Pour la vérité des faits!

Contre une représentation mythique du printemps érable!

Tribune libre

Comme j’ai tenté de le faire depuis le début du “Printemps érable” (1), je ferai valoir ici le principe d’une solidarité critique avec le mouvement étudiant, un mouvement dont la base sociale, majoritairement petite-bourgeoise, ne garantit pas des actions et stratégies qui soient conformes aux intérêts bien compris de la grande majorité de la population.
À ce sujet, reprenant soit une éthique des sciences sociales, soit une éthique militante selon laquelle « seule la vérité est révolutionnaire » … ou progressiste, je milite pour la véracité des faits, et contre une représentation mythique du mouvement étudiant et populaire de 2012 !
Les réactions à la Commission
Les réactions à l’instauration d’une “Commission spéciale d'examen des événements du printemps 2012” (2) par le gouvernement Marois, sont révélatrices des intérêts et stratégies des différents types d’acteurs concernés.
Du côté des représentants des élites socioéconomiques, le PLQ et la CAQ, les réactions sont prévisibles et cohérentes: au delà des remarques partisanes, il y a un refus radical que soit examiné la stratégie de tension mise en œuvre par le gouvernement Charest pour capitaliser politiquement la crise étudiante de 2012.
Par ailleurs, les réactions de certains des acteurs individuels ou collectifs du mouvement étudiant et populaire de 2012, quoiqu’également prévisibles, sont des plus décevantes.
Ainsi, Monsieur Gabriel Nadeau-Dubois s’insurge contre la nature et le mandat de la Commission, qui devrait selon lui se limiter à l’examen des actions des forces policières. On peut comprendre que son statut de “porte-parole” de la CLASSE ne lui ait pas permis de s’exprimer publiquement d’une manière critique sur les dérives qui ont affecté le mouvement étudiant, et son association en particulier, mais il est actuellement libéré de cette contrainte, et il semble, comme plusieurs “commentateurs” du mouvement de 2012, en privilégier une représentation mythique aux dépens de la véracité historique des faits.
Dans ce refus de jeter un regard critique et progressiste sur les événements de 2012, la palme de la démagogie et du populisme revient à la députée de QS, Madame Françoise David, qui, affirme, selon La Presse (8-5-2013): «On n'a pas besoin d'une thèse de doctorat sur la sociologie du printemps érable».
Il n’est peut-être pas dans l’intérêt de QS que soit mis en évidence le rôle provocateur joué par le député Amir Khadir en 2012 (cf. ses mots d’ordre de «désobéissance civile» lancés d’une manière irresponsable, sans stratégie et sécurisation des actions, etc.), ainsi que l’étonnante intégration dans ce parti d’éléments anarcho-staliniens très ouverts aux dérives multiculturalistes et postmodernes de QS, mais radicalement opposés à l’orientation indépendantiste que cette formation politique prétend mettre de l’avant.
Tous les citoyens progressistes devraient être ouverts à une analyse sérieuse de la stratégie de tension mise en œuvre par le PLQ en 2012 pour tenter de se maintenir au pouvoir, ceci incluant les interventions des acteurs prétendument révolutionnaristes qui ont joué le rôle qui leur était prescrit dans cette instrumentalisation de la crise du “Printemps érable” !
Yves Claudé (sur Twitter : isT yclaude; ou isT ycsocio, en tant que sociologue)
(1) : Voir entre autres : http://bit.ly/ZJrtUd, http://bit.ly/ZJruHN, http://bit.ly/145oBUR, http://bit.ly/15rj2or
(2) : Voir le communiqué du gouvernement québécois : http://bit.ly/145qJfg


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    9 mai 2013

    Monsieur Maronani,
    Je tiens à vous remercier pour votre très involontaire contribution au point de vue que j’ai présenté dans mon texte sur les représentations mythiques du printemps érable !
    Pour répondre à votre commentaire…, je déplore la confusion que vous induisez entre la situation d’une nation conquise et dominée comme celle du Québec, et d’autre part le contexte historique colonial de l’État-nation français du début du XXe siècle ! Cette confusion, observable chez nombre de représentants de la classe petite-bourgeoise qui ont eu l’impression de se “radicaliser” spontanément en 2012, est génératrice d’aberrations politiques que je déplore, et qu’un certain Lénine a bien décrites et analysées dans son texte “Le gauchisme, maladie infantile...”.
    Le fait par ailleurs de confondre la situation française du début des années 1900, avec son potentiel révolutionnaire (un élan détourné ou réprimé par le fascisme), et d’autre part la présente situation sociopolitique de la France, cela ne témoigne pas d’un effort d’analyse conséquent, pour qui en appelle à la pensée des “grand auteurs”…!
    Ajoutons qu’il ne faut pas laisser à la seule extrême droite la question nationale de la France, qui se pose actuellement dans le contexte de la globalisation (mondialisation néolibérale) sous la dictature du capital financier, un capital apatride et antinational … comme certains de ses supposés “ennemis”.
    En admettant que je partage formellement avec vous certains idéaux du mouvement ouvrier libertaire, mon interprétation s’en distingue cependant radicalement !
    Cordialement
    Yves Claudé

  • Archives de Vigile Répondre

    9 mai 2013

    Madame Andrée Ferretti,
    Le temps et le format de mon texte, ainsi que de fâcheux travers d’écriture…, ne m’ont pas permis d’expliciter suffisamment les faits présentés dans mon intervention. Pour de plus amples explications, j’ai mis à la fin de mon texte des liens vers des articles dans lesquels je précise et développe ces éléments. Voir aussi mes diverses interventions antérieures sur Vigile.
    Je tiens à vous remercier pour l’attention particulière que vous avez accordée à mes propos.
    Bien à vous
    Yves Claudé

  • Alain Maronani Répondre

    9 mai 2013

    @Andrée Ferretti
    Un homme bon, un homme sain, un homme raisonnable ne doit pas saluer les drapeaux...
    Henri Barbusse, auteur du livre "Le Feu", ouvrage anti-militariste, retracant son expérience de la guerre 14-18...il a vu les drapeaux de près, lui...
    Drapeaux contre panneaux...quel combat...peu importe que les gens aient été là, ils n'étaient pas rangés sous le bon oriflamme...on va finir par croire, si on vous écoute, que QS et Francoise David sont sur l'ardoise de Gesca et de Desmarais...lamentable...
    Toute cette hargne et cette haine ne changeront rien au constat peu reluisant des choix, effectués jusqu'a présent par le gouvernement, et les électeurs ont compris ce qui se passe, le décalage entre le discours électoral et la réalité sur le terrain...
    Gesca et les autres, la presse 'd'opinion' qui s'agitent dans les médias, n'auraient pas eu ce grain à moudre, si le gouvernement avait appliqué son programme électoral, et ne s'était pas dérobé devant divers groupes de pression, pas les pauvres, bien sûr...
    QS fait une analyse de ce qui se passe, et le parti n'aurait pu procéder de cette facon, si le gouvernement avait respecté ses engagements...
    C'est facile de les rendre responsable, un bouc émissaire commode.
    J'aime bien ces 2 là...
    Guy Bedos
    Si j'avais un drapeau mon emblème serait le bras d'honneur..
    et celle là qui ne s'applique pas au Québec...mais enfin.
    Gustave Flaubert
    Tous les drapeaux ont été tellement souillés de sang et de merde qu'il est temps de n'en plus avoir, du tout.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 mai 2013

    J'ai participé, en famille proche et élargie, à toutes les manifestations tenues les 22 du mois, de mars à août. J'ai constaté chaque fois la différence entre les présences de QS, voyantes à souhait, et celles du PQ. plus discrètes mais aussi plus nombreuses. L'absence ou la présence du drapeau Québécois permettait d'identifier l'un et l'autre Parti.
    C'est alors, d'une manifestation à l'autre que m'est apparu d'une évidence foudroyante le vrai visage de QS, un parti totalement dépourvu de conscience nationale, plus opportuniste que les plus vieux des vieux partis.
    Votre propos, ici, est trop savant pour moi, mais mon instinct me dit qu'il est juste et me commande de l'appuyer.
    Andrée Ferretti.