Court-circuit

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Ce qui est «inacceptable», M. le recteur Robert Proulx, c'est votre affront au Québec tout entier lorsque vous vous portez à la défense du communautarisme, du fanatisme religieux et du relativisme culturel.

Troublant.
Très troublant…
Et même désespérant, à certains égards, le phénomène de ces universités nôtres qui prennent position, l’une après l’autre, contre la Charte des valeurs québécoises dans ce qu’elle a de plus fondamental : l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires pour qui travaille aux services dispensés par l’État.
Comment expliquer une telle obstruction de la part de celles qui, dans leur « universalité », devraient justement savoir, avec encore plus d’acuité, à quel point cette mesure s’impose pour le vivre-ensemble. Pour que soit vraiment « inclusive » notre société québécoise.
Obstruction en cela plus surprenante encore que celles de certainEs intellectuelLEs, voire de certains groupes soi-disant féministes.
Pendant que la Communauté juive française se positionne, elle, pour appuyer cette même interdiction en France, ici nos Maisons du Savoir annoncent leur refus.
Après Concordia la « multiculturelle », si réfractaire à ce que le Québec peut représenter et offrir de spécifique en ses fondements, c’est au tour de l’UQAM. De Concordia, à quoi s’attendre d’autre, mais pour l’UQAM, j’ai tendance, comme Québécoise, à prendre l’affront personnel ! L’Université du Québec est NOTRE université, celle créée par le Québec pour le Québec, celle qui nous représente, qui nous ressemble… Alors ? Au moment où surgit, pour le Québec, ce projet d’une Charte des valeurs collectives indispensables, un projet vital, le projet d’une survie dont l’enjeu n’est plus à démontrer, NOTRE Université, la branche montréalaise tout au moins, par la voix de son recteur, Robert Proulx, et d’une lettre de trois enseignants, nous annonce qu’elle nous fait faux bond. Elle se défile devant un projet que, selon les sondages, une majorité de QuébécoisEs de souche appuie. Elle le fait en affirmant que l’interdiction des signes religieux va « à l’encontre même des universités et des principes de liberté académique ». Liberté académique ? Et d’ajouter: « Le rôle de l’université est d’assurer le progrès social, et ça se fait par une pratique d’ouverture ». Justement, Monsieur Proulx: progrès social et ouverture. Décloisonnement. Vous y êtes presque; voilà l’essence de la Charte !…
Comment l’UQAM a-t-elle finalement arrêté la position qu’elle annonce ? A-t-elle consulté ses étudiantEs, ses professeurs, comme se le demandait une intervenante sur Facebook ? Le conseil d’administration et la Commission des études, précise le recteur. Et une lettre de « dénonciation » circule chez les enseignantEs.
Il est étrange de constater à quel point on ne semble pas reconnaître aux QuébécoisEs d’origine ce droit au caractère distinct qui s’exprime entre autres, dans ce projet de Charte qu’ils appuient, par le choix fait depuis longtemps de s’abstenir du port de signes ostentatoires religieux. Choix légitime et encore plus sage collectivement. Choix de progrès social. Et d’ouverture, M. le Recteur…
Pour s’opposer à la Charte, on allègue généralement ce que l’on baptise « repli québécois identitaire » ou « peur » de la différence. Pourtant, ce sont bien plutôt les opposants qui refusent à tous crins les « souches » québécoises. En s’accrochant par ailleurs fermement aux autres « souches » et en les imposant par ce port de signes ostentatoires qui les démarquent.
Que font-elles ces universités québécoises actuellement, sinon humer la direction des vents contraires et la suivre. Qu’est-ce qui les motive ? Le clientélisme ? La peur ? Les difficultés de gestion d’une nouveauté, fût-elle d’importance majeure ? Pour l’audace et le courage, elles devraient prendre exemple sur Bernard Drainville.
Il y avait, comme pour Gilles Duceppe la veille, quelque chose d’aberrant et de lamentable hier dans l’attitude et les propos du recteur de l’UQAM… Qui trouve, comme le premier, « inacceptable » d’interdire le port de signes religieux mais qui est prêt à ce que l’Université fasse elle-même des règles si nécessaire!… L’intérêt supérieur du Québec ne compte donc pas pour les Universités du Québec ? Quels sont les intérêts qui comptent pour elles ? Quels sont les intérêts qu’elles desservent ?
S’il est un endroit où ce débat sur la Charte des valeurs – que les universités court-circuitent – aurait dû trouver des alliés pour le mener avec attention, délicatesse, finesse, compétence et profondeur, on aurait pu s’attendre à ce que ce soit dans ces « hauts-lieux » du Savoir et de la Réflexion. Serait-ce que les universités ne répondent plus à cette définition depuis belle lurette ?
Sinon, ne devraient-elles pas, surtout l’UQ, se sentir tenues d’accompagner un tel débat de société et de veiller sur l’être du Québec, sur ses caractéristiques, son histoire, sa culture et son devenir ? Visiblement, nous sommes maintenant bien loin d’un tel souci universitaire. Progrès et ouverture ? Mon oeil!


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