Dans l'assiette au beurre des garderies?

L'affaire des CPE


(Québec) Au moment même où le gouvernement rejette les demandes d'enquête publique et promet de mieux encadrer le financement des partis politiques, le Parti québécois révèle que les promoteurs et les administrateurs de plusieurs garderies privées qui ont obtenu leur permis en 2008 ont versé des dizaines de milliers de dollars à la caisse électorale du Parti libéral. Après les scandales montréalais et les histoires de collusion dans la construction, faudra-t-il mener une enquête sur l'octroi des permis aux garderies?
Les révélations faites mardi par le député de Gouin, Nicolas Girard, sont à ce point troublantes qu'il est impossible de se fier à la parole du ministre de la Famille, Tony Tomassi, qui ne voit qu'une série de «coïncidences» dans cette affaire. Il faudra beaucoup plus qu'une vérification interne par le Ministère pour rassurer la population, déjà désabusée par les odeurs de scandales dans lesquelles baigne ce gouvernement. Le vérificateur général du Québec doit examiner ce qui s'est passé.
Il n'est pas illégal de contribuer à la caisse électorale des partis, mais ce n'est pas tout le monde qui le fait à coups de milliers de dollars. Le député Girard a cité mardi le cas d'une famille de quatre personnes dont le père, la mère et les deux filles ont versé en tout 24 000 $ au PLQ. La famille a obtenu deux garderies de 80 places chacune.
Tout aussi troublant est le cas de plusieurs promoteurs qui n'avaient jamais versé un sou au Parti libéral et qui sont tout à coup devenus des contributeurs en 2008, après avoir obtenu leur permis de garderie.
Les recherchistes du PQ n'ont pas étudié tous les cas d'octroi de permis pour la période concernée. La situation dénoncée par le député Girard n'est peut-être pas aussi troublante dans toutes les régions du Québec. Il faudra voir. Mais le seul cas des Laurentides, où 70 % des nouvelles places en garderies ont été accordées à des contributeurs à la caisse du PLQ, commande que l'on regarde ailleurs. Elle commande également que le ministère de la Famille dévoile les notes accordées par les fonctionnaires à tous les projets soumis en 2008. Seule la publication de ces dossiers permettra de vérifier si l'octroi des permis s'est fait au mérite ou s'il y a eu ingérence politique.
Il fallait voir la mine déconfite des libéraux pendant les échanges entre Tomassi et Girard mardi, pour constater à quel point ce nouveau dossier constitue une épine dans le pied pour le gouvernement, à trois jours de la fin de la session parlementaire. Voilà le genre de sujet que tout le monde peut comprendre, qui fera la joie des caricaturistes et qui alimentera les conversations autour des réunions de famille du temps des Fêtes.
À la baisse dans le dernier sondage, le gouvernement Charest termine l'année sur une très mauvaise note. Les libéraux devraient normalement célébrer mardi prochain le premier anniversaire de leur victoire du 8 décembre 2008. Jean Charest avait fait campagne en prévenant les Québécois que l'année 2009 serait difficile. Il avait raison, et ce n'est pas terminé.


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