En 2022, l’IREC a publié (à son tour) une analyse critique (volet 1 et 2) sur l’évolution du Mouvement Desjardins depuis les années de la présidence de Claude Béland (1986-2000) jusqu’à celle de l’actuel président Cormier; l’IREC s’est gardée de mentionner les noms des présidents en fonction; depuis Claude Béland, ils ont tous été à la solde d’autorités autres que celles des membres des Caisses populaires : ce sont plutôt les agences de notation financière européennes et américaines, ainsi que les dirigeants de la Fédération des Caisses populaires Desjardins de Montréal et de l’Ouest du Québec (présidée alors par Guy Bernier) (la plus grosse et la plus influente des 11 fédérations de Caisses de la province de Québec; dixit Claude Béland dans son autobiographie de 2015, FIDES) qui dirigent maintenant Desjardins. Claude Béland aura eu comme leitmotiv tout au long de sa présidence, l’adaptation des Caisses à la modernité du monde de la finance; ce qui a complètement dénaturé l’oeuvre coopérative de Dorimène et Alphonse Desjardins.
Selon l’IREC et les leçons à tirer sur l’exercice de la puissance (volet 1), les deux chercheurs (Robert Laplante, docteur en sociologie économique et Hubert Rioux, docteur en science politique) posent comme hypothèse de départ ceci :
«Desjardins occupe un point névralgique dans l’économie du Québec. C’est une puissance lentement bâtie grâce à la solidarité et au soutien populaire et qui inspire confiance et fierté. Une institution d’une telle envergure suscite au moins autant d’attente qu’elle engendre des retombées. Et c’est pourquoi il importe de revenir périodiquement sur la place qu’elle peut et doit tenir dans le développement collectif.»
Cette prémisse du volet 1 laisse entendre que le Mouvement Desjardins serait redevable à toute la population du Québec; c’est là une grave erreur de conception d’une coopérative : une coopérative est redevable à ses membres-propriétaires. Même si toute la population du Québec était membre d’une Caisse Desjardins, la prémisse des chercheurs demeurerait erronée, car une Caisse populaire n’est aucunement une oeuvre collective sinon celle de ses sociétaires, membres-propriétaires à qui elle appartient.
Dans la seconde prémisse de départ, les chercheurs prétendent «qu’il faut pouvoir compter sur un si puissant instrument… dans les grands choix de société.»
Après avoir reconnu en 3e prémisse que «Desjardins a fait des changements de structure et de fonctionnement qui a privilégié des orientations dont il faut examiner la pertinence, l’IREC demande d’en comprendre la portée et la logique pour que dans le débat public (!?) puisse être mieux saisis son rôle et sa contribution.»
Le ton est donné : Desjardins «appartiendrait» au peuple du Québec! C’est l’IREC qui affirme ça! Et plus : «Les défis qui pointent vont s’avérer de plus en plus exigeants pour toute la société et pour les institutions, en particulier pour celles qui contribuent à la solidarité et à la recherche d’une prospérité plus équitable, plus durable.
L’IREC veut certainement bien faire, mais sa façon de penser l’analyse de Desjardins est à la base incorrecte et fautive : si Desjardins est encore une coopérative (là est la véritable question), ce n’est pas son rôle de sauver la province ni toute la collectivité du Québec : c’est à ses membres que doit revenir la réussite financière et le fruit de l’exploitation financière des membres-propriétaires des Caisses. Les trop-perçus doivent être versés à la grande majorité en ristourne aux membres qui ont fait vivre et assuré la réussite de la coopérative. Cependant, puisque Claude Béland a chamboulé la structure organisationnelle et décisionnelle du Mouvement Desjardins sans consulter les propriétaires à la base, il faut s’interroger alors pourquoi Desjardins aurait maintenant une redevance et une solidarité à remettre à tous les citoyens de la province le fruit de l’exploitation des sociétaires des Caisses comme le laisse entendre l’IREC?
L’IREC confirme son déraillement conceptuel du coopératisme par ce premier paragraphe de son résumé en page 4 du volet 1. :
“Le Mouvement Desjardins, qu’il le veuille ou non, il entretient une relation véritablement symbiotique (!?) avec le Québec. La somme faramineuse des capitaux qu’il manie pèse trop lourd dans la dynamique économique québécoise pour qu’on la traite comme une affaire sectorielle ou, pis encore, comme un impensé (?)” L’IREC voulait probablement dire «comme des impenses» (impenses : nom féminin pluriel : dépenses destinées à l’entretien… d’un immeuble) et non comme «un impensé.»
Note 1 : j’ai informé l’IREC des fautes de français retracées dans leurs documents.
Note 2 : l’IREC a aussi été informé de son erreur conceptuelle sur le Mouvement Desjardins.
Note 3 : à ce jour, 28 septembre 2023, l’IREC n’a pas réagi, n’a pas donné signe de vie.
Dans le domaine financier, quand une institution devient «grosse», son discours par ses dirigeants devient «parole d’évangile» et la parole du peuple ne fait plus le poids : l’institution a beau se dire une coopérative démocratique au service de ses membres, l’écoute n’est plus : le plus gros adapte un discours envers les plus petits et la volonté des gros devient la volonté des petits!
Lisons ensemble ce que nous rapporte André Naud, théologien, sur la pensée de Simone Weil, philosophe, dans son livre «Les dogmes et le respect de l’intelligence; plaidoyer inspiré par Simone Weil» FIDES, 3e trimestre 2002, p. 79 et 80 :
“Simone Weil empruntait l’image du «gros animal» à Platon [l’un des plus grands inspirateurs de la philosophie occidentale] qui l’avait utilisée dans «La République».
… Platon… déplorait le peu de place laissé aux «philosophes» dans la direction de la Cité.
… Platon compare d’abord la Cité à un navire (ce qu’a d’ailleurs fait Claude Béland parlant du Mouvement Desjardins comme du «navire amiral» dans son autobiographie de 2015 chez FIDES,) qui serait dirigé par un propriétaire ne connaissant rien à la navigation. Un groupe l’entoure, le louange et le célèbre, s’empare du pouvoir, élimine tous les concurrents que ce groupe connaît, ne se soucie aucunement de l’époque de l’année, de la saison, du ciel, des astres, des vents. Constitué en véritable cour, le groupe que ces personnes constituent traite les vrais connaisseurs - les philosophes - de nébuleux bavards. Telle est l’image que, dans ce passage, Platon se faisait de la société qu’il observait. Elle n’était sans doute pas tellement différente de celle que nous connaissons depuis et jusqu’à aujourd’hui.
Cette première réflexion conduit Platon à essayer de dire les grandes qualités requises du philosophe. Il énumère les qualités suivantes : courage, magnanimité, facilité à apprendre, mémoire - sans doute historique. Le cumul de ces qualités explique que les philosophes sont une plante exceptionnelle, qui pousse rarement. Tout n’est cependant pas encore dit. Platon souligne que les gens aptes à devenir philosophes, déjà exceptionnels par eux-mêmes, se gâtent souvent quand ils sont sous l’influence de la foule. La foule ou la masse, c’est elle «le gros animal».
La situation devient plus mauvaise encore quand on se met à punir ceux qui ne consentent pas à se laisser convaincre par la foule Pensons ici à Monique F. Leroux et ses règlements de régie interne (RRI) 4.6 (saine conduite d’un membre, et 4.7 (réprimande, suspension, EXCLUSION) implantés dans toutes les Caisses en 2010. Le rôle de juge est alors assumé par des gens qui ne se fondent sur rien d’autre que ce que pense la foule. Platon notera : ces gens-là, les punisseurs, ne demandent même pas de justification. Le pire de tout survient quand la philosophie, qui conserve un certain attrait, est briguée par de petits esprits ou des incapables.»
Desjardins n’est pas une institution de charité : Desjardins est une coopérative, une entreprise d’épargne et de crédit financier, à la philosophie de gestion coopérative, au service et au bénéfice de ses membres-propriétaires.
Desjardins n’est pas une Hydro-Québec ni une Loto-Québec ni une Caisse de dépôts et de placements du Québec ni Épargne placements Québec : elle est redevable à ses membres-propriétaires et nullement à la province de Québec et ses gouvernements sinon avec parcimonie et modération comme n’importe quelle entreprise du système capitaliste qui paient ses impôts selon la loi.
La philosophie de gestion coopérative ne fait pas de ces entreprises qui l’adoptent des institutions caritatives ni des mécènes au service du peuple. Toutes les coopératives où je fais des affaires sont «en affaires» et vivent selon le système coopératif dans un monde capitaliste où l’argent est le nerf des affaires et son sang; seuls le coeur et son cerveau sont différents.
«Le gros animal» qu’est la foule endoctrinée et manipulée par les autorités a faim des fruits de l’exploitation des sociétaires des Caisses : cette foule n’est pas une démocratie : c’est une ochlocratie c’est-à-dire une gouvernance par la foule, «le gros animal» de Platon et Weil! Ce que plusieurs gouvernements usent de façon exagérée au nom de la démocratie. Ça, Desjardins est passé maître dans l’utilisation par erreur de cette forme de gouvernance au lieu d’être véritablement une coopérative démocratique. Comment les dizaines de milliers de sociétaires d’une Caisse peuvent-ils aujourd’hui s’exprimer (comme autorité) et voter (depuis Claude Béland et son adaptation au modernisme) lors d’une assemblée générale des membres dans une salle qui ne peut recevoir décemment plus de 500 personnes? Impossible selon la loi des coopératives de services financiers : seuls les membres présents ont droit de vote! Et encore, le vote se passe à main levée! Une vraie ochlocratie et non une réelle démocratie.
Depuis les années Béland, la coopérative Desjardins est devenue plus menaçante que bénéfique comme réalité sociale et financière. Contrairement à ce qu’affirme l’IREC dans son second paragraphe du résumé de son analyse, Desjardins n’a pas plus de responsabilités économiques envers le Québec que n’importe quelle autre entreprise financière, sinon toujours envers ses membres-propriétaires, si Desjardins est encore une coopérative; ce en quoi il est évidemment et effectivement pertinent de s’interroger depuis l’oeuvre de dénaturation effectuée par Claude Béland. Voici ce qu’écrit l’IREC dans ce 2e paragraphe :
«La pandémie et ses effets sur l’économie mondiale, la recomposition de l’ordre du monde sous la géopolitique du pétrole, les incertitudes sur les conséquences structurelles de l’accélération de l’inflation, rendent plus incertaines les voies de l’avenir. Plus près du contexte local, la crise du logement, les défis du vieillissement, les difficultés croissantes des couches les moins favorisées, puis la précarisation de la génération montante interpellent d’ores et déjà l’ensemble de notre société. Desjardins ne saurait rester derrière ou en retrait de ces questionnements.»
Bien évidemment, les élus de la coopérative financière peuvent et doivent interroger les élus politiciens du Québec, mais il n’est absolument pas des prérogatives de la coopérative financière d’exploiter les sociétaires, propriétaires des Caisses Desjardins au nom des gouvernements du Québec. Les membres des Caisses ne sont pas des esclaves en épargnes et capitaux financiers au service de la province de Québec.
L’IREC doit se conscientiser à cette réalité de société et cesser de considérer le Mouvement Desjardins comme une entreprise financière qui aurait été nationalisé au service du Québec. Et nos dirigeants des Caisses doivent tout autant arrêter de se prendre pour des «pères Noël» du Québec en mal d’assurer des services sociaux aux collectivités par l’entremise des trop-perçus soutirés sur le dos des besoins financiers des membres des Caisses. La gouvernance de Desjardins est redevable à ses membres… si Desjardins est encore une coopérative; sinon, que la transparence voit le jour finalement en ce qui concerne Desjardins, sa mission et sa gouvernance. Là-dessus, les gouvernements du Québec et l’AMF doivent répondre.
L’IREC a ignoré l’oeuvre capitaliste de Claude Béland et elle le confirme par le paragraphe suivant de son résumé :
«La fusion en 2001, des fédérations régionales à la Confédération a été présentée à l’époque comme un rééquilibrage des structures et de la représentativité dans les instances, une amélioration du processus délibératif et une voie d’allègement du processus décisionnel.»
Au moment où le coopératisme financier devenait puissant au même titre que le capitalisme, des personnes, en mal de ce pouvoir de se placer seules à la direction de cette puissance du capital, ont manoeuvré afin d’accéder, au nom de la coopération, au sommet de cette puissance financière. Voilà l’oeuvre machiavélique de Claude Béland et ses sbires. Et l’IREC palpe cette dimension outrageuse de l’utilisation du coopératisme à des fins collectives et non plus aux nobles fins coopératives inventées par Dorimène et Alphonse Desjardins pour les membres-propriétaires de leur Caisse populaire.
Par Claude Béland, le Mouvement Desjardins est devenu une banque où le siège social décidait de tout et où son président fut facilement reconnu comme le «patron» et le «chef de la direction». Est-ce là encore l’essence même d’une coopérative? Absolument plus. Exactement celle d’une patente privée à propriétaire unique. Malgré l’analyse pointue de l’IREC, celle-ci doit reconnaître qu’elle a aussi été leurrée par Desjardins.
Aujourd’hui chez Desjardins, les dirigeants sont de plus en plus cooptés à des postes de direction des Caisses; l’IREC l’a reconnu. Est-ce là l’essence même d’une coopérative? Absolument pas. La centralisation des décisions est depuis Claude Béland une réalité déconcertante chez Desjardins avec la bénédiction de l’Autorité des marchés financiers (AMF) du Québec. L’ombudsman de Desjardins n’est qu’un poste d’apparat, pompeux, vide de pouvoir et sans réelle écoute des membres. L’IREC a reconnu l’exagération de la structure bélandiste dans son résumé :
“Le modèle de gouvernance de la fédération unique (Desjardins et sa structure depuis Claude Béland) reste d’ailleurs un choix peu répandu parmi les grands groupes coopératifs à l’échelle internationale.
Le lien entre le membre et sa Caisse a beaucoup souffert. Les réalités du marché financier ont vite fait de dresser la logique de l’usager propriétaire contre celle des compromis qu’impose la gouvernance d’une entreprise coincée de plus en plus durement par des cadres de concurrence et des règles du jeu qui ne respectent ni sa singularité (remise des trop-perçus en ristournes selon l’usage de sa coopérative par le membre) ni même quoi que ce soit qui pourrait remettre en cause la suprématie du capital sur toute autre considération.”
Là, l’IREC est venue près de reconnaître l’abolition de la philosophie de gestion coopérative de Desjardins par ceux-là mêmes qui devaient la protéger contre toute intrusion des profiteurs du succès de l’oeuvre de Dorimène et Alphonse Desjardins. D’ailleurs, l’IREC, dans son avant-dernier paragraphe de son résumé (difficile à bien saisir, mais combien réel concernant la compréhension de la philosophie de gestion coopérative), semble le dire :
“Au-delà de la contraction des réseaux de Caisses locales, l’élimination des fédérations régionales a clairement dilué l’originalité de Desjardins, jusqu’alors en phase avec les pratiques les plus courantes chez les coopératives financières, qui s’est alignée davantage sur l’organisation-type des «credit unions» canadiennes et américaines, chez lesquelles les structures à deux paliers (siège social et succursales locales, avec médiation par le biais de la seule Assemblée générale) demeurent la norme.
Le dernier paragraphe du résumé de l’IREC vient condamner la réforme bélandiste des années 1990 sans le dire ouvertement :
“La création des tables de concertation et de proximité régionales ne peut être considérée comme une réponse institutionnelle déployée pour rester en prise directe sur le milieu. D’une part, elles ne sont pas à proprement parler une instance, mais seulement un instrument de consultation apparenté à un mécanisme de rétroaction pour le management de la Fédération; d’autre part, comme il n’y a pas de lien formel entre elles et les instances décisionnelles, ces tables ne participent pas à l’élaboration des choix et orientations touchant les enjeux de la Fédération.”
Ci-dessous, les deux références (volet 1 et volet 2) de l’IREC :
https://irec.quebec/ressources/publications/Rapport_Desjardins-Volet1.pdf
https://irec.quebec/ressources/publications/Rapport_Desjardins-Volet2.pdf
CONCLUSION
Il est bien reconnu aujourd’hui que Desjardins se dirige uniquement par les sondages («focus-group») et non plus par la démocratie. Comme le soulignait Claude Béland interviewé à l’émission “Désautels le dimanche” (Radio-Canada), la présidente Leroux craignait la décote des agences de notation si les trop-perçus servaient à maintenir les services en région plus que nécessaire (paraphrase de la réponse de Claude Béland à l’animateur Michel Désautels).
En 2018, Desjardins a aboli le Conseil de surveillance élu de toutes les Caisses de manière unilatérale pour le remplacer par un comité sous la tutelle du conseil d’administration de la Caisse. Les RRI 4.6 et 4.7 implantés par Monique F. Leroux en 2010 font le travail dictatorial et totalitaire (faire peur pour faire taire : peur d’être exclu de sa Caisse) afin de libérer la direction de toute contestation ou critique des membres insatisfaits. Et que penser de cet oubli majeur de l’IREC : les dirigeants des Caisses, autrefois bénévoles, sont depuis 2005 et Alban D’Amours, rémunérés à plus de 150,00 $/l’heure (chiffre de 2015 : impossible de connaître le chiffre de la rémunération des dirigeants en 2023)!
Raymond Blais, celui de qui Claude Béland a reçu sur un plateau d’argent la présidence du Mouvement Desjardins, avait averti ce dernier de ne pas se prendre pour le président de Desjardins; ce que Claude Béland n’a pas respecté. Issu des Caisses d’économie, Claude Béland a commis la grave erreur de vouloir imposer la coopération : on n’impose pas la coopération, on n’impose pas le coopératisme; jamais Dorimène et Alphonse Desjardins n’ont imposé la coopération aux sociétaires des Caisses populaires. L’adhésion au coopératisme financier a toujours été libre et ses fruits ont toujours été versés à l’ensemble des membres, coopérateurs des Caisses. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, et l’exemple de la Caisse d’économie solidaire Desjardins ainsi que les 100 millions dont s’est cru légitimé Guy Cormier (en 2016 lors de sa nomination à la présidence) de distribuer comme bon lui semblait à des entreprises choisies à sa discrétion, nous démontre jusqu’où l’erreur bélandiste fait aujourd’hui son chemin. Les dons, commandites, subventions et fonds financiers de toutes sortes pullulent au nom de la coopération alors qu’ils sont toutes et tous le fruit de l’exploitation financière des sociétaires des Caisses. Ceux-ci sont devenus les nouveaux esclaves, fruit d’un coopératisme insidieusement converti en un capitalisme de convenance et un communisme dictatorial de bienfaisance. Pensons aux 2 RRI 4.6 et 4.7 que Monique F. Leroux a imposés à toutes les Caisses afin d’obliger les membres des Caisses à avoir une “saine conduite” sous la menace d’exclusion radicale et arbitraire.
Si l’IREC veut, comme elle le précise, revenir périodiquement sur la mission du Mouvement Desjardins, elle devra préalablement lire René Croteau, ex-directeur général de la Fédération de Lévis (“Un patrimoine coopératif défiguré et dénaturé; le Mouvement Desjardins, 1997-2003”, Éditions MultiMondes : en librairie seulement) ainsi que l’autobiographie de Claude Béland (“Claude Béland; une carrière au service du coopératisme” FIDES, 2015). L’IREC y découvrira alors le virage à 180 degrés qu’a effectué ce dernier de l’oeuvre de Dorimène et Alphonse Desjardins : depuis l’ère Béland, l’esprit du coopératisme dans le domaine de la finance s’est converti (adapté, dirait Claude Béland) au capitalisme triomphant, lequel a repris ses droits nés de la révolution industrielle : un capitalisme sauvage faisant des femmes et des hommes les esclaves du système économique, les esclaves du système de l’économie des pays qui veulent prospérer.
Aujourd’hui, Desjardins est plus menaçant que présent auprès de ses sociétaires abusés. Une forme de totalitarisme s’est implantée dans l’esprit des dirigeants, appuyés sont-ils par les gouvernements successifs du Québec et l’AMF : Desjardins fait ce qu’il veut de l’exploitation financière des membres et il les soumet à ses politiques administratives et à sa direction maintenant grassement rémunérée à l’obéissance et à l’imposition de ses dogmes.
Les politiques administratives de la Caisse d’économie solidaire Desjardins (CÉSD) en sont une éloquente démonstration avec l’accaparement par la direction de toutes les ristournes afin de les distribuer à seulement 300 membres-entreprises choisies par quelques dirigeants et employés de la Caisse, le tout à l’encontre des 22 000 membres exploités de la “coopérative d’épargne et de crédit”. Les dons, commandites, subventions, et confections de fonds financiers fusent du Mouvement Desjardins au seul bénéfice de quelques entreprises favorisées et des services publics du Québec : réseau de la Santé, de l’Éducation, des Municipalités. N’oublions pas le 100 millions du président Cormier, fruit des trop-perçus soutirés de l’exploitation financière des sociétaires membres des Caisses.
Le “Gros animal” Desjardins et sa direction ochlocratique nous démontre qu’il n’est plus une coopérative financière démocratique qui appartient à ses membres, mais bel et bien une nouvelle patente financière au service des gouvernements successifs du Québec, une espèce de mécénat orchestré par une autorité qui manipule les citoyens, se rémunère de manière gargantuesque, et qui se croit trop grosse pour faire faillite.
Même Gérald Fillion de l’émission “Zone économie” de Radio-Canada se prête à la promotion des politiques et de la direction de Desjardins au risque d’en perdre son intégrité professionnelle : ses interviews en 2022 et 2023 avec le président Cormier ne furent que l’étalement et la promotion des décisions de la direction de Desjardins au seul bénéfice de Desjardins, sans aucune critique sur l’esprit de coopération et du coopératisme, sans aucune pensée sur l’exploitation des membres sur tout le territoire du Québec d’où est né l’oeuvre des fondateurs.
La direction du Mouvement Desjardins néglige volontairement ses devoirs que lui avaient confiés impérativement les fondateurs de la coopérative financière; Desjardins assume aujourd’hui des missions qui ne relèvent absolument pas de son devoir d’entreprise coopérative financière : Desjardins n’est pas un gouvernement élu à des fins sociales, communautaires et communistes, sinon par la réussite économique et financière des citoyens qui ont compris le message de Dorimène et Alphonse Desjardins que c’était par la pratique de l’épargne que le Québec réussirait sa prospérité économique. Que fait Desjardins par ses commandites aux terrains de golf partout au Québec, dans des centres sportifs municipaux, dans les coopératives de Santé, dans des cliniques médicales privées, dans le réseau public de la Santé, dans le réseau de l’Éducation du Québec et quoi d’autre?
Le silence des autorités parle de plus en plus fort et elles ne pourront plaider l’ignorance lorsque le scandale deviendra public. Ce sont cependant les épargnants des Caisses qui paieront cher pour l’inaction réelle des autorités. Tout comme l’ont payé cher les membres des défuntes Caisses d’entraide économique en 1981.
La manipulation de l’idéologie du coopératisme par les directions du Mouvement Desjardins est maintenant devenue flagrante depuis Claude Béland, mais ni les gouvernements successifs du Québec ni l’AMF n’agissent pour protéger la prospérité financière des sociétaires coopérateurs; ils laissent faire! C’est là un laxisme éhonté. L’AMF se réfugie depuis quelques années derrière une soi-disant confidentialité de ses actions pour faire respecter la protection et la sécurité des déposants dans les institutions financières du Québec. Aussi bien dire qu’il n’est absolument pas question de transparence à la fin de la protection des épargnants du Québec. Et l’AMF menace de poursuites judiciaires si on dévoile ses conclusions sur nos plaintes! Il y a là une influence manifeste de Desjardins sur les décisions de l’AMF : faire peur pour faire taire.
L’IREC devra refaire son analyse critique en s’interrogeant davantage à savoir si l’oeuvre de Claude Béland n’a pas justement défiguré et dénaturé complètement l’oeuvre de Dorimène et Alphonse Desjardins au détriment des vrais bénéficiaires de la lente et patiente construction d’un empire financier qui, devenu trop “gros” pour faire faillite, est devenu la proie d’habiles prédateurs de la finance pour leur bénéfice personnel.
Depuis Claude Béland, le dialogue est fermé entre les membres des Caisses et la coopérative financière; ça n’a plus aucun sens de coopération.
François Champoux, Trois-Rivières
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé