Une fois de plus, donc, Manuel Valls a sauvé la République. Et un 6 février, en plus : on ne pouvait pas mieux rêver pour tous ceux qui fantasment à longueur de journée sur le supposé péril de l’extrême droite dans ce pays. Un général de corps d’armée, retraité, âgé de 75 ans, sera jugé en comparution immédiate pour avoir participé à une manifestation interdite à Calais. Qu’on aimerait la même réactivité à l’égard des zadistes et autres anarchistes ou de ces migrants qui se font de plus en plus agressifs !
Il fallait entendre et voir samedi soir le directeur de cabinet du préfet du Pas-de-Calais débiter son discours devant les caméras : un discours sorti du congélateur de Sciences Po et passé au micro-onde socialiste. Un directeur de cabinet qui doit avoir l’âge que le jeune Piquemal avait lorsqu’il crapahutait à la tête de ses paras pour défendre nos couleurs. Un directeur de cabinet qui a dû se prendre pendant cinq minutes pour Jean Moulin, le ridicule ne tuant plus dans ce pays.
Interdire cette manifestation était, pour le pouvoir, l’assurance de gagner à tous les coups. La manifestation n’avait pas lieu, François Hollande, comme Louis XVI le 14 juillet 1789, pouvait écrire benoîtement sur son petit journal à la date du 6 février : « Rien » 1. Petit gain mais gain tout de même. Les organisateurs maintenaient la manifestation : c’était le jackpot assuré, l’occasion, à pas cher, pour le pouvoir de montrer sa fermeté dans la défense des « valeurs de la République ».
On imagine déjà Manuel Valls à l’Assemblée mardi prochain lors des questions d’actualité. Il y aura bien une question d’un bord ou d’un autre sur ce sujet de Calais. On entend déjà le discours du sauveur de la République. On le connaît par cœur, maintenant… Carnot, Clemenceau ont sauvé une fois la France. Manuel Valls, lui, c’est toutes les semaines qu’il sauve la République !
À cette manifestation, il n’y avait pas qu’un général en retraite et des militants de PEGIDA. Il y avait aussi des Calaisiens, des gens du peuple, celui dont s’est détourné depuis longtemps le Parti socialiste. Le 20 heures de TF1, samedi soir, a tout de même laissé passer quelques images de ce que naguère on appelait encore des « braves gens » et qu’on appelle par mépris indigne des « beaufs ». On sentait une colère profonde chez ces personnes. Les bonnes âmes diront que la colère n’est pas bonne conseillère. Mais il est de saintes colères. Dans l’interview qu’il a donnée à Charlotte d’Ornellas quelques minutes à peine avant d’être arrêté, le général Piquemal a exprimé cette colère au nom de ceux qui ne peuvent le faire. « La France debout va se lever. Il va se passer des choses dans les mois qui viennent. On ne peut pas accepter que d’honorables citoyens soient ainsi traités », a déclaré le général Piquemal.
Mais ce n’est pas la première fois que le régime de François Hollande et de Manuel Valls agit ainsi avec d’honorables citoyens, avec les « braves gens ». Souvenons-nous des manifestations contre le projet de mariage homosexuel en 2012, des lacrymogènes sur les poussettes, des gardes à vue abusives. Faible avec les forts, fort avec les faibles : c’est sa marque de fabrique.
Un coup de colère peut devenir révolte. Certes, une révolte ne fait pas une révolution. Mais lorsque la colère devient générale, elle peut devenir révolution. La colère des honorables citoyens, des « braves gens », n’est peut-être qu’à son début…
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