Crise financière - Retour de bâton

Crise mondiale — crise financière


Deux semaines après que le gendarme de la bourse new-yorkaise, la Securities and Exchange Commission, eut annoncé avoir déposé une plainte au civil contre Goldman Sachs, voilà que le ministère fédéral de la Justice a indiqué avoir ordonné l'ouverture d'une enquête pouvant déboucher, elle, sur une plainte au criminel. Résultat net de ces offensives judiciaires, la capitalisation boursière de la première banque d'affaires du monde fondait de 20 % ou 20 milliards de dollars. Reprenons.
Dans ce dossier, il faut s'arrêter à la séquence des épisodes (orchestrée il va sans dire par les autorités concernées) qui met en relief la volonté bien affirmée de ces dernières de faire un certain ménage dans ce labyrinthe qu'est devenue l'industrie financière. Il y a eu tout d'abord la communication de ces courriels échangés entre employés des agences de notation qui éclairent le côté sombre, pour rester pondéré, de ces dernières.
Dans un de ces messages, composé par un salarié de Standard & Poor's, on apprend qu'une réunion d'urgence avait été convoquée afin «de discuter d'un réajustement des critères» utilisés pour établir la valeur des subprimes parce qu'ils constituent une menace pouvant leur faire «perdre des contrats.» Dans un autre message, quelqu'un se plaint qu'on lui ordonnait «d'user d'astuce comptable avec les subprimes pour leur conserver le triple A et préserver ainsi notre part de marché».
Grâce à l'enquête menée pendant un an par les limiers qui assistent les élus du Congrès, on a appris que Goldman Sachs avait débauché un analyste de l'agence Fitch versé en études des subprimes afin que celui-ci restructure la famille des hypothèques qu'il avait notées lorsqu'il était chez Fitch. Son mandat? S'assurer que ces véhicules financiers gardent le sésame des sésames: le triple A. Parmi ces derniers, on retrouve le désormais célèbre Abacus 2007-AC1 qui a troué l'actif d'établissements financiers à travers la planète.
C'est sur la base de ces découvertes qu'une soixantaine d'élus de la Chambre des représentants ont demandé au procureur général d'enquêter sur ce qui ressemble, c'est le moins que l'on puisse dire, à une culture consciente, volontaire, du maquignonnage des chiffres comme des livres. Parallèlement, c'est à retenir, des investisseurs institutionnels, parmi eux l'État de l'Ohio, ont déposé des recours collectifs visant Moody's et Standard & Poor's.
Simultanément, en Allemagne, le gouvernement a ordonné au ministère de la Justice de passer au peigne fin les gestes portant l'empreinte des agences de notation et de Goldman Sachs. Afin de ne pas être en reste, Michel Barnier, Commissaire européen au marché intérieur et aux services, envisage la création d'une agence européenne qui s'ajouterait à Moody's et compagnie. Enfin!
De cette avalanche d'actions et des possibles condamnations qu'elle suppose il faut espérer une suite. Une suite imposant un certain cloisonnement afin que le mélange des genres, des fonctions, des métiers, qui sont autant d'encouragements aux conflits d'intérêts, soit banni.


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