Contrats de gré à gré - Bien désinvoltes !

Rien de tout cela ne vient calmer le climat de suspicion qui règne. Elle vient quand cette enquête?

Enquête publique - un PM complice?



Puisqu'on est à refaire l'infrastructure routière au Québec, il est normal que les contrats accordés sans appel d'offres par le ministère des Transports explosent, soutiennent la ministre des Transports, Julie Boulet, et son ministre délégué, Normand MacMillan. Normal aussi qu'il y ait un lien entre les entreprises qui obtiennent ces contrats et la contribution de leurs actionnaires au parti au pouvoir — «ç'a toujours été comme ça!», a expliqué M. MacMillan à Radio-Canada.
Conclusion des deux ministres: que la leader parlementaire de l'Action démocratique du Québec, Sylvie Roy, cesse sa «campagne de salissage».
Celle-ci a pourtant bien raison de chercher à détailler la manne tombée sur les entrepreneurs qui font affaire avec le ministère des Transports: 2,6 milliards de notre argent pour la seule dernière année! Normal que nous voulions nous assurer que ces centaines de millions de dollars ne servent pas de récompense aux copains, que les travaux à faire soient correctement évalués et effectués, et qu'ils soient payés au juste prix, ni plus, ni moins.
Sylvie Roy a démontré hier, et le montant n'a pas été contesté, que d'avril à octobre de cette année — donc en plein coeur des débats et dénonciations sur l'attribution de contrats municipaux et gouvernementaux — 240 millions sont passés dans des contrats sans appel d'offres. C'est énorme, point à la ligne. Il n'y a qu'à comparer avec l'autre grand chantier du Québec, celui qui, nous dit-on, prépare l'avenir: la lutte contre le décrochage scolaire. On y consacrera presque 100 millions l'an prochain, 160 millions dans trois ans... Cela ne s'approche même pas du total des contrats de gré à gré donnés aux Transports. Ce ministère peut-il au moins avoir la décence de s'assurer qu'il n'y a pas quelques dizaines de millions de dollars qui se perdent en gaspillage!
La réaction gouvernementale tient de la désinvolture. Par exemple, le rapport du vérificateur général, il y a trois semaines, documentait très clairement la surutilisation, aux Transports, du prétexte de l'urgence pour éviter les appels d'offres — prétexte qui permet par ailleurs de majorer les coûts de construction de 15 %. Le vérificateur réclamait des critères plus clairs, et uniformes d'une région à l'autre, pour déterminer ce qu'est une urgence.
Alors comme hier, le sous-ministre a marqué son désaccord. Il y a un critère et il est très simple: en matière de sécurité, il vaut mieux être plus «précautionneux» que moins, a dit M. Michel Boivin sur les ondes du 98,5. Mais quand ce souci du bien-être public laisse dans son sillage des millions de dollars à des entreprises privées, dont les dirigeants contribuent par ailleurs à la caisse électorale, il vaudrait bien aussi être «précautionneux» des deniers publics.
Rien de tout cela ne vient calmer le climat de suspicion qui règne. Elle vient quand cette enquête?
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jboileau@ledevoir.com


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