Charlie Hebdo, la laïcité et le bal des faux-culs (dernière partie)

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L'indécence de Gérard Bouchard


Gérard Biard,  le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, l’a rappelé à quelques reprises depuis la tragédie du 7 janvier dernier. La laïcité doit redevenir la préoccupation première des instances politiques. C’est cette cause que ses compagnons défendaient, bec et ongles, et aussi pour laquelle ils ont été lâchement assassinés.


Chez nous, ce débat n’est pas clos.


Signe des temps incertains, 2015 s’ouvre dans la barbarie et se poursuit dans la confusion et l’indécence. Confusion parce que trop souvent le matraquage médiatique transforme le mouton en loup et le loup en mouton ! L’une des grandes difficultés de ce débat a été de composer avec de faux-laïques qui se faisaient passer pour des laïques. Et ça continue. L’indécence, c’est lorsque Gérard Bouchard qui promeut les communautarismes confessionnels détourne le combat de Charlie pour s’en proclamer. Il est paradoxal de constater que plusieurs de nos figures publiques farouchement anti-laïques se sentent, aujourd’hui, dépositaires du combat de Charlie Hebdo et font tout pour que la mémoire des faits s’envole, s’efface et disparaisse sous les rouleaux de l’évènementiel.


Le bal des faux-culs



Le retour du religieux en politique s’accompagne non de la fraternisation des peuples mais de l’extermination des minorités religieuses et ethniques et de guerres civiles. Regardez ce qui arrive à cette région meurtrie du Moyen-Orient. Que de crimes au nom des religions!


Interdire les signes religieux ostentatoires dans la fonction publique n’est en rien une forme de racisme et de discrimination. Ce qui vaut pour moi vaut pour autrui. C’est au nom de ce principe d’égalité que la République s’est formée. Au nom d’un autre grand principe, la séparation du politique et du religieux, que la modernité s’est constituée.


Pourtant, il va falloir que le bal des faux-culs s’arrête à un moment donné. Que ceux qui avaient appelé à la censure des caricatures de Mahomet, comme l’avait fait Lamine Foura, ancien membre de Présence musulmane, un lobby islamiste, devenu soudainement un champion de la liberté d’expression, aient la décence de se taire. Il va falloir sortir de la victimisation systématique des musulmans comme sait si bien le faire Haroun Bouazzi, ce fantassin du communautarisme qui se drape dans la laïcité pour lui tordre le cou sous l’alibi fallacieux d’islamophobie.


On ne l’a pas entendu sur le sort de Raif Badawi, ce libre-penseur saoudien condamné à recevoir 1000 coups de fouet.


Comment se fait-il qu’aucun journaliste à Radio-Canada n’ait rappelé à Bouazzi que Charb et ses compagnons ont d’abord été accusés d’islamophobes avant d’être sauvagement assassinés. Pourtant, ce sont ces deux-là, Foura et Bouazzi, parmi d’autres, que le gouvernement Couillard consulte pour nous préparer un plan de match pour les prochaines années dans lequel il sera certainement question de tout, sauf de laïcité.


Remobiliser les laïques


Les musulmans laïques, ceux qui ont soutenu la Charte de laïcité du Parti québécois, ont été sciemment écartés par le gouvernement libéral et il ne s’est pas trouvé un seul journaliste pour demander à nos décideurs le pourquoi de cette éjection. Une vingtaine d’entre eux ont signé une lettre dans Le Devoir pour dénoncer la situation. On a même essayé de nous vendre la thèse de LA communauté musulmane soudée derrière le projet de Philippe Couillard tout comme on a essayé de nous faire gober la thèse des « loups solitaires », une pure construction médiatique. Non, mais de qui se moque-t-on?


Il va falloir que les véritables laïques se ressaisissent et fassent entendre leurs voix, de nouveau, comme ils l’ont fait lors du débat sur la Charte. Il faut être clair: si nous ne sommes pas capables, aujourd’hui, de nous inscrire dans une démarche plus combative pour défendre la liberté d’expression et la laïcité, le Québec reculera de 50 ans.


Il faut,  plus que jamais, réaffirmer qu’au Québec nous avons tous le droit de mettre en cause, de douter et de nous moquer d’Allah, sans qu’on ait à risquer sa vie. Allah peut être une figure suprême et sacrée pour certains mais ne peut, en aucun cas, être imposé à tous. Il est temps que les musulmans le comprennent et, surtout, l’acceptent.


Oui, le racisme EXISTE


Non, le mal c’est davantage la trop grande complaisance – que cette islamophobie montée en épingle par des professionnels de la victimisation – envers un islam qui refuse d’évoluer et des musulmans qui trouvent constamment mille et un prétextes pour fuir leurs responsabilités historiques.  Ce n’est jamais le moment. C’est toujours la faute du voisin, c’est-à-dire l’Occident.


Oui, le racisme existe. Et le racisme contre les musulmans aussi. Mais bien des musulmans sont aussi racistes, et cela personne ne veut le voir. Leur racisme prend différentes formes : le clanisme, le tribalisme, le régionalisme, le racisme anti-noirs et le racisme anti-blancs.


Ce n’est pas du racisme que d’exiger une large réflexion sur la violence et le sacré dans l’islam. Si le sacré produit de la violence, l’homme construit le sacré pour justifier, légitimer, réguler sa propre violence. Certes, l’amalgame souvent fait entre islamisme et islam, entre islamiste et musulman est condamnable. Mais les références de ces terroristes au Coran sont là et nous interpellent. Et la lâchez-moi avec: « islam, religion de paix et de tolérance ».  Le jour où sera levée la condamnation à mort de mes compagnons apostats, le jour où mon ami Waleed Al-Husseini, ce garçon doux et timide dans la mi-vingtaine, pourra se prendre pour Allah (oui, il a du culot!) sans susciter la haine des musulmans, je vais commencer à y croire. La dénégation de tous ceux qui, de bonne foi (peut-être), assurent que l’islam n’a rien à voir avec des dérives religieuses suscite un malaise de plus en plus en grand. Il est bien là le problème. Il est temps d’en parler.


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