Déficits: comment la Suède a sauvé ses finances publiques

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La recette suédoise du redressement

Le Premier ministre suédois Stefan Löfvén (social-démocrate) évoque, pour L'Express, la façon dont son Suède a redressé la situation au moment de la crise spectaculaire crise des années 1990.
Comment la Suède, au moment de la grave crise des années 1990 (crise financière, bancaire, immobilière, de l'emploi) a-t-elle redressé la barre ?
Lorsque nous sommes revenus aux affaires à l'automne 1994 en succédant aux modérés (centre-droit), la situation était critique: explosion du chômage, déficits publics, endettement, etc. Nous avons fixé un objectif: diviser le chômage par deux au cours de l'année 1996. Un certain nombre de gens disait: "C'est impossible." Et pourtant nous avons réussi.
Une des clefs du succès tient au fait que, en dépit de nos difficultés financières, nous avons massivement investi dans la formation et la connaissance. Nous avons construit des écoles supérieures et des universités afin que davantage de jeunes accèdent à des études du 3e cycle. De plus, nous avons élargi le spectre en misant également sur les formations techniques afin de donner une seconde chance à ceux dont le niveau d'éducation était trop faible.
A l'époque, jusqu'à l'an 2000, environ 800 000 Suédois [la population totale de la Suède est de 9,5 millions d'habitants] ont bénéficié de formations complémentaires. Quand la conjoncture s'est améliorée au tournant du siècle, les gens ainsi formés maitrisaient les nouvelles technologies. Et avaient la capacité à répondre aux nouvelles offres d'emplois qui se présentaient. Trop souvent, dans certains pays, les entreprises qui souhaitent recruter sont face à des chômeurs qui n'ont pas eu accès aux formations adéquates. Et qui restent sur le carreau.
Dans la fonction publique, le nombre de d'employés est passé de 1,65 million en 1991 à 1,3 million en 2001, ce qui représente une baisse d'un cinquième du nombre de fonctionnaires....
En effet. Mais nous n'avions pas le choix. Les déficits publics étaient énormes. Or lorsqu'on gère un Etat, on ne peut pas avoir faire plus de dépenses que de recettes. Ce n'est pas viable. Pour éviter que les choses ne s'empirent, la Suède, durant cette période, a donc eu moins d'infirmières, moins de profs et moins de personnel dans les maisons de retraites. Ni les communes, ni les régions, ni l'Etat n'avaient de l'argent. Je n'ai jamais oublié la leçon: avec l'argent public, il faut faire très attention. Sinon, ce ne sont pas les biens portants déjà bénéficiaires de l'Etat providence qui en paient le prix; ce sont ceux qui auraient réellement besoin d'aide. Cette période s'est terminée aux environs de l'année 2000. Puis nous avons réembauché.
Actuellement, le taux de chômage est de 8,3% en Suède. C'est beaucoup plus que celui du Danemark voisin, 5%...
En effet, c'est un niveau élevé. Contrairement à nos prédécesseur [coalition de centre droit, 2006-2014], nous ne croyons pas que la loi naturelle du marché puisse à elle seule réduire le chômage. Pour notre part, nous allons augmenter l'investissement public dans le logement et chemin de fer. Cela fournira du travail et augmentera la productivité du pays. Il nous faut aussi un politique industrielle et d'innovation beaucoup plus active. Nous voulons notamment favoriser les investisseurs des sociétés de capital-risque de manière à ce qu'elles aident les innovateurs d'aujourd'hui à créer les emplois de demain.


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