Sévères mises en garde de Mère Nature

Cro-Magnon, une femme au pouvoir en Alberta

Tribune libre

     Une centaine de feux font rage en Alberta, y affectant grandement la qualité de l’air. Les destructions coûteront cher aux Albertains, ainsi qu’aux Canadiens.


     Ces sévères mises en garde de Mère Nature devraient normalement mettre en difficulté le Parti conservateur uni (PCU) aux élections provinciales prévues le 29 mai prochain et favoriser le Nouveau Parti démocratique (NPD), davantage soucieux de l’environnement. Or les pronostics ne sont guère réjouissants pour celui-ci. En effet, selon Qc125.com, c’est le PCU qui devrait l’emporter majoritairement. Comme on le sait, ce parti rétrograde est dirigé par une femme de Cro-Magnon, Danielle Smith, qui se fout de l’environnement comme de sa première chemise.


     Quel cataclysme faudra-t-il aux Albertains pour qu’ils réalisent qu’ils creusent notre tombe à tous en souillant l’environnement sans ménagement ? À quoi bon la sacro-saint croissance économique en vendant toujours plus de pétrole sale s’il faut un jour prochain se déplacer avec des masques à oxygène sur cette planète ?




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3 commentaires

  • François Champoux Répondre

    28 mai 2023

    Rebonjour M. Sylvio Le Blanc,


    On ne peut qu'être entièrement d'accord avec l'analyse de Mme Émilie Nicolas: ce qui fait défaut dans le débat politique c'est le "politique". Il est animé par des partis politiques sous la gouverne (et le financement) non pas des citoyens, mais bel et bien des compagnies et leurs riches "lobbies". Les citoyens ne font que regarder la joute et attendent passivement (ou presque) le score final qui ne se produit jamais: l'état d'amélioration souhaité des milieux de vie.


    Le Québec ne fait pas mieux.


    C'est là le "cro-magnon" de notre façon de tenter de nous orchestrer des sociétés où il fait bon vivre: les partis politiques sont notre faille principale. Là je vous rejoindrais dans votre analyse, car d'une élection à l'autre, partout au pays, ces partis ne recherchent que le pouvoir, non pas pour organiser adéquatement une société d'humains, mais pour répondre aux impératifs financiers de quelques organisations qui mènent partout le monde. 


    Que dire de la Chine dont l'arrogance n'a pas son pareil: c'est elle qui mène le monde. Son pouvoir et son intransigeance sont maîtres. L'éléphant écrase tout.


    Il m'est risible de voir et d'entendre le "très honorable" ministre fédéral Steven Guilbeault, entretenir un discours toujours permissif à la croissance économique destructive de l'environnement; quand l'exemple vient de haut, celles et ceux d'en bas demeurent écrasés et de plus en plus silencieux.


    Non, Steven Guilbeault n'est pas Nicolas Hulot; la transition d'une économie vers une écologie ne semble pas être comprise par ces intelligences au pouvoir comme une nécessité, mais comme une occasion de discourir simplement en politicien "cro-magnien" ou "marketien", ou pour se fabriquer du capital politique afin de conserver le pouvoir.


    N'hésitez pas à me répondre de votre propre analyse afin de favoriser un débat politique qui cherche de bonnes solutions aux désastres écologiques qui s'additionnent depuis trop de décennies. N'oublions pas que le rapport Meadows date de 1972! Pouvons-nous vraiment sauver ce monde où les cerveaux humains n'arrivent plus à maintenir un sain équilibre entre l'économie, l'écologie et la finance? Il me semble qu'il y a des abus qui doivent diminuer et non poursuivre leurs ascensions infernales. Ne manquons-nous pas de modération?



    François Champoux


  • François Champoux Répondre

    26 mai 2023

    Bonjour M. Sylvio Le Blanc,


    Votre texte ci-dessus m'interroge: est-il vraiment utile? Où voulez-vous nous diriger avec votre réflexion? Sommes-nous exempts au Québec des feux de forêt? Sommes-nous exempts au Québec de la mauvaise humeur de mère Nature? Un gouvernement aussi imparfiat soit-il, doit-il payer par les colères d'une nature plus forte que les femmes et les hommes élus? Et ce, partout dans le monde!


    Les richesses naturelles ne sont-elles que mauvaises en Alberta, mais bonnes au Québec ou ailleurs? Ne souillons-nous pas l'environnement nous aussi avec nos déchets industriels, commerciaux et ménagers?


    Pourquoi votre texte? Que dois-je y comprendre et y retenir?


    François Champoux, Trois-Rivières


    • Sylvio Le Blanc Répondre

      27 mai 2023

      M. Champoux, ce texte pourrait vous intéresser :
      Tout s’enflamme, sauf le débat
      Emilie Nicolas
      25 mai 2023
      CHRONIQUE
      C’est fascinant, tout de même. Après plusieurs semaines de feux de forêt d’une violence historique en Alberta, des milliers de personnes ont dû être évacuées, les ciels sont toujours couverts de fumée et la qualité de l’air est de piètre qualité dans presque toute la province. Pourtant, non seulement les élections provinciales du 29 mai n’ont pas été annulées, mais l’environnement ne s’est même pas imposé comme un thème important de la campagne.
      C’est que la course se joue entre deux cheffes de parti qui, pour des raisons propres à chacune, cherchent à éviter de parler de changement climatique. D’une part, la première ministre sortante, Danielle Smith, qui dirige le Parti conservateur uni de l’Alberta, est toujours hantée par les déclarations climatosceptiques de ses premières années en politique. Elle a cherché depuis à repositionner son discours sur la question.
      Les conservateurs albertains suivent en quelque sorte l’évolution des stratégies de relations publiques de l’industrie pétrolière. Après avoir longtemps minimisé les changements climatiques et leurs impacts, on s’est découvert récemment un optimisme technologique à tout rompre. On croit désormais que grâce à la captation et à l’enfouissement du carbone (financés à même les fonds publics, autant que possible), on pourrait réduire radicalement l’impact environnemental de l’extraction du pétrole et se diriger vers une économie à zéro émission sans trop bouleverser ses habitudes de vie.
      Les feux de forêt plus forts et plus fréquents que jamais sont bien sûr une conséquence des changements climatiques. D’ailleurs, une étude publiée la semaine dernière dans l’Environmental Research Letters a démontré que 37 % de l’aire forestière brûlée dans l’ouest du Canada et des États-Unis, entre 1986 et 2021, était attribuable aux activités de 88 pétrolières et cimenteries de la région. Mais trop parler de cette étude, ou du lien général entre les feux de forêt et les émissions de gaz à effet de serre, viendrait plomber l’optimisme (frôlant le déni) sur lequel le modèle économique local continue de reposer.
      D’autre part, Rachel Notley, cheffe du NPD albertain et première ministre de la province de 2015 à 2019, n’a pas non plus intérêt à attirer l’attention des électeurs sur l’urgence climatique. C’est que les néodémocrates albertains ont pris leurs distances des positions du parti fédéral depuis déjà plusieurs années, surtout sur les questions environnementales. Sur le pipeline Transmountain, par exemple, Mme Notley avait déjà reproché à Jagmeet Singh son opposition au projet, en l’accusant de se montrer insensible à la réalité des travailleurs de ce secteur d’activité.
      Dans la province, à peu près tout le monde n’est qu’à un degré de séparation d’une personne qui gagne sa vie dans les champs de pétrole. L’anxiété autour de la transition énergétique est donc réelle. Elle est cyniquement alimentée par des acteurs économiques dont les intérêts résident dans le statu quo, certes, mais elle est réelle. Et l’éloignement d’Ottawa de la réalité des Prairies — surtout lorsque les libéraux gouvernent avec seulement une poignée d’élus de la région — est tout aussi réel.
      Cet éloignement s’est déjà traduit en politiques mal adaptées à la vie des gens de la province. Et, bien sûr, les mouvements conservateurs provinciaux et fédéraux se servent de cette mémoire et d’une certaine méfiance légitime envers les élites politiques du pays pour mobiliser leurs bases contre les propositions politiques qui en émanent, comme la taxe sur le carbone.
      Dans ce contexte, Danielle Smith et ses partisans ne ratent déjà pas une occasion de dépeindre Rachel Notley comme une « radicale » qui veut détruire l’économie albertaine. Pour reprendre le pouvoir en Alberta, les néodémocrates doivent donc constamment prouver, et reprouver, qu’ils sont albertains d’abord, et insister sur la distance idéologique qui les sépare du parti fédéral. Pour remporter les circonscriptions pivots, surtout concentrées dans la région de Calgary, la cheffe cherche à éviter la question de l’environnement et fait plutôt campagne sur des thèmes moins… régionalement spécifiques, tels que la hausse du coût de la vie ou l’état du système de santé.
      Le résultat est quelque peu surréel. Peu de temps après le déclenchement de l’élection, on a senti que la campagne, avec les attaques partisanes qui l’accompagnent toujours, avait été grandement ralentie par l’urgence des feux de forêt. Face à la crise, Mme Smith comme Mme Notley ont aspiré à se montrer rassurantes, responsables, bref, premières-ministrables. Elles ont cherché à montrer le visage d’une province unie face à la « tragédie », avant de reprendre la campagne en prenant soin de la faire porter sur autre chose. Sauf qu’une tragédie, par définition, est inévitable. Et que les changements climatiques sont évitables avec de la volonté politique.
      La question de l’adaptation climatique et de la réponse étatique aux feux de forêt est d’ailleurs elle aussi évacuée du débat. Pourtant, on sait que les coupes du Parti conservateur uni dans les services de pompiers forestiers ont grandement fragilisé les capacités de la province. Mais pour que l’incompétence gouvernementale sur la gestion des feux fasse l’objet d’un débat politique enflammé (!), il faudrait que les opposants politiques aient envie de mettre en lumière l’urgence climatique.
      Le résultat ? Tandis que les images de leurs ciels orangés font le tour du monde, on a le sentiment que la classe politique albertaine en parle comme si c’était là une épreuve infligée par des dieux courroucés venus tester le genre humain, sa résilience, son courage et son instinct de solidarité. Un peu comme on parlait de la crise du verglas au Québec, en 1998, d’ailleurs, à l’époque où la dépolitisation des catastrophes environnementales relevait encore du « gros bon sens » hégémonique.
      Anthropologue, Emilie Nicolas est chroniqueuse au Devoir et à Libération. Elle anime le balado Détours pour Canadaland.
      https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/791670/chronique-tout-s-enflamme-sauf-le-debat