« 'Churchill, sa vie, ses crimes' : ce vieux bon salaud de Churchill »

Dessinez-moi un salaud M. Houdassine

Tribune libre

     Je n’ai pas apprécié qu’Ismaël Houdassine emploie dans Le Devoir le mot « salaud » dans le titre de sa critique : « Churchill, sa vie, ses crimes : ce vieux bon salaud de Churchill »*, portant sur un livre traduit de l’anglais et publié par une maison d’édition française de seconde zone**. Même si le qualificatif « bon » adoucit quelque peu la dureté du mot, je prends la peine de lui donner sa définition prise dans Le Petit Larousse illustré : « Homme méprisable et déloyal. »***


     Nous parlons de l’homme qui a galvanisé les Britanniques dans les années 1930 et 1940, se battant sans relâche contre les faibles du gouvernement qui pliaient devant Adolf Hitler (même le roi Édouard VIII, l’oncle d’Élisabeth II, sympathisait avec les nazis). Qui sait, si le « lion » Churchill n’avait pas été là, l’issue de la guerre aurait pu être tout autre. Nous lui devons une fière chandelle.


     L’effet aurait été le même si Ismaël Houdassine avait traité Charles de Gaulle de salaud (nul doute qu’un jour sortira un livre des anciennes colonies, traduit de l’arabe, qui assimilera ce grand homme au diable en personne). Hitler, Mussolini et Staline (Jamais, dans aucun pays, plus de révolutionnaires n’ont été tués ou réduits en esclavage qu’en Russie soviétique.****) étaient, eux, des salauds (nul besoin de placer le qualificatif « mauvais » devant), mais pas Churchill, un soi-disant salaud qui a obtenu le prix Nobel de littérature en 1953.








*** Le Petit Larousse illustré 2018, p. 1037.


**** Arthur Koestler, œuvres autobiographiques, Éditions Robert Laffont, coll. Bouquins, Paris, 1994, p. 778.





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1 commentaire

  • Sylvio Le Blanc Répondre

    12 août 2023

    Churchill, ce salaud !  


    Quelle lecture fascinante que celle de Churchill, sa vie, ses crimes (éditions La Fabrique), de Tariq Ali ! L’auteur militant gauchiste est né au Pakistan, sous l’Empire britannique. Anti-impérialiste, il déteste l’homme au cigare tout autant que de Gaulle, Hirohito, Staline, Hitler, et tous les bonzes ayant présidé aux destinées planétaires au XXe siècle. Cet ouvrage très fouillé, mais orienté, propose une tout autre vision de Churchill. Dépeint sous des couleurs racistes et misogynes, le bouledogue anglais en prend pour son rhume. Voilà qui fait grogner, mais qui aide à relativiser les hagiographies à sa mémoire.


    Odile Tremblay, Le Devoir


    https://www.ledevoir.com/culture/796075/les-flaneurs


    ______________


    Churchill et de Gaulle mis sur pied d'égalité avec Staline et Hitler, il faut le faire.


    Sylvio Le Blanc