Copenhague - L'impossible accord

Copenhague - 15e Conférence de l'ONU sur les changements climatiques



La poussière étant retombée sur le sommet de Copenhague, une conclusion s'impose parmi plusieurs: si le fait que les États-Unis ont perdu leur influence réjouit ceux qui critiquent cette superpuissance, le nouvel équilibre qui s'installe rend la négociation d'objectifs internationaux communs plus ardue dans tous les secteurs, y compris l'environnement.
Malgré l'intention manifestée par les plus grandes nations de la planète de limiter le réchauffement climatique à un maximum de deux degrés Celsius au cours des prochaines décennies, la presque totalité des observateurs a qualifié le sommet de Copenhague d'échec lamentable par rapport aux attentes. La raison tient à l'absence d'un véritable traité comportant des engagements fermes et chiffrés de tous les pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et au peu de chances que nous assistions à un déblocage digne de ce nom au cours des prochaines années.
Pour certains, dont le gouvernement canadien, le seul fait que la Chine et les États-Unis soient désormais impliqués dans le processus de négociations constitue une bonne nouvelle. Mais comme ni un ni l'autre n'a voulu céder quoi que ce soit, le monde n'est pas tellement plus avancé au lendemain d'une rencontre que les environnementalistes qualifiaient pourtant de sommet de la dernière chance.
Rappelons que, selon les études du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), il faudrait réduire les émissions de GES de 50 % à 80 % d'ici 2050 par rapport à 1990 pour empêcher la température de grimper de plus de 2 degrés. Sans engagements rapides, formels et chiffrés, il n'y a aucun espoir d'atteindre une cible aussi exigeante.
L'échec de Copenhague peut s'expliquer par le fait que les représentants des pays participants ont placé la protection de leurs intérêts politiques respectifs loin devant la recherche d'un compromis. Pas question pour le président Obama de céder devant une Chine qui refuse tout engagement contraignant. De toute façon, en cette période de crise, le réchauffement climatique vient loin derrière l'économie et la réforme du régime de santé. En Chine, c'est aussi l'économie et ses conséquences sur la stabilité politique du gouvernement qui priment.
Depuis une dizaine d'années, le rapport de force s'est accru entre les États-Unis et le reste du monde, dont certains pays émergents, comme l'Inde et la Chine. Si cela peut sembler correct, il faut admettre que la multiplication du nombre de joueurs ayant chacun leurs intérêts à protéger rend les négociations plus longues et plus complexes que jamais. On a échoué à Copenhague, mais rappelons-nous que l'on avait aussi échoué à Genève, en 2008, après sept années de négociations pour en arriver à un compromis au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Là aussi, l'échec était attribuable au nouveau rapport de force issu de la perte d'influence des États-Unis dans le monde. Certains ont pu s'en réjouir parce qu'ils rejetaient l'idée d'une plus grande ouverture commerciale, mais comme l'échec de Copenhague le confirme, ces nouveaux rapports de force comportent aussi leur lot d'inconvénients dont l'environnement fait les frais cette fois.


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