Caisse de dépôt - Rien de neuf, M. Rousseau !

L'affaire de la CDP - le cas Henri-Paul Rousseau

Comme prévu, l'ex-président de la Caisse de dépôt et placement, devenu vice-président chez Power Corporation, M. Henri-Paul Rousseau, a fourni une très bonne performance pédagogique devant les gens d'affaires et les journalistes réunis, hier, au dîner de la Chambre de commerce.
Cela dit, quiconque a suivi le fil des événements survenus au cours des deux dernières années n'a rien appris de neuf quant aux causes de la contre-performance de la Caisse enregistrée en 2008.
À propos du papier commercial, M. Rousseau a répété que l'erreur avait été de ne pas fixer de plafond à la quantité de ce produit acquis comme placement liquide. Pourquoi la Caisse et d'autres institutions québécoises en ont-elles acheté autant, comparativement aux autres institutions canadiennes? Ce n'est pas à cause du rendement, répond M. Rousseau, mais probablement parce que les banques étrangères qui offraient ce produit et en assuraient théoriquement la liquidité étaient plus présentes au Québec que dans le reste du pays. Or ce sont ces mêmes banques étrangères qui se sont défilées lorsque le marché mondial du papier commercial adossé à des actifs s'est enrayé.
D'accord, mais voilà qui remet en question la présumée sophistication du modèle de risque utilisé par la Caisse. De même pour les pertes de 8,9 milliards associées au coût de protection contre le risque de change, une stratégie qui n'est pas non plus utilisée avec autant d'intensité par les autres institutions. Puis, que dire des activités de «Répartition de l'actif», qui sont en fait des produits dérivés spéculatifs -- spécialité de la Bourse de Montréal -- et qui ont fait perdre deux milliards à la Caisse en 2008, avant leur liquidation complète en octobre dernier?
À la défense de l'ex-président Rousseau, il faut critiquer la Banque du Canada pour avoir refusé de considérer le PCAA non bancaire comme celui des banques canadiennes. En agissant ainsi à l'égard de ce que Bay Street considérait comme «un problème québécois», la Banque du Canada a aggravé la crise du crédit.
En revanche, M. Rousseau n'a pas réussi à nous convaincre que ce ne sont pas les choix d'investissements particuliers de notre Caisse de dépôt qui ont contribué à accentuer ses pertes. On veut bien croire que plus de la moitié des résultats de 2008 ne sont que des «provisions pour pertes» sur papier, et non des pertes réelles, voilà tout de même des sommes colossales qui menacent la stabilité des rendements attendus par les déposants.
Cette sortie publique de M. Rousseau ne répond donc pas à la plupart des interrogations qui ont cours concernant la gestion de la Caisse et ses orientations. Pour cette raison, le gouvernement doit revenir sur sa décision de ne pas tenir une commission parlementaire spéciale. Et si la crise se poursuit, il faudra aller beaucoup plus loin, puisque l'actuelle politique de placement de la Caisse de dépôt ne pourra tout simplement pas suffire à protéger et à faire fructifier l'épargne des Québécois.
j-rsansfacon@ledevoir.ca


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