Crise étudiante : Coup de force ou solution raisonnable ?

Tribune libre

Dans le “dossier” de la crise étudiante, il semble que le “gouvernement” Charest se soit plutôt comporté comme un parti en déroute, s’agrippant au pouvoir, que comme un groupe de personnes représentant l’ensemble des citoyens à la direction de l’État, et se consacrant à leur service.
Naviguant au gré des sondages, tout en mettant le cap sur une fermeture et des provocations calculées, le “gouvernement” Charest a démontré son indifférence et son mépris, non seulement à l’égard des étudiants en grève, mais aussi, d’une manière générale vis-à-vis du monde de l’éducation dans son ensemble, et des enseignants en particulier, dont plusieurs dizaines sont actuellement pris en otages de processus judicaires qui n’ont d’autres effets que d’aggraver une situation déjà fort difficile.
Un véritable gouvernement, aurait déjà proposé une trêve, avec un moratoire sur les droits de scolarité, un assouplissement du cadre règlementaire pour faciliter la reprise de la session, une amnistie des manifestants arrêtés pour leur seule présence sur les lieux d’une manifestation, un décret de paix judiciaire (levée des injonctions, requêtes en outrage au tribunal, recours collectifs, etc.), et la mise en place d’un processus démocratique (États généraux, etc.) permettant de réactualiser le projet de scolarisation de la Révolution tranquille.
C’est avec de telles solutions, urgentes, raisonnables et pacificatrices, qu’un retour général en classe serait possible, dès le lundi 7 mai.
Au cas où le “gouvernement” Charest opterait plutôt, dans la même désastreuse stratégie de tension mise en place depuis trois mois, pour un coup de force (décret(s), loi(s) spéciale(s), etc.), il doit savoir qu’il sera le seul responsable d’une crise sociale et politique que ses commanditaires semblent avoir planifiée, avec un cynisme qui a déjà été perçu et déploré.
Yves Claudé - 3 mai 2012


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    4 mai 2012

    Bonjour Michel … suite à tes réflexions …
    Une rencontre - de la dernière chance ? - semble de préparer pour la fin de cet après-midi (vendredi 4 mai), à Québec, avec le gouvernement, les quatre associations étudiantes, ainsi que des représentants des centrales syndicales.
    Il faut s’attendre à ce que le gouvernement, conseillé à nos frais par la firme d’avocats patronaux Gowlings (qui propose son «expertise» «aux dirigeants d'entreprises privées et agit au même titre auprès des dirigeants d'organisations gouvernementales et para-gouvernementales.» : www.gowlings.com), se livre à un chantage du genre : vous demandez à vos membres (étudiants et professeurs) de retourner “librement” en classe, sinon c’est une loi matraque qui va s’abattre sur le monde scolaire.
    Les commanditaires du gouvernement ne lui ont peut-être pas laissé une marge de manœuvre suffisante pour un règlement minimalement raisonnable de la crise …
    Qui sont les maîtres chanteurs ? Et pourquoi Monsieur Charest n’est-il que la “voix de son maître” ?
    Yves Claudé

  • Archives de Vigile Répondre

    3 mai 2012

    Monsieur Claudé,
    Vous exprimez le simple bon sens. Un gouvernement responsable, quelque peu conscient de ses devoirs, aurait préparé un plan B.
    Le gouvernement libéral a décidé d'y aller avec une hausse des frais de scolarité? OK. Il aurait pu se dire "On y va, et on verra si le mouvement s'essoufle. Si ça perdure, voilà ce qu'on peut délester en A, B et C." Le but étant évidemment de donner l'impression qu'il y a un "win-win pattern". L'honneur est sauf pour tout le monde, même pour les furaxs du Journal de Montréal.
    Mais ce n'est pas ça qui se passe. Ce gouvernement patine uniquement pour sa survie et pour satisfaire ses "sponsors".
    Voilà à l'oeuvre une droite conservatrice qui n'a d'autre vue que l'économie, cela dans le sens le moins visionnaire qui soit. Ce PLQ qui gère notre État depuis trop longtemps n'a plus rien à voir avec le PLQ du "bon vieux temps", celui de la Révolution tranquille. Il est devenu servile, sans vision, sans principes. C'est un gouvernement dédié exclusivement aux intérêts de l'oligarchie ambiante. Construire l'État de la nation ne fait pas partie de son programme.
    Ce gouvernement, le pire que j'ai connu de mon vivant, nous entraîne dans une confrontation gauche-droite dont il sait qu'il sortira vainqueur. Jamais je n'ai vécu autant de démagogie, autant de sophismes érigés en vérité qu'aujourd'hui, sauf évidemment en 1970 et 1972.
    Mais, monsieur Alix (non, il n'y a pas d'erreur, c'est un "inside" - cela dit pour le webmestre), rappelez-vous qu'après ces moments difficiles que furent le début de nos années '70, il y a eu 1976.
    Puissions-nous durer encore quelques années pour apprécier la suite.
    Cultivons notre colère par des mots justes. "Pourquoi chanter?" pourrait aussi devenir "Pour qui chanter?"
    Continuez citoyen.