CHUM: le coût des PPP s'ajoutera à la facture

CHUM

vendredi 14 janvier 2005
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Dans la valse des milliards sur le financement du futur CHUM, les coûts liés aux éventuelles ententes de partenariat public-privé n'ont pas été calculés pour le projet Outremont.
Comme l'indique le rapport de l'Université de Montréal sur l'évaluation de son projet intitulé Un nouveau quartier pour la technopole, daté du 3 décembre et dont Le Devoir a pris connaissance, les dossiers de PPP «seront traités distinctement». Cela concerne la buanderie, les services alimentaires, la centrale thermique ainsi que le stationnement étagé hors sol.
Le document a été transmis au gouvernement au moment même où le comité interministériel remettait sa propre analyse. Ainsi, les coûts qu'entraîneraient pour le gouvernement les PPP ne font pas partie du rapport des hauts fonctionnaires. Or ces derniers estiment que la construction du CHUM dans la cour de triage d'Outremont représenterait des investissements excédant les deux milliards de dollars.
L'autre volet des PPP, soit la construction ainsi que l'entretien du CHUM et de son pendant anglophone (CUSM), n'a pas non plus été évalué. Au Conseil du trésor, on affirmait hier qu'il fallait d'abord que le gouvernement ait choisi un emplacement avant d'évaluer les ententes de PPP possibles. La présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, ainsi que le premier ministre lui-même ont toujours été clairs sur la question d'établir une collaboration étroite avec le secteur privé.
Au-delà des PPP, d'autres coûts du futur CHUM sont inconnus pour l'instant et pourraient faire gonfler la facture finale. Si le gouvernement devait privilégier l'érection du futur CHUM sur deux emplacements distincts avec 550 lits à Outremont et 450 lits dans l'actuel hôpital Notre-Dame, ce choix aurait un impact financier certain. Ce serait le pire des scénarios, prévient le président du conseil d'administration du CHUM, Patrick Molinari.
D'abord, le coût de fonctionnement d'un centre hospitalier spécialisé à deux têtes serait plus élevé que pour un seul. Le CHUM et l'Université de Montréal se tiraillent sur l'adresse à donner au futur hôpital, mais ils s'entendent pour réclamer 700 lits dits «académiques» (donc où l'enseignement universitaire serait donné) sur un site unique, auxquels s'ajouteraient 300 lits dans un hôpital de proximité (sans les services spécialisés et ultraspécialisés).
Mais peu importe le projet qui l'emportera, l'Agence de développement de réseaux locaux de services de santé et de services sociaux de Montréal a déterminé que, pour desservir convenablement la population montréalaise, il doit y avoir un total de 1000 lits disponibles, dont 450 lits de première et de deuxième ligne dans le centre-est de Montréal. Dans le jeu mathématique, on peut assurer ces services par un hôpital de 300 lits intégré aux réseaux locaux de santé, qui s'additionnerait à une portion de 150 lits d'un futur CHUM s'élevant au centre-ville. Mais ces services peuvent également être assurés dans le projet Outremont par un des deux pavillons du futur CHUM qui compterait 450 lits et qui serait situé au centre-ville.
Du côté de la communauté anglophone, le choix a été de privilégier un CUSM de 500 lits spécialisés qui s'ajoutent aux 332 lits de proximité qui demeureront sous le toit de l'Hôpital général de Montréal.
Joint par Le Devoir, le président-directeur général de l'Agence, David Levine, a rappelé hier que son rôle s'arrêtait là. Il est hors de question pour lui de se prononcer dans un débat qui déchaîne bien des passions.
Mais pour les dirigeants de l'actuel CHUM, l'idée d'un hôpital écartelé doit être dénoncée compte tenu des «conséquences graves» que ce scénario entraînerait. Il faudrait ainsi revoir complètement le plan directeur clinique du futur hôpital, c'est-à-dire décider où les différents départements seraient installés, où les spécialistes travailleraient et comment se partageraient les services d'urgence. Sur ce point, le corps médical et la communauté universitaires veulent un site unique pour assurer la cohésion des soins et l'esprit multidisciplinaire qui régit de plus en plus la médecine.
De plus, ce scénario pourrait signifier une révision du plan de complémentarité des soins avec le CUSM. Le plan de pratique, soit la rémunération accrue accordée aux spécialistes qui travailleront au futur CHUM, devrait subir le même sort.
Comme le martèle M. Molinari, cette option d'un CHUM sur deux emplacements est un cul-de-sac dans lequel les patients risquent fort d'être ballottés. Dans une lettre adressée au premier ministre Jean Charest, le président de la Table des chefs des départements du CHUM, le Dr Charles Bellavance, a réitéré hier la position de ses collègues pour que le futur CHUM compte 700 lits sur un site unique. «Ce n'est pas un caprice», a souligné le Dr Bellevance.
Le choix du gouvernement devrait normalement être connu après le dépôt, le 2 février, du rapport des deux experts appelés en renfort la semaine dernière.


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