GUERRE CULTURELLE

De trop chez nous

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La télé québécoise : trop blanche et trop canadienne-française pour les fanatiques de la diversité


Samedi dernier est paru dans La Presse un article appelant à demi-mot à la purge contre les vieilles séries télé québécoises.


La journaliste, Marie Allard, se demandait si quelqu’un prenait la peine de revisionner ces séries avant de les projeter de nouveau au petit écran. Ne risquent-elles pas de véhiculer des stéréotypes pouvant heurter la société actuelle ?


Je la cite : « Quelqu’un regarde-t-il ces émissions avant leur rediffusion afin de s’assurer que les scènes “passent” toujours ? »


Censure


Elle se demande aussi que faire devant les « blagues qu’on ne trouve plus drôles en 2020 ».


Autrement dit, il faut soumettre le passé à l’idéologie actuellement dominante. Je serais curieux de savoir qui pourrait siéger au comité décidant de ce qui est tolérable aujourd’hui et de ce qui ne l’est plus.





J’ai déjà critiqué ce texte sur mon blogue, mais je me permets d’y revenir tellement le sujet importe. Une œuvre d’art n’est pas un simple relais idéologique. Elle est traversée par plusieurs sens. On ne saurait la traiter comme un vecteur de propagande.


Certains invitent ainsi à recontextualiser les œuvres. C’est la méthode Autant en emporte le vent. On le sait, ce film est devenu, avec les années, un symbole à bannir parce qu’il portait une vision romantique des États du sud au temps de la guerre civile américaine. En juin, HBO l’a retiré de son offre télévisuelle pour le « recontextualiser ».








Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.





Nos censeurs veulent généraliser cette logique.


Que faire devant Les filles de Caleb, Lance et compte, Scoop, Le temps d’une paix ou Les belles histoires des pays d’en haut ? Faudra-t-il encadrer leur rediffusion d’une note explicative ? Devrons-nous censurer certaines images et conversations ?


Élargissons à l’international : que ferons-nous devant les James Bond ? Devrons-nous les recontextualiser en expliquant au début du film que la représentation du désir entre les sexes qui s’y exprime est aujourd’hui condamnée ? Les censeurs vont s’amuser.


Il faut dire que la journaliste a de la suite dans les idées. Fin juillet, dans un article consacré à la littérature jeunesse québécoise, elle décrétait qu’il s’agissait d’un univers « trop blanc ». Je la cite : « La littérature jeunesse québécoise met en scène des héros presque tous blancs, qui s’appellent plus souvent Tremblay et Gagnon que Wong ou Khan ».


Question toute simple : est-ce qu’il faut désormais voir comme un signe de racisme systémique le fait qu’au Québec, dans la littérature comme dans la vie réelle, on trouve plus de Tremblay et de Gagnon que de Wong et de Khan ?


Tremblay


Pour peu que l’on connaisse l’histoire de notre pays, pour peu qu’on sache que Tremblay y est un patronyme plus fréquent que Khan, faut-il présenter cela comme un signe inquiétant de manque d’ouverture à la diversité ?


Devrons-nous mettre un genou à terre pour nous excuser d’exister ? Devrons-nous jeter nos vieilles séries pour plaire à la police de la diversité et aux obsédés de la race ?


C’est une guerre culturelle qui se mène contre le Québec.




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