Soulèvement populaire au Royaume-Uni

Le peuple grec passe la main au peuple britannique

Crise - Angleterre - 2011


Comme vous, j’ai cru au début de l’été 2011 que la révolte spontanée du
peuple grec sonnait la charge du soulèvement populaire européen contre les
politiques du FMI, de la Banque Mondiale, de la Banque européenne et des
bureaucrates de l’Union européenne (1).
Ce ne fut pas le cas. Après une succession d’affrontements violents contre
les forces de l’ordre, le peuple grec dans sa sagesse a redirigé sa
résistance quotidienne vers les lieux de travail (pour ceux qui ont
toujours un emploi), dans les commerces touristiques, contre le fisc et
dans la rue. Le peuple grec, ne se sentant pas prêt à renverser l’appareil
répressif de l’État grec, a donc passé la main aux autres peuples
européens.
Voici la rose, dansez mes frères d’Europe !
Voilà que le courageux et inexpugnable peuple britannique a repris le gant
laissé par les Grecs et lancé sa propre offensive en révolte contre les
politiques de banqueroute économique du FMI, de la Banque Mondiale et de la
Banque européenne. À Tottenham dimanche le 7 août 2011, les capitalistes
britanniques ont tremblé dans leurs escarpins de cuir fin face aux bottines
de cuir cloutées des travailleurs britanniques.
Le quartier de Tottenham à Londres a été transformé en champ de bataille
suite à l’assassinat d’un résistant noir par la police londonienne (2).
Cette fois la répression raciste fut l’étincelle qui mit le feu aux poudres
et le soulèvement s’étend depuis à tout le Royaume-Uni (3). Rappelez-vous
simplement qu’il y a quelques mois ce sont les hausses drastiques des frais
de scolarité contre les étudiants anglais qui déclenchèrent les foudres
populaires et soulevèrent l’Ire britannique. Demain la cause sera
différente mais tous ces soulèvements ont la même origine, une même source
profonde, sur laquelle nous reviendrons bientôt.
RÉVOLTES ARABES
Auparavant examinons les causes des soulèvements populaires à travers le
monde arabe. Ces motifs de guerre civile semblent nombreux mais en réalité
il n’en n’est rien. En Libye par exemple, le peuple refuse que les
puissances impérialistes européennes, néo-colonialistes, viennent s’ingérer
davantage dans la gestion politique, économique, fiscale, pétrolière et
bancaire du pays pour le mettre à sac (4).
Mouammar Kadhafi a toléré cette ingérence et ces dernières années il
s’était plié aux dictats imposés par ses maîtres européens. Quand ceux-ci,
prenant prétexte des « printemps floraux » qui s’épandaient un peu partout
dans la sphère arabe, ont voulu écarter le guide de la Jamahiriya du
pouvoir pour y placer une marionnette plus souple et plus docile, ce
dernier a refusé d’être écarté de la sorte estimant avoir rempli
convenablement le mandat que la soi-disant « communauté internationale »
lui avait confié – lire, le petit groupe de dirigeants rapaces qui
prétendent gouverner le monde par l’entremise de quelques organisations
internationales criminelles – (5).
Kadhafi s’est donc accroché au pouvoir et a fourni au peuple libyen le
motif et l’organisation pour déchaîner sa fureur contre l’OTAN et les
politiciens européens de la canonnière qu’ils sont en train de mettre en
déroute. Honneur au courageux peuple libyen qui montre ainsi la voie de la
résistance à tous les peuples d’Afrique. Après les échecs irakien, afghan,
pakistanais et somalien voilà que nous assistons à la débandade européenne
et états-unienne en Libye.
Et ce n’est pas fini (6).
Mais le motif véritable de ces agressions occidentales contre la Libye, et
en sous main contre la Tunisie (où le processus de réforme est bloqué par
les ambassades étrangères) ; contre la Syrie (où l’empire pêche en eau
trouble afin de disloquer l’alliance Iran-Syrie) ; contre l’Égypte (où
l’empire voudrait instituer le Moubarakisme sans Moubarak) est toujours le
même : le repartage des zones d’influence, des marchés, des sources de
matières premières et d’énergie entre les deux grands camps impérialistes
mondiaux (7).
Les prétextes pour ces interventions néo-coloniales européennes et
états-uniennes (l’OTAN) dans les affaires internes des pays arabes peuvent
varier localement, mais le motif profond est toujours le repartage des
zones d’influence interimpérialistes.
CRISE ÉCONOMIQUE RÉCURRENTE
Il en est de même dans les pays européens, sauf qu’en Europe l’objectif
n’est pas le repartage des zones d’influence mais la mise au pas – la
répression – des peuples saignés à blanc par les crises économiques
récurrentes qui ont pris tantôt la forme d’une crise des « subprimes
hypothécaires » laquelle ne fut qu’une des formes d’expansion adoptées par
le capital financier spoliateur issu de l’économie irréelle (spéculative).
Les faillites bancaires qui suivirent se sont répandues dans toutes les
régions du monde à cause de l’inextricable interrelation qui entrelace le
capital financier mondial en phase impérialiste avancée (8).
La crise économique a ensuite – printemps - été 2011 – pris la forme de
menées spéculatives contre les monnaies, dont l’euro, que les États-uniens
auraient bien voulu assujettir à leur dollar en faillite (chacun notera ici
que les alliés européens et états-uniens peuvent se poignarder dans le dos
si leurs intérêts impérialistes nationaux le réclament). Coup de bluff
perdu par les spéculateurs américains faute de discipline interne entre les
politiciens et les grands magnats américains de la finance. Depuis samedi
le 6 août 2011, la crise économique de l’impérialisme mondial a pris la
forme de la dette souveraine, américaine d’abord, mais qui s’étendra sous
peu à d’autres pays surendettés qui feront tour à tour défaut de paiement.
Chacun doit comprendre que c’est toujours la même crise économique de
l’impérialisme occidental décadent qui se profile dans cette succession de
crises sectorielles – spécifiques. Cette crise générale et saccadée mettant
aux prises l’Alliance Atlantique (Europe et États-unis) décadente et
l’impérialisme montant de la super puissance industrielle chinoise et de
ses collaborateurs de l’Alliance de Shanghai.
Que ce soit en Grande-Bretagne, en Espagne, en Grèce, au Portugal et
bientôt aux États-Unis d’Amérique, les soulèvements populaires spontanés
ont toujours la même source profonde, le ras-le-bol populaire contre la
paupérisation accélérée – 15 % à 20 % du peuple américain s’alimente grâce
aux bons alimentaires de l’État, des millions d’Américains ont été jetés à
la rue et sont sans logement, les propriétés se vendent pour une bouchée de
pain dans plusieurs États américains, les prisons sont archi-surpeuplées,
le taux de chômage réel frôle les 18 % aux États-Unis – (9) ; ainsi que la
révolte contre le chômage généralisé, la dégradation des services publics,
le racisme, la faillite économique globale, la spéculation boursière, le
transfert du fardeau de la crise économique et financière, ainsi que de la
dette souveraine, sur le dos des peuples travailleurs pour sauver la
fortune des riches et des spéculateurs, des banques et des cartels
internationaux.
Lors de la crise de 2008 les pouvoirs d’États dictatoriaux – soi-disant
élus démocratiquement – ont utilisé leur contrôle sur l’appareil fiscal des
États souverains (Europe, Canada, Australie, Japon, USA) pour subventionner
et renflouer les banquiers et les financiers à même les ressources
financières de l’État. Mais cette activité de spoliation des fonds publics
a elle-même entraîné le surendettement de ces États si bien que le même
stratagème est aujourd’hui exclu sinon en coupant encore plus drastiquement
dans les dépenses publiques destinées au peuple et aux pauvres et en
transférant ces derniers deniers spoliés directement aux financiers.
Mais la marge de manœuvre des États impérialistes décadents (Alliance
Atlantique) est aujourd’hui si mince qu’il faudra d’énormes déboursés
répressifs – polices, services secrets, armées et réservistes – pour
parvenir à imposer ces nouveaux sacrifices aux peuples exsangues. Depuis
2001, ces guerres impérialistes de rapines, de répression des soulèvements
nationaux libérateurs – ces guerres impérialistes occidentales pour
écarter l’impérialisme chinois de ces zones d’hydrocarbures et des marchés
africains et moyen-orientaux ont coûté la modique somme de 3 200 milliards
de dollars au trésor américain (10), ce qui représente environ 20 % de la
dette souveraine des États-Unis d’Amérique. Aujourd’hui, l’administration
américaine voudrait faire payer le prix de ses guerres d’agression à
l’ensemble des pays de la planète, y compris aux descendants de leurs
tueries en Irak et ailleurs, en dévaluant les réserves de dollars
américains que chacune des banques centrales nationales possède.
Il faut noter toutefois que dans la sphère impérialiste montante – Alliance
de Shanghai – la situation politique et répressive, quoique difficile, est
plus favorable. Les puissances impérialistes regroupées autour de la super
puissance industrielle chinoise sont en train de développer leur capacité
productive (elles sont en phase d’industrialisation et non pas en phase de
désindustrialisation comme à l’Ouest), elles développent présentement leur
marché intérieur (Chine, Inde, Russie, Kazakhstan, Iran, etc.) et elles
imposent déjà, dans la plupart des cas, une dictature fasciste à leurs
peuples réprimant sauvagement toute velléité de résistance. Actuellement
les puissances impérialistes décadentes de l’Ouest s’acheminent à vitesse
variable vers cette forme de dictature étatique camouflée sous des
prétentions démocratiques électoralistes néo-libérales.

LES BOBOS À LA RESCOUSSE
Que font les forces de « gauche » pendant ce temps ? Les « bobos
opportunistes » s’avancent rapidement sur le devant de la scène afin de
détourner les contingents de résistants en colère et leur faire prendre la
voie de garage. Un intervenant syndical écrivait ceci à propos de l’émeute
du quartier de Tottenham à Londres : « Après Bari, Tottenham. Pourquoi pas
bientôt Paris, Marseille ? Voilà où mènent des lustres d'incurie,
d'imprévoyance et de lâcheté des dirigeants européens qui n'osent agir
contre la crise ! ».

Les soulèvements populaires - anarchiques et spontanés – ne sont pas le
fruit de l'incurie, de l'imprévoyance et de la lâcheté des dirigeants
politiques européens. Les dirigeants européens ne veulent d’aucune façon
satisfaire les réclamations de la population pas plus à Paris, à Londres, à
Athènes qu’à Madrid. Ensuite, les dirigeants européens (ou américains)
n'ont absolument aucun contrôle sur la faillite économique du système
impérialiste moribond.

La seule chose que les politiciens européens peuvent faire, c'est de mettre
leur machine d'État au service des classes spoliatrices et d’organiser la
répression des peuples qui se révoltent contre non pas « l’incurie, la
lâcheté et l’imprévoyance », mais contre les politiques délibérément
assassines, anti-populaires et exploiteuses de dirigeants qui organisent
sciemment le transfert des richesses d'État et qui systématisent les
coupures - le retrait - des capitaux des services publics et du soutien aux
pauvres pour les diriger vers le soutien aux riches.
La récente décote de crédit américain (de AAA à AA+) n’est rien d’autre que
la sanction des milieux d’affaires contre la Maison Blanche et le Congrès
américain, coupables de ne pas avoir suffisamment coupé dans les services
et l’aide à la population américaine et pour ne pas avoir suffisamment
soutenu la classe capitaliste monopoliste à même les crédits d’État (11).
Cette décote, décriée par tous ceux qui possèdent des devises américaines
(la Chine en possède à elle seule 3 000 milliards $) présage d’une
éventuelle dévaluation importante du dollar US et donc d’énormes pertes
pour tous ceux qui comme les Chinois sont plombés avec cette devise en
débandade dans leurs coffres.
Ce n'est pas « lâcheté » de la part des politiciens occidentaux. Au
contraire, il faut beaucoup de courage à ces bandits politiques pour
spolier la population afin d’enrichir une poignée de riches, et pour
ensuite lancer la police (16 000 policiers à Londres), et bientôt l’armée,
contre leur propre peuple en révolte. Tous les Obama, Sarkozy, Cameron et
Harper de ce monde ne font là que leur métier, ce pourquoi ils ont été
placés aux postes qu’ils occupent par ceux qui ont financé leur campagne
électorale frauduleuse.

C'est le système capitaliste et ses suppôts qu'il faut renverser, détruire,
éradiquer, éliminer sans se plaindre de l’incurie, de la lâcheté ou de
l’imprévoyance
qui n'en furent d’ailleurs pas. Au contraire, tous ces
comploteurs ont prévu la débâcle de leur système économique et ils se
préparent à la répression des soulèvements populaires – la police de
Montréal a créé cet été une cellule de répression politique – afin de ne
rien changer à ce système qui s'écroule malgré leurs efforts conscients et
systématiques.

Mes amis d’Athènes, de Madrid, de Tottenham et bientôt de Chicago… c'est la
lutte finale qui commence, groupons-nous et demain....

_________________________
(1)
http://www.centpapiers.com/les-heritiers-d%e2%80%99heracles-et-le-menage-des-ecuries-d%e2%80%99auigias-grece/75667
(2)
http://www.dailymail.co.uk/news/article-2023254/Tottenham-riot-Mark-Duggan-shooting-sparked-police-beating-girl.html
«Je peux comprendre qu’ils soient en colère. En plus (de la mort du jeune
homme), il y a du chômage et des coupes dans les allocations, donc tout ça
fait que la coupe est pleine», explique Norman McKenzie, un agent de
sécurité de 37 ans. Les gens ne sont pas contents. Je pense que le système
est en train de craquer. Il est temps que les gens se lèvent et fassent
quelque chose», enchaîne une jeune femme d’origine africaine. ».
(3)
http://www.ledevoir.com/international/europe/328957/la-violence-s-etend-hors-de-londres?utm_source=infolettre-2011-08-09&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne
(4)
http://www.france-irak-actualite.com/article-benghazi-qui-a-assassine-le-general-younes-chef-de-l-armee-rebelle-81108425.html
(5) h ttp://fr.wikipedia.org/wiki/Mouammar_Kadhafi
(6)
http://www.rtbf.be/info/monde/detail_libye-le-president-du-cnt-limoge-son-gouvernement?id=6567623
(7)
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/etats-unis-chine-la-grande-87177
(8) http://www.robertbibeau.ca/palestine/edito8062011.html
(9)
http://fr.news.yahoo.com/pr%C3%A8s-46-millions-dam%C3%A9ricains-vivent-gr%C3%A2ce-%C3%A0-bons-163639177.html
(10) James Petras.
http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=25574
(11)
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/328939/decote-des-etats-unis-efforts-concertes-pour-limiter-la-chute-boursiere?utm_source=infolettre-2011-08-08&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

et
http://www.centpapiers.com/la-dette-mais-payez-la-bon-dieu/78550/comment-page-1#comment-27262


-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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