David Cameron pointe "l'effondrement moral" de la société

Après les émeutes, le Premier ministre britannique accuse "les enfants sans père, les écoles sans discipline, les récompenses accordées sans effort".

Crise - Angleterre - 2011



Le Premier ministre britannique David Cameron (KIRSTY WIGGLESWORTH/SIPA)

Le Premier ministre britannique David Cameron a promis lundi 15 août de réexaminer l'attribution des prestations sociales et de mener une "guerre totale" contre les gangs, en réponse aux émeutes de la semaine dernière, qu'il a attribuées à un "effondrement moral" de la société.
"Notre riposte sécuritaire doit être assortie d'une réponse sociale", a affirmé David Cameron, qui avait annoncé la semaine dernière des mesures anti-émeutes et des renforts importants de police pour faire face aux pires violences urbaines en Grande-Bretagne depuis au moins 30 ans.
Ces émeutes, qui ont embrasé quatre nuits consécutives plusieurs villes du pays, dont la capitale, ont fait cinq morts et terni l'image du pays à un an des jeux Olympiques d'été de Londres.
"Eradiquer" les gangs
"Les problèmes sociaux qui couvent depuis des décennies nous ont explosé au visage", a poursuivi David Cameron, dénonçant "l'effondrement moral à petit feu" de la société britannique et accusant pêle-mêle "les enfants sans père, les écoles sans discipline, les récompenses accordées sans effort".
Le Premier ministre conservateur, qui multiplie depuis près d'une semaine les interventions, a aussi pointé du doigt l'Etat qui a "toléré (...), encouragé parfois, certains des pires aspects de la nature humaine", promettant une "révision" des politiques notamment "sur les écoles, les prestations sociales, l'éducation des enfants". Des enfants très jeunes, parfois âgés de seulement 11 ans, ont pris part aux émeutes.
Dans le détail, David Cameron a annoncé "une guerre totale" contre les "gangs" - affirmant que les "éradiquer était une nouvelle priorité nationale" - et un service civique pour les jeunes d'au moins 16 ans qui souhaitent volontairement "entraîner des enfants au foot" ou encore "rendre visite à des personnes âgées".
"Réparer notre société cassée"
Le gouvernement britannique va aussi réfléchir à "durcir les conditions de ceux qui ne travaillent pas et reçoivent des aides", a prévenu David Cameron. Les personnes reconnues coupables d'avoir participé aux émeutes pourraient perdre leurs allocations, même si elles n'écopent pas d'une peine de prison, a précisé le ministre du Travail, Iain Duncan Smith, sur la BBC.
L'objectif de toutes ces mesures vise à "réparer notre société cassée", a expliqué David Cameron, qui a exclu de revenir sur les coupes budgétaires dans la police. La "broken society" était un des thèmes de campagne du candidat Cameron dans la course à l'élection de mai 2010.
L'opposition travailliste a immédiatement dénoncé les réponses "simplistes" et "toutes faites" du gouvernement. Le "comportement malade" observé lors des émeutes n'est pas confiné "au sous-prolétariat", a affirmé Ed Miliband, le chef des travaillistes, pointant du doigt l'irresponsabilité de toute une société, des banquiers "goulus, égoïstes et immoraux" jusqu'aux députés qui ont "magouillé leurs notes de frais".
"L'éducation, les compétences, les services pour les jeunes, le travail : est-ce que c'est important pour détourner les jeunes des gangs, de la criminalité ? Oui, c'est important", a-t-il ajouté depuis une école du nord de Londres, où il avait été élève.
Aucun incident depuis mercredi
La police continuait par ailleurs lundi à procéder à des arrestations dans la foulée des pillages et violences de la semaine dernière : plus de 2.300 personnes ont jusqu'à présent été interpellées, obligeant pour la première fois des tribunaux à rester ouverts dimanche pour faire face à l'afflux de suspects.
Enfin, la ministre de l'Intérieur Theresa May devait présider lundi une nouvelle réunion d'urgence du gouvernement, où les autorités pourraient décider de réduire le nombre de forces de police déployées dans la capitale, portées exceptionnellement à 16.000, alors qu'aucun incident sérieux n'a été déploré depuis mercredi matin dans le pays.
Le Nouvel Observateur - AFP


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