Coronavirus en Hongrie : un pays totalitaire, vraiment ?

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Tous les États profitent de la crise sanitaire pour avancer leur agenda


Lundi 30 mars, le Parlement hongrois a voté, par 138 voix contre 53, une loi permettant au gouvernement de légiférer par ordonnances pour lutter contre la crise sanitaire créée par le coronavirus et gérer ses conséquences. L’opposition – deux factions socialistes, deux groupes écologiques, un mouvement de jeunes qualifié de « bébés-macron » et l’ancien parti d’extrême droite Jobbik, antisémite, anti-tzigane et islamophile recentré en parti conservateur – voulait limiter la durée d’application de la loi à 90 jours. Le gouvernement, par la voix de son porte-parole, n’a fixé comme limite que la fin de la situation d’urgence, appelé ici état de danger.


« Dérive autoritaire », « Parlement sous cloche », « pouvoirs quasiment illimités pour Orbán », « coup d’État », « cap vers la dictature » et même, finalement, « franchissement du pas de la dictature ». L’opposition, beaucoup plus violente qu’en France dans ses propos et parfois aussi dans ses actes, a presque épuisé le lexique disponible en ce domaine. Les quelques correspondants relayant l’information hongroise vers la France, qui ne sont que de virulents opposants à Orbán masqués en journalistes, ont relayé et même parfois amplifié la désinformation sur ce vote du Parlement. C’est pourquoi la quasi-totalité des médias français fait feu de tout bois contre Orbán.


Le gouvernement peut, dorénavant, suspendre certaines lois par décret, s’écarter des dispositions statutaires et introduire des mesures extraordinaires dans le but de garantir la santé, la sécurité personnelle et matérielle des citoyens et de protéger l’économie. Quelle horreur ! Vous vous rendez compte, il pourrait même suspendre les élections. Tiens, tiens, cela me rappelle quelque chose, mais quoi ?


Les mesures exceptionnelles décidées, il y a une quinzaine de jours, sont reconduites : interdiction de l’entrée en des étrangers, mise en quarantaine des Hongrois rentrant aux pays, expulsion des étrangers qui ne coopèrent pas avec les autorités (c’est le cas pour une dizaine d’étudiants iraniens), organisation de l’enseignement à distance dans le secondaire et le supérieur. S’y ajoutent deux nouvelles lois permettant de sanctionner, par une amende, voire une peine de prison, ceux qui diffusent de fausses informations sur le virus et ceux qui ne respectent pas le confinement. Pour ces dernières lois, et uniquement pour elles, ça me rappelle aussi quelque chose.


La Hongrie, qui compte près de 500 contaminés et 16 morts au 30 mars, fonctionne au ralenti. Seule l’industrie automobile est à l’arrêt, pour cause de manque de pièces. À l’exception des épiceries, drogueries et pharmacies, tous les magasins ferment à 15 h. Même s’il est conseillé de rester à la maison, on peut sortir de son domicile, y compris pour se promener ou faire du sport individuellement, sans qu’il soit nécessaire de fournir un laissez-passer humiliant. Une distance de 1,5 mètre entre individus est imposée. La police est chargée de faire respecter ce confinement avec souplesse.