Radouane Lakdim, 25 ans, connu des services de renseignements, a tué quatre personnes et en a blessé grièvement une autre lors de trois attaques à Carcassonne et Trèbes, dans le sud de la France, revendiquées par le groupe jihadiste État islamique.
Il a agi «seul» et a été abattu par les forces de l’ordre.
LE POINT AU LENDEMAIN DE L’ÉQUIPÉE MEURTRIÈRE
À Carcassonne, vol, repérage et attaques par balles
Vendredi vers 10H15, l’homme vole une Opel Corsa blanche à Carcassonne, tuant le passager et blessant grièvement le conducteur, dont le pronostic vital est engagé.
Il se dirige alors vers une caserne militaire non loin de là, où il attend quelques minutes. Mais il se ravise et fait demi-tour avant de se diriger vers une caserne de policiers.
Peu avant 11H00, à 200 m de là, toujours à bord de la voiture, il prend pour cible «à plusieurs reprises» un groupe de quatre policiers qui rentraient de leur footing, blessant l’un deux avec une arme de poing. Son pronostic vital n’était «pas engagé» vendredi soir, selon le Premier ministre Edouard Philippe.
Les enquêteurs ont retrouvé sur place «six douilles», a précisé le procureur de Paris François Molins.
À Trèbes, une prise d’otages
L’assaillant roule ensuite vers Trèbes, à 8 km à l’est de Carcassonne. Vers 11H15, il laisse la voiture au stationnement et pénètre dans un supermarché Super U, où se trouvent une cinquantaine de personnes.
En y entrant, il crie «Allah Akbar» (Dieu est le plus grand) et revendique être un «soldat» de l’EI, selon le procureur. Se disant «prêt à mourir pour la Syrie», il demande «la libération de frères» avant d’ouvrir le feu, tuant par balle un employé et un client.
Appelés sur les lieux, les gendarmes interviennent alors que Radouane Lakdim retient des personnes en otage.
Un lieutenant-colonel du groupement de gendarmerie de l’Aude, Arnaud Beltrame, 45 ans, s’offre «comme otage au terroriste retranché», selon les mots d’Emmanuel Macron, à la place d’une femme.
L’assaillant sort alors du supermarché en menaçant l’officier avec son arme. Réclamant un «chargeur», il menace «de tout faire sauter en cas d’intervention des forces de la gendarmerie» avant de se replier dans le magasin, a ajouté le procureur.
À l’intérieur, il tire «à plusieurs reprises sur le colonel qu’il blesse très grièvement». L’assaut par l’unité d’intervention de la gendarmerie (GIGN) est donné et l’homme est neutralisé à 14H20. Deux gendarmes sont blessés au cours de l’opération.
«Le lieutenant-colonel avait laissé son téléphone ouvert sur la table. Nous avons pu entendre ce qu’il s’est passé et c’est lorsqu’on a pu entendre les coups de feu que le GIGN est intervenu», a précisé le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.
L’officier supérieur est mort samedi des suites de ses blessures. Emmanuel Macron lui a rendu hommage, déclarant qu’il était «tombé en héros» et méritait «respect et admiration de la nation tout entière».
L’auteur
Né au Maroc le 11 avril 1992, naturalisé français en 2004 - il avait 12 ans - en même temps que son père, Radouane Lakdim vivait à Carcassonne.
Il était fiché S depuis 2014, avec un signalement «actif» car il était considéré comme en lien avec des islamistes appartenant au «haut du spectre» de la radicalisation, selon une source proche de l’enquête. Mais il n’avait manifesté aucun «signe précurseur pouvant laissent présager un passage à l’acte terroriste», a relevé François Molins.
Radouane Lakdim était connu de la justice pour des faits de droit commun. Son casier judiciaire affiche deux condamnations: la première en 2011 à une peine d’un mois de prison avec sursis pour «port d’arme prohibée», la seconde en 2015 pour «usage de stupéfiants et refus d’obtempérer» à un mois de prison, peine effectuée en août 2016.
Les investigations se poursuivent pour déterminer s’il a pu bénéficier de complicités.
Un ami de Radouane Lakdim, un jeune né en 2000 habitant le même quartier populaire, a été placé en garde à vue dans la nuit pour association de malfaiteurs terroristes criminelle, selon une source proche de l’enquête.
La compagne de l’assaillant avait été placée en garde à vue dès vendredi soir.
Lors de son équipée meurtrière, Radouane Lakdim était armé d’un pistolet - sans permis de détention -, d’un couteau et «d’engins artisanaux», soit un dispositif très rudimentaire, selon une source proche de l’enquête.
La revendication
Moins d’une heure après l’assaut du GIGN, l’EI a revendiqué les attaques, dans un communiqué de son organe de propagande Amaq. «L’homme qui a mené l’attaque de Trèbes, dans le sud de la France, est un soldat de l’État islamique, qui a agi en réponse à l’appel» de l’organisation «à viser les pays membres de la coalition» internationale anti-EI, ont indiqué les jihadistes.
La perquisition réalisée à son domicile a permis de trouver des «notes» manuscrites «faisant allusion à l’État islamique» et s’apparentant à un testament, selon des sources concordantes.
Mais Radouane Lakdim ne s’est jamais rendu en zone irako-syrienne, malgré une velléité de départ détectée en 2014, et les investigations menées à ce stade ne montrent pas qu’il y ait pris des contacts, selon une source proche de l’enquête.