«C'est pas ben cher, ici, le gaz...»

Béchard - les pétrolières au pas...

Photothèque Le Soleil
J'effectuais tout récemment une promenade en automobile par un bel après-midi de juillet. Alors que je traversais le village de Saint-Cyrille-de-Beauséjour, je remarquai que la station-service locale annonçait l'essence à 76,5 ¢ le litre. Trop content de l'aubaine, je m'arrêtai immédiatement pour faire le plein même si ma jauge m'indiquait que mon réservoir était encore à la moitié de sa capacité. Après avoir salué le pompiste et lui avoir demandé de remplir mon réservoir, je décidai de sortir de la voiture pour profiter de la belle journée.
"Wein, i'fait beau aujourd'hui! Ça arrive pas souvent en juillet ct' année!", me dit le pompiste. "Ça va faire 22,54 $..." ajouta-t-il.
J'acquiesçai à sa remarque sur le temps en juillet et tout en le payant, je ne pus m'empêcher de lui faire la remarque : "C'est ben pas cher ici, le gaz! Comment ça que vous êtes bas de même par rapport aux autres stations-service ?"
"Ben, voyez-vous monsieur, c'est qu'y a pas tellement de gagne à Saint-Cyrille, ça fait que les gouvernements donnent de l'emploi en engageant des percepteurs de taxes. Nous autres les commerçants, on est content parce que ça nous fait moins de paperasse. Justement, v'là le percepteur de TVQ qui s'en vient!"
Je constatai en effet qu'un monsieur s'avançait vers moi.
"Jacques Comeau, percepteur de TVQ, m'annonça-t-il. "Je vois que vous avez acheté pour 22,54 $ d'essence. Je dois donc vous charger 1,69 $ de TVQ."
Je m'exécutai en me disant que je faisais toujours une bonne affaire, à 24,23 $ pour 30 litres d'essence. Je m'imaginais toutefois la suite et aperçus effectivement un deuxième individu qui s'approchait.
"Sylvain Héroux, percepteur de TPS. Je dois vous charger 1,35 $ sur votre achat d'essence." Alors que je lui versais cette somme, le percepteur de TVQ m'adressa à nouveau la parole.
"Monsieur, je vois que vous payez 1,35 $ pour un service que vous recevez du gouvernement du Canada. Je dois vous facturer 0, 10 $ de TVQ sur ce service."
"Parce que vous appelez ça un service, vous?" lui répondis-je, sachant toutefois très bien que la TPS est taxable et que je ne gagnerais rien à discuter. Je considérais toutefois que je faisais toujours une bonne affaire car le plein me revenait maintenant à 0,856 $ le litre.
"Bonjour monsieur!" J'aperçus une nouvelle arrivante. "Je suis Sylvie Hébert, la perceptrice de la taxe d'accise du Canada. Je dois vous percevoir 3 $ pour vos 30 litres d'essence.
"La quoi?" m'enquis-je. Elle m'expliqua que le gouvernement du Canada percevait une taxe de 0,10 $ sur chaque litre d'essence vendu au Canada. Un peu découragé, je ressortis mon portefeuille lorsque je vis une quatrième personne s'approcher.
"Bonjour, Jérôme Claveau, percepteur de la taxe québécoise sur les carburants. Je dois vous facturer 15,2 ¢ le litre, c'est-à-dire 4,56 $" Encore une autre taxe!
Je compris que tout comme le gouvernement du Canada, celui du Québec ajoutait une taxe sur chaque litre que nous achetons. Un peu craintif de voir un cinquième percepteur s'approcher, je lui versai la somme et me dirigeai vers ma voiture.
"Monsieur, un instant s'il vous plaît!" me dit Jacques Comeau, le percepteur de TVQ. Cet appel me glaça le dos .
"Vous avez acheté de nouveaux services des gouvernements provincial et fédéral, pour un montant de 7,56 $. Je dois vous facturer 0,57 $ de TVQ."
"Vous n'allez quand même pas me dire que vous taxez aussi ces taxes-là !"
"Hé oui, monsieur! Je dois aussi vous facturer 45 ¢ de TPS", ajouta Sylvain Héroux, le percepteur de TPS.
"Ah! Vous aussi bien sûr, ne vous gênez pas !" Le total de mon achat de 30 litres d'essence se montait maintenant à 34,27 $, ou à peu près 1,143 $ le litre, ce que j'aurais payé à Québec.
"Heu ! Monsieur ?" entendis-je alors que j'essayais de monter dans ma voiture. C'était encore Jacques Comeau, le percepteur de TVQ.
"Vous avez reçu un service de 0,43 $, soit la TPS que vous avez payée sur la taxe d'accise et la taxe québécoise sur les..."
"Quoi ! Vous n'allez quand même pas me dire que vous taxez la taxe sur la taxe!"
"Heu!... Oui monsieur... Ça fera 0,03 $"
Hors de moi, je payai et partis sans dire un mot. Non mais, 11,75 $ de taxes pour un achat de 22, 54 $...
Comme j'étais de mauvaise humeur et qu'il s'était mis à pleuvoir comme pour à peu près tous les jours de juillet, je décidai de rentrer chez moi. Je me consolais en me disant que le gouvernement avait vraiment trouvé une bonne façon de nous faire réduire notre consommation d'essence et, ainsi, notre production de gaz à effet de serre...


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé