Ces malades qui nous gouvernent

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Cacher ou soigner la maladie de Clinton





«Ces malades qui nous gouvernent». Vous souvenez-vous de ce livre coup-de-poing signé Pierre Accoce et Pierre Rentchnick?


Publié dans les années 70, il levait le voile sur un tabou tenace en politique. Soit la tendance de certains leaders à travers l'Histoire à cacher leur état réel de santé. Qu’il soit temporaire, permanent, léger ou gravissime.


L’ouvrage reposait en fait sur le postulat suivant : lorsqu’un chef de gouvernement doit prendre des décisions majeures qui influent sur le bien-être de sa population, d’une région ou même du monde, du moment où leur état de santé vacille, «les gouvernants ne sont jamais des malades comme les autres».


Le tout vu, non pas d’une perspective voyeuse ou «people», mais dans le but de poser une question essentielle : que faire quand l’état de santé d’un chef de gouvernement mine ou risque de miner sa capacité de faire son boulot?


Une évaluation qui, avouons-le d’emblée, est loin d’être aussi simple qu’elle n’y paraît. Puisqu'elle peut aussi, c’est indéniable, se faire injuste et discriminatoire pour certains en exagérant grandement  l’impact réel d’une maladie ou d’un état de santé sur les capacités d’une femme ou d’un homme politique à gouverner.


Pour ce qui est du livre en question, il épiloguait entre autres sur les «cas» de John F. Kennedy, Franklyn Roosevelt, Georges Pompidou, Nikita Krouchtchev,  Mao, Staline, Richard Nixon, etc. Dans les années 80, les auteurs ont également publié une suite - «Ces nouveaux malades qui nous gouvernent».


***



Le «cas» Hillary Clinton


Ce qui, vous l’aurez deviné, nous amène au «cas» Hillary Clinton, candidate démocrate à l’élection présidentielle américaine.


Le camp – ou devrait-on plutôt dire le «clan» -, de son adversaire républicain, le multimilliardaire populiste, Donald Trump, fait ses choux gras depuis des semaines de l’«état de santé» de Mme Clinton.


Le message à peine voilé étant évident : «malade» et qui sait, peut-être aussi «trop vieille», Hillary Clinton ne serait donc pas habilitée à gouverner. Traduction : votez Donald Trump...


S’en est suivie une surenchère entre les deux adversaires sur la publication qu’ils exigent chacun du «bilan de santé» de l’autre.

Puis, dimanche, jour même où l’on commémorait les 15 ans de l’attentat terroriste contre le World Trade Center, Hillary Clinton, présente à la cérémonie, a dû quitter d’urgence pour un présumé «coup de chaleur».


Manque de chance pour elle, en cette ère où tout se filme avec un simple portable, une vidéo d’elle titubant vers sa voiture circule instantanément à travers le monde.


Moment final de ce que FranceInfo nomme avec raison «le week-end pourri de Hillary Clinton», cette dernière tuile vient s’ajouter à sa sortie maladroite contre la base de Trump dont la moitié, lançait-elle vendredi, serait  tout simplement «déplorable».


Suivent des sondages selon lesquels son avance sur Trump se rétrécit de même que le fameux supposé «coup de chaleur» de dimanche.


Puis, coup de théâtre, le «coup de chaleur», admet la candidate, est en fait une pneumonie qu’elle doit maintenant soigner.


Ouf...


***


Vulnérable


Il n’en fallait pas plus à Donald Trump qui, après ses «bons vœux»  de prompt rétablissement, s’est évidemment empressé de présenté sa sortie contre ses supporteurs comme étant le pire moment de la campagne présidentielle...


Dans les médias américains, c'était prévisible, on invite des médecins pour spéculer sur l’état de santé de Mme Clinton. On parle aussi de l’«âge» de Hillary Clinton et de celui de Trump. On les compare à la jeunesse d’Obama à son arrivée à la Maison-Blanche. Etc...


Bref, la boule de neige devient rapidement une avalanche...


Pis encore pour Hillary Clinton, le fait qu’elle n’ait pas révélé tout de suite la nature réelle de sa «toux» pourtant évidente depuis quelques temps, soulève à nouveau des soupçons, toujours les mêmes, toujours persistants, sur son «manque de transparence» envers les Américains.


Résultat : face à Trump, même si cette pneumonie s’avère être  passagère, Clinton devient de plus en plus vulnérable. Justement parce qu’elle est déjà l’objet de soupçons sur son «manque de transparence».


Parce qu’elle est vulnérable - et considérant les méthodes grossières de son adversaire -, le camp Trump risque fort lui-même de prendre des airs de vautours politiques trop heureux d’encerclés leur proie forcée au repos pour quelques temps.


D’autant plus que le premier débat officiel entre Trump et Clinton, prévu pour le 26 septembre, approche aussi à grands pas...


Dernier en date, ce nouvel acte burlesque d’une trop longue campagne présidentielle de fous – au sens propre et figuré -, pose néanmoins deux questions importantes.


1) Jusqu’où une ou un leader politique doit aller dans la divulgation de son état de santé, temporaire ou permanent?


2) Dans la campagne présidentielle américaine, ce «week-end pourri» de Hillary Clinton marquera-t-il  ou non le début d'une remontée pour Donald Trump?


Si oui, le risque de perdre de vue l’essentiel – soit les dangers politiques réels posés par un possible «président Trump» -, serait drôlement inquiétant.


Et ce, autant pour les Américains que pour le reste du monde. Et encore plus, en ces temps où la droite et l’extrême-droite populistes se font montantes en Europe.


Or, s’il est vrai que rien n’est encore joué, le danger est néanmoins concret.


 


 


 



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