
Stéphane Dion estime qu'il n'a pas de leçon à recevoir de Stephen Harper sur le Québec et que le premier ministre dupe la population quand il lui promet «une fédération du nirvana».
«Je suis un nationaliste québécois, dit-il, j'adore les gens et j'adore la terre du Québec. (...) J'adore l'hiver. Ce qui est vrai, c'est que je crois que nous avons, les Québécois, la possibilité d'investir un pays grand comme un continent que nous avons bâti avec les autres Canadiens, un pays qui fait l'envie du monde parce que les Québécois s'en sont occupé. Donc, notre nationalisme n'a pas à s'exprimer seulement par nos institutions propres mais peut s'exprimer aussi par les institutions communes avec les autres Canadiens et le rôle que l'on peut y jouer. Un de mes héros est Paul Gérin-Lajoie. Il a créé le ministère de l'Éducation du Québec et il a créé l'ACDI. Faut le faire! Est-ce que l'un a empêché l'autre? C'est le genre de chose qu'il faut dire aux Québécois. Je pense que notre nationalisme a aussi créé le Canada et que notre identité canadienne enrichit notre identité québécoise. On arracherait de notre coeur cette identité canadienne et nous ne serions pas plus Québécois.»
Quant à la reconnaissance de la nation québécoise par Stephen Harper, encore là M.­Dion y voit une manoeuvre.
«Il y a des années que je dis que nous, les Québécois, formons une nation. Le problème, ce n'est pas cela, explique-t-il. Le problème, c'est de savoir comment arriver à faire cette reconnaissance sans donner prise à l'argument des chefs indépendantistes qui disent que si nous sommes une nation, nous ne pouvons pas rester dans le Canada. (...) Le jour où M.­Harper m'a appelé pour me demander comment faire, je leur ai donné mon point de vue. Est-ce qu'ils ont suivi mon point de vue? Peut-être pas. Mais j'aurais fait attention de donner l'impression que ça concernait seulement les francophones. Quand M.­Harper et ses ministres n'ont pas été capables de dire que la nation, ça concernait tous les Québécois, cela m'a choqué parce que j'ai senti la manipulation.»
M.­Harper se targue aussi d'avoir réglé le déséquilibre fiscal, rappelle le chef libéral, alors que les provinces continuent et continueront toujours à revendiquer plus d'argent. «Il est en ce sens irresponsable», affirme M.­Dion.
Le chef conservateur se fait aussi un phare et un drapeau de la place qu'il a donnée au Québec à l'UNESCO. «Tout ce qu'il a fait, c'est de formaliser une pratique que nous, les libéraux, avons adoptée depuis longtemps, soutient Stéphane Dion. Même que cette place, nous la réservions à un ministre québécois, pas à un fonctionnaire.»
Bref, le chef libéral affirme que M.­Harper se trompe quand il ramène l'enjeu de la campagne à une opposition entre le nationalisme québécois et le Canada.
«Nous n'avons pas à faire un choix entre le nationalisme québécois et le Canada, dit-il. La vraie question est la suivante: qu'est-ce que le nationalisme québécois peut apporter au Canada? Ce débat-là, je vais le gagner contre M.­Harper. Parce que la grande majorité des gens veulent que l'on fasse quelque chose pour l'environnement; ils veulent que l'on établisse ce lien entre l'environnement et l'économie, un lien qui s'exprime très clairement par le coût du pétrole et la pollution. Le Tournant vert est quelque chose qui va comme un gant au Québec, puisque le Québec a déjà l'électricité. C'est un projet qui contient tout ce qu'il faut pour lutter contre la pauvreté, pour aider la classe moyenne et les familles.»


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