Le journal israélien Haaretz s’attarde sur la fin du jeu saoudien au Liban. Réflexions sur le dénouement envisagé par Riyad...
Dans son numéro du lundi 13 novembre, le journal israélien Haaretzdéveloppe ce thème dans une analyse signée Zvi Bar'el :
« L’Arabie saoudite, qui, en mettant fin il y a un an et demi de cela à une aide de trois milliards de dollars à l’armée libanaise ainsi qu’au commerce avec le Liban, a pu mettre ce pays sous pression, serait aujourd’hui aussi capable d’imposer de lourdes sanctions économiques à Beyrouth.
Les efforts saoudiens pour attirer d’autres pays arabes dans le camp anti-libanais ne sont pas à exclure. Plus de 400 000 Libanais travaillent dans les pays arabes du golfe Persique et si Riyad décide de faire adhérer ces pays à un projet de sanctions économiques au Liban, cela portera un coup dur, voire mortel, à l’économie libanaise.
Mais il n’est pas évident que l’arme économique suffise à elle seule pour réaliser le plan saoudien prévoyant un changement de gouvernement à Beyrouth. Selon la Constitution libanaise, c’est le président du pays qui doit désigner le Premier ministre. N’oublions pas que le président libanais Michel Aoun est proche du Hezbollah, et que la loi exige que le Premier ministre soit désigné par le consensus de tous les groupes politiques.
Et même si la famille Hariri et le Courant du futur cèdent aux pressions de Riyad, le Hezbollah et ses alliés au Parlement pourront faire échouer le scénario de remplacement de Saad Hariri par son frère aîné Baha à la tête du Courant du futur, scénario qui a pour but d’enfoncer le Liban dans une crise politico-économique.
On ne sait pas comment exactement les Saoudiens imaginent que se terminera la partie au Liban, surtout que l’opinion publique libanaise condamne l’ingérence explicite de Riyad dans les affaires intérieures de ce pays.
L’Arabie saoudite espère pouvoir utiliser le levier économique pour contraindre le Hezbollah à abandonner son soutien politique et saper l’économie iranienne. Mais l’Iran pourrait bel et bien remplacer l’Arabie saoudite en tant que soutien économique et compenser les pertes que Riyad aurait causées.
Par ailleurs, les allusions à l’option militaire contre le Liban par l’Arabie saoudite ne semblent guère convaincantes, d’autant plus que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déjà dénoncé une alliance guerrière saoudo-israélienne. Et ouvrir un nouveau champ de bataille au Liban s’avérerait un cauchemar pour la communauté internationale, dès lors qu’on se rappelle le bourbier de la guerre au Yémen.
Après tout, l’Arabie saoudite a-t-elle un plan pour mettre fin à son jeu libanais ? Si oui, elle aura très bien su le dissimuler... »