Cette colère qui monte partout

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La gauche en perte de vitesse au niveau mondial

En portant Jair Bolsonaro à la présidence, les Brésiliens confient leur destin à un homme à côté duquel Trump a l’air d’un modéré.


On aurait tort de sous-estimer l’importance de l’événement. Avec ses 207 millions d’habitants, le Brésil est près de six fois plus peuplé que le Canada. Il vient au 6e rang mondial pour sa population et c’est, de très loin, le pays le plus important d’Amérique latine.


Discours


Bolsonaro est le dernier exemple de ce populisme qui monte partout. Le phénomène prend toujours une couleur locale, il peut revêtir des habits de gauche comme de droite, mais il semble avoir au moins quatre caractéristiques communes, peu importe l’endroit.


Le leader populiste se présente comme « authentique », vrai, sincère, allergique aux cassettes : lui, il dira les « vraies affaires ».


Le leader populiste rejette en bloc les « élites », celles d’en haut, même s’il est parfois issu de ce milieu. Le leader populiste prétend parler au nom du « vrai peuple », comme si celui-ci était homogène. Le leader populiste fait croire qu’à tout problème complexe, il existe une solution simple que la vieille classe politique n’a tout simplement pas eu le courage de mettre en place.


Quand on essaie d’expliquer cette montée, on découvre quelques paradoxes fascinants. Le populisme progresse en soutenant que les politiciens « traditionnels » ne respectent pas leurs promesses. Pourtant, dans la petite poignée de démocraties avancées, la plupart des promesses sont tenues, mais il suffit d’une grosse promesse non tenue pour occulter le reste. Le populisme monte en faisant croire qu’il mettra fin à la corruption. Pourtant, les sociétés occidentales sont, objectivement, moins corrompues qu’au siècle dernier.


Mais c’est beaucoup demander à l’électeur de base que d’avoir une perspective historique sur sa perception du quotidien. Le populisme monte en promettant qu’il réduira la criminalité. Ici encore, sur le long terme, la criminalité baisse dans toutes les sociétés occidentales.


Le populisme capitalise parfois sur le sentiment de dépossession que provoque une immigration massive. L’intégration, en fait, fonctionnait plutôt bien tant que nos pays recevaient des immigrants provenant de sociétés aux valeurs assez proches ou qui acceptaient de laisser à l’entrée leurs valeurs les plus éloignées de celles de la société d’accueil.


Durable


Le populisme tire profit du sentiment selon lequel les élus en place sont de plus en plus impuissants.


Il est vrai que la mondialisation et les traités internationaux limitent terriblement leur marge de manœuvre. Beaucoup de questions se décident très au-dessus de leurs têtes. Le populisme capitalise énormément sur la frustration provoquée chez les laissés pour compte par la montée des inégalités économiques et de la précarité, deux phénomènes indiscutables. Enfin, les réseaux sociaux permettent de contourner les médias traditionnels et facilitent la diffusion des discours anti-establishment.


Conclusion : comme toutes ces causes ne sont pas à la veille de disparaître, préparez-vous à la poursuite de ce grand bouleversement.