Mme B, proche du RIN, nationaliste, défenseure du français. Langue qu'on devrait cependant un peu simplifier et actualiser, contrairement à ce qu'elle pensait, l'essence du français, sa beauté, ce ne sont pas ses trop nombreuses exceptions. Oui Madame, beaucoup d'humoristes se complaisent dans une langue de très bas niveau. Il faut viser plus haut.
Femme de tête, grande communicatrice, cultivée, quoiqu'un peu arrogante. Elle s'est opposée à tort et avec véhémence au mariage gai, je ne sais pas si elle a changé d'idée depuis, le temps lui a donné tort, les lois ont été votées et le mariage hétéro existe toujours et la société ne s'est pas effondrée. Je suis gai et j'ai répliqué à Madame B dans quelques journaux et revues à l'époque.
Elle avait le courage de ses idées, polémiste douée, entêtée, elle frisait parfois la mauvaise foi. Je lisais souvent ses chroniques dans Le Devoir, puis dans Le Journal de Québec. Elle avait le courage d'être souvent à contretemps de notre époque, un peu comme moi et plusieurs. Assez souvent, j'étais d'accord avec elle, même si chez certaines élites, il était de bon ton de s'afficher contre ses dires.
Je n'étais pas loin de partager son pessimisme sur l'avenir de notre nation française, qui s'est dit non par deux fois aux référendums de 80 et 95. C'est un peu le propre des gens de la génération d'après-guerre, dont je suis, j'ai quinze ans de moins qu'elle, d'être déçus de voir ce grand rêve d'indépendance du Québec non réalisé. Il faut garder un certain optimisme face à notre avenir national, l'alternative, c'est la résignation et le désespoir qui ne peut qu'accélérer le déclin du Québec, j'ai du mal à m'y résoudre. Son regard de sociologue sur notre société va me manquer. Après le départ d'un autre chroniqueur, Frédéric Bastien, je constate encore qu'il y a des êtres difficiles, sinon impossibles à remplacer. Voilà, je pense que l'actif l'emporte sur le passif dans son cas.
Pierre Boucher
Fonctionnaire retraité
Québec
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1 commentaire
François Champoux Répondre
5 juillet 2023Bonjour M. Boucher,
Merci de votre bonne réflexion sur Denise Bombardier.
Effectivement, Mme Bombardier s’est enfermée avec le temps dans une arrogance qui l’a dépassée. C’est un danger qui nous guette tous à trop vouloir chercher et trouver la vérité.
Nul n’est irremplaçable: il n’y aura qu’une seule Denise Bombardier. On peut la remercier d’avoir été Denise Bombardier, mais pas d’avoir cherché à être une autre: a-t-elle cherché à être une autre? Je ne pense pas. Mais en cherchant trop la vérité, et à avoir raison, elle s’est quelque peu enfargée dans ses raisonnements. Souvent, elle ne prenait pas assez de recul pour affirmer trop vite des pensées ou convictions qui manquaient justement de réflexion et de justes argumentations.
Remercions Mme Bombardier d'avoir été Denise Bombardier avec ses qualités et ses lacunes.
François Champoux, Trois-Rivières