Des supputations non fondées

Commission BT - le rapport «Fonder l’avenir - Le temps de la conciliation»



Dans [Le Devoir du 10 juin 2008, Charles Castonguay->14023] laisse entendre que Gérard Bouchard et Charles Taylor auraient été induits en erreur sur le bilinguisme des francophones. Mal conseillés, ils auraient ainsi mis en garde la majorité francophone quant au «risque de se retourner contre l'apprentissage de la langue anglaise» (p. 217). Or, il est faux d'attribuer ce risque au «recul» du pourcentage de francophones bilingues au Québec (il aurait légèrement glissé de 36,9 % à 36,1 % entre 2001 et 2006).
En ma qualité de contractuel pour la commission, je dois témoigner du fait que les coprésidents ont été avisés de la diffusion d'un courriel enjoignant les francophones à cacher leur connaissance de l'anglais au recensement de 2006. Les coprésidents connaissaient également l'invitation de Statistique Canada à traiter les données du dernier recensement avec prudence. D'où le fait que MM. Bouchard et Taylor appuient leur crainte d'un éventuel unilinguisme français chez les francophones (inquiétude que je ne partage pas) sur des motifs tout à fait autres que les données de recensement.
Par ailleurs, la commission Bouchard-Taylor avait été avertie du caractère flou des recensements sur la connaissance des langues officielles. En effet, dans son mémoire à la commission, Charles Castonguay lui-même a, trois fois plutôt qu'une, qualifié ce genre d'information de «primitive at best». Dès lors, on est en droit de se demander pourquoi revenir sur de si pauvres données, d'autant plus qu'elles n'ont pas servi en l'occurrence?
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Michel Paillé, Démographe, chercheur associé, chaire Hector-Fabre, UQAM, 18 juin 2008

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Démographe, Michel Paillé a fait carrière dans des organismes de la loi 101. Contractuel pour la commission Bouchard-Taylor (2007-2008), il été blogueur au Huffpost Québec (2012-2017). Il a participé à plusieurs ouvrages collectifs dont celui des Intellectuels pour la souveraineté : Le pays de tous les Québécois. Diversité culturelle et souveraineté, 1998.





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